Depuis le début des années 2000, c’est la droite traditionnelle qui gouvernait le pays. Quel regard portez-vous sur son bilan ?
La Colombie est un pays en guerre depuis plus de soixante ans, avec quelques intermittences. Avec l’arrivée d’un président de droite au début des années 2000, Álvaro Uribe, tout a changé. Il a décidé d’affronter vraiment les FARC, ce groupe de la guérilla marxiste. Avant il y avait eu des tentatives mais avec lui, la Colombie a vraiment riposté. Grâce à son action, il a été réélu et la guérilla a été pratiquement défaite. Il a été président pendant deux mandats, c’est-à-dire huit ans, qui ont permis aux Colombiens de redevenir fiers de leur pays. Avant, on ne montrait même pas nos passeports : on avait peur, on avait honte d’être le pays de la drogue. Lui nous a redonné cette fierté nationale.
Son ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, lui a succédé. C’est un homme qui appartient à l’oligarchie de Bogota, la capitale de la Colombie. Il se réclamait aussi de la droite mais il était assez changeant et plutôt intéressé par sa gloire personnelle. Il voulait le prix Nobel de la paix, il l’a eu, et après il est devenu ambassadeur à Londres. C’est quelqu’un sans idée, et il a complètement changé de politique par rapport à Álvaro Uribe. Il a voulu pacifier à tout prix en signant des accords de paix. Cet accord n’a aucune légalité parce qu’à travers un référendum, les Colombiens ont voté non à la paix telle qu’elle était proposée par le traité, car elle permettait une totale impunité des crimes des FARC. Cet accord de paix a été signé en 2016 et on en voit les conséquences : los guerrilleros n’ont pas rendu les armes et ont continué le trafic de drogue, sans jamais dédommager les victimes. Les corps de nombreux militaires n’ont pas été rendus à leur famille. La justice n’a pas été faite, et c’est pourquoi la vie politique nationale est très polarisée.
Iván Duque a été élu il y quatre ans pour faire face au danger de l’extrême gauche de Gustavo Petro, qui était déjà là. Ivan Duque est un homme droit et honnête, qui ne participe pas à la corruption, mais ce n’est pas un homme d’État. Le poste était trop grand pour lui, il ne connaît pas les jeux politiciens qu’il faut maîtriser pour gouverner. D’où l’échec de la droite.[...]
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