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Bienvenue en Sicile : démocratie Cosa Nostra

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Publié le

22 mai 2018

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Sicile © Saje Distribution

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Si Bienvenue en Sicile ne ressuscite pas les grandes heures du cinéma italien, il surprend par sa poésie burlesque et mélancolique doublée d’une charge corrosive au sujet d’un évènement méconnu et pourtant majeur en Sicile.

 

Le deuxième film de Pier-francesco Diliberto dit PIF est en fait le premier à rencontrer le public français, puisque le précédent, La Mafia tue seulement l’été, ne parvint pas à traverser les Alpes, et il est dédié au réalisateur italien Etorre Scola disparu en 2016. Un hommage qu’on pourra juger osé tant le maestro excellait dans la comédie politique. Mais si Bienvenue en Sicile n’atteint pas le niveau des films de Scola, il faut néanmoins lui reconnaître une certaine grâce, une grâce idéalement associée au printemps, quand le premier rayon de soleil vous rehausse l’extrémité des lèvres tandis que les rétines scintillent devant les jupes encore froissées par le placard hivernal. Bienvenue en Sicile débute à New York en 1943. Arturo rêve d’épouser la belle Flora déjà promise à un chef de la mafia newyorkaise. La seule façon d’obtenir sa main est de la demander directement à son père, mais celui-ci est resté en Sicile. C’est alors que Roosevelt décide d’ouvrir en Europe un second front en passant par l’île italienne. Arturo s’engage dans l’armée américaine pour des motivations donc plus amoureuses que patriotiques. Il est loin d’imaginer que l’armée a scellé un pacte avec la mafia pour assurer le débarquement en Italie… On retrouve un peu de La Grande Pagaille de Luigi Commencini dans le film de PIF, qui suit cette merveilleuse tradition des comédies italiennes consistant à faire vivre une petite histoire dans la grande tout en alternant les ruptures de ton pour mieux dévoiler les contours dramatiques.

 

 

Arturo a la candeur d’un enfant, et c’est mû par l’amour de Flora qu’il est embarqué malgré lui dans une histoire qui le dépasse complètement. PIF s’amuse de situations cocasses avec un sens du timing bien maîtrisé. Les scènes s’enchaînent à un bon rythme, alternant habilement quiproquo, comique de répétition et burlesque. Rien de nouveau, mais la partition est solide et parfaitement exécutée. Même si elle est déformée par le regard innocent d’Arturo, la réalité de la guerre n’est pas pour autant occultée, et PIF parsème la première partie de son film de pastilles dramatiques bien dosées. En déployant autour de son héros une galerie de personnages secondaires merveilleusement bien croqués, le réalisateur italien multiplie les points de vue pour ne rien négliger de cette tragédie méconnue : Annina, la vieille bigote du village, qui ne sort jamais sans sa statue de la Vierge Marie pour rejoindre l’abri anti-aérien ; Agostino, le grand-père, dévot de Mussolini; Thérèse qui espère avec son fils le retour du mari parti à la guerre ; Don Calo, le parrain local, mais surtout Mimmo et Saro, deux estropiés aussi touchants qu’ubuesques, pilleurs de cadavres et détecteurs de bombardiers.

 

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PIF convoque Forrest Gump, Roberto Benigni ou Mel Brooks en de saisissants clins d’œil. Les ânes volent dans le ciel et la Madone provoque Mussolini en duel. On ne parle pas tant qu’on fredonne une poésie mélancolique et burlesque, où le comique n’agit en fait qu’en révélateur de la tragédie qui se joue. Derrière ces images gorgées de soleil et ces personnages drôles et séduisants, PIF ourdit son procès contre la responsabilité des alliés dans le retour tentaculaire de la Cosa Nostra, pour l’achever dans un final magistral et corrosif, le monologue du mafieux devenu maire et qui explique à ses concitoyens les bienfaits de ce nouveau régime appelé démocratie, « ce petit enfant qu’il faut choyer et servir et qui nous protégera des Russes, ses communistes que nous n’aimons pas ». À des milliers de kilomètres, sur un banc, le soldat Arturo attend en vain d’être reçu à la Maison Blanche.

Par Arthur de Watrigant

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