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Rendre à Bergoglio ce qui est à Bergoglio et à François ce qui est à François

À l’heure où les tensions sont palpables et où les catholiques se déchirent, certains choisissent un camp. Les uns préfèrent ne plus s’identifier au pape François et refusent sa souveraineté spirituelle ; les autres n’osent critiquer et se soumettent. Mais existe-t-il un entre-deux ? En tant que catholique, qu’est-il juste de faire ?

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Surnommé le « pape des pauvres », cet homme de foi ne rechigne pas à visiter les bidonvilles, à se rendre auprès des plus pauvres et à leur offrir soutien et protection. Cette vie modeste qu’a choisie le pape est à l’image de celui dont il a choisi le nom : saint François d’Assise. Comme saint Jean-Paul II, il s’est rendu au Maroc et plus récemment, a pris le risque d’aller voir ses frères dans le Christ en Irak. Il est également sans concession sur la question de l’avortement. Défenseur incontesté de la vie depuis son commencement à sa fin naturelle, on ne peut qu’admirer sa fermeté.

Mais certains domaines ne sont pas défendus aussi farouchement. Que ce soit la question de l’union homosexuelle, de l’islam ou du mariage des prêtres, le chef spirituel n’a pas été aussi clair dans ses réponses. Bien qu’on ne puisse lui reprocher d’être intervenu de façon officielle, certains propos ont fait jaser car on peut y voir certaines ambiguïtés. On se souvient notamment des paroles quant au droit des homosexuels d’avoir une famille et une forme d’union : « Ce que nous devons créer, c’est une loi sur l’union civile ». Cette phrase ne peut qu’amener les chrétiens à douter quant à la position de leur père sur la Terre.

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Sur des terrains plus politiques, Bergoglio semble avoir une opinion assez tranchée. Récemment, le souverain pontife a suscité l’intérêt des journaux en émettant son ressentiment quant à la possible élection de Marine Le Pen en 2022. Bien que son sentiment puisse être intéressant, il est légitime, pour nous catholiques, de connaître ses motivations. Les positions de Marine Le Pen sur l’immigration, pourtant considérées comme molles par Gérald Darmanin, auraient-elles vexé le pasteur des hommes ? Si le devoir d’accueil du chrétien envers l’étranger est incontestable, n’est-il pas tout aussi important de veiller à nos frères en premier ?  « Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. » 1 Timothée 5.8.

La réflexion de notre chef spirituel laisse croire qu’il n’a que très peu conscience de la situation de la France. Est-il moral d’accueillir un étranger chez soi quand celui-ci ne saurait être dignement reçu, ou quand il ne serait pas reconnaissant envers son hôte ? L’interculturalité est un idéal. Mais cet idéal ne peut être assuré sans réciprocité.

Encore une fois, si le devoir du catholique est de donner un refuge à l’étranger, il serait bon de rappeler que son premier devoir est avant tout d’évangéliser. À ce titre, bien que beaucoup se refusent à faire le lien entre immigration, islam et terrorisme, les catholiques se doivent de préserver leur religion, leurs rites et leur terre. Mgr Podvin, porte-parole de la conférence des évêques de France en 2013, rappelait à ce sujet : « Vous que l’interculturalité passionne, n’attendez pas que la minorité chrétienne ait totalement disparu du Proche-Orient, pour déplorer la régression de cette région. Vous qui prônez le dialogue interreligieux, n’oubliez pas que rien de crédible ne se construit sans réciprocité ». Quoi de mieux qu’un confrère pour rappeler que le pape n’a pas la vérité politique sur tout ; peut-être est-ce dû à ses origines argentines et sa méconnaissance de la France, fille ainée de l’Église.

Espérons que le Très Saint-Père entendra l’appel de ses enfants, répugnés à l’idée de voir leur religion détruite non seulement par un gouvernement qui refuse Dieu, mais aussi par la présence, déjà trop grande, de musulmans en France

De la même façon, notre cher Père ne devrait pas mettre sur le même plan souverainisme et totalitarisme nazi « Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal : il conduit à la guerre » – car il est évident que toute exagération est mauvaise, y compris celle de l’ouverture à l’autre.

Espérons que le Très Saint-Père entendra l’appel de ses enfants, répugnés à l’idée de voir leur religion détruite non seulement par un gouvernement qui refuse Dieu, mais aussi par la présence, déjà trop grande, de musulmans en France. Peut-être mesurera-t-il ses propos quant à la politique d’un pays qui a déjà beaucoup tendu la main, et se voit maintenant contraint de vivre amputé.

S’il est important de respecter celui qui est le gardien de nos âmes, nous nous devons de rappeler que Bergoglio est un homme et que sa position ne fait pas de lui un surhomme. En effet, notons sur ce point qu’en dehors de questions théologiques très particulières et exprimées sous des formes tout aussi exceptionnelles, la parole du pape n’est pas infaillible, notamment sur les questions politiques. Il en va donc de notre responsabilité de s’offusquer quand le pape ressemble davantage à un ambassadeur de l’ONU qu’au successeur de saint Pierre.

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