Vous paierez bien votre lavage de cerveau ? Allez donc voir la nouvelle Cendrillon disponible sur AmazonPrime. D’après la bande-annonce, on sait déjà comment le conte de Perrault a été réécrit, et à quelle fin : Cendrillon ne rêve pas d’épouser le prince, mais d’ouvrir sa boutique de couturière et de vendre des robes, elle va au bal pour se faire de la pub, comme une business woman responsable qui donne d’elle-même pour la réussite de son affaire, qui ne fait pas la fête mais qui réseaute ; loin de s’y opposer, c’est sa marâtre qui la pousse à épouser le prince – un androgyne avec autant de prestance qu'une serpillière mouillée. Mais avec la bénédiction de sa marraine, qui est, bien sûr, non pas une grand-mère attentionnée, mais vous l’aurez deviné, une tante de couleur. Cendrillon refuse, puisqu’elle ne veut pas vivre dans une « prison dorée que l’on aurait échafaudée autour de son être ».
Elle ne veut pas d’amour, elle veut gagner du fric, bordel ! Elle ne veut pas être reconnue pour ce qu’elle est – belle, fraîche, appétissante comme une petite Cubaine – Cendrillon est jouée par Camila Cabello – mais elle veut que l’on paie son travail à son juste prix. Grâce à Dieu, il y a encore quelques nobles fortunés qui peuvent la payer grassement pour les créations fantastiques réalisées dans sa cave. Dans sa niaiserie enfantine, un conte de fées vise normalement à nous ouvrir ce qu’il y a de plus merveilleux et d’étrange, et pourtant, si rare : l’amour.
Mystérieux les uns pour les autres, les hommes et les femmes n’ont pas trouvé d’autre passerelle entre leurs mondes que cette fragile illusion enivrante. Mais ici, la réécriture de Cendrillon ramène le spectateur du stade génital au stade anal : ce n’est pas Cupidon qui préside aux amours, mais le dieu du commerce. Passons sur les clichés qui encadrent la masculinisation de cette histoire, et qui lui servent d’alibi en arrière-plan : non, dans une société traditionnelle, personne ne se moquait des femmes qui allaient vendre leur production au marché, et le travail des femmes n’y a jamais été dévalorisé. [...]
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