De la quête du roi à l’amour du continent noir, l’universitaire sans peur et sans reproche promène sa fine moustache depuis cinquante ans dans un monde chapon. Découverte d’un continent oublié.
Bernard Lugan sourit. Depuis l’étage de la Nouvelle librairie où il dédicace son dernier livre, il se remémore ses exploits de jeunesse dans le Quartier latin. En mai 68, il était le patron du service d’ordre d’Action française et faisait le coup de poing à toute heure du jour et de la nuit entre Assas et le Luxembourg. À l’époque « on se battait tout le temps. Nous étions devenus des corps francs qui se cherchaient en permanence pour en découdre ».
O tempora o mores, on ne portait pas plainte pour une rotule fracturée ou un œil au beurre noir. Jusqu’au jour où Bernard (qui n’avait pas encore de moustache mais une grosse barre de fer) rassemble ses troupes. « On était à deux doigts de sortir les flingues. J’ai rassemblé mes hommes et j’ai dit que je me rangerai à l’avis majoritaire : ou on fait comme en Italie et on se tire dessus, mais je pense que c’est une erreur monumentale. Ou on arrête tout. On part faire une carrière et on verra ».
C’est la seconde option qui remporta les suffrages, conformément à son souhait. Les membres de son groupe sont alors devenus chirurgien, préfet, officier, chef d’entreprise, universitaire, mais aucun n’est devenu politique professionnel, contrairement aux camarades d’Occident comme Alain Madelin ou Gérard Longuet. Un retrait relevant de la logique tactique rationnelle : « On ne faisait plus de la politique mais de l’activisme. Ça n’aurait servi à rien de terminer en taule pour ça. On a compris qu’il fallait faire de la métapolitique. Il faut être et durer ». (...)
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