Le score le plus élevé possible aux européennes ne peut cependant constituer le seul objectif du RN : face aux deux enjeux politique et géopolitique majeurs auxquels est aujourd’hui confrontée l’Europe, l’invasion migratoire venant du sud de la Méditerranée et la guerre en Ukraine qui fait rage et risque toujours de s’étendre, la réponse doit être européenne.
Malgré le fracas des armes et le nombre des morts à l’Est, c’est pourtant sur le long terme la dynamique démographique et migratoire en provenance d’Afrique qui menace de détruire le Vieux Continent.
Face à cette submersion, les vœux des peuples sont clairs, en France comme dans les autres pays : l’arrêt de toute immigration, légale comme illégale.
Or, les dirigeants politiques européens continuent de conduire une politique d’immigration de masse, à l’exact inverse de ce que souhaite la majorité de leurs opinions publiques.
À cet égard, l’odieux « Pacte pour la migration et l’asile » édifié par la Commission européenne et sa commissaire Yvla Johansson, celle qui se permet de tricoter dans l’hémicycle lorsque Jordan Bardella l’interpelle solennellement, est une véritable insulte à la démocratie et aux peuples européens.
La chose est entendue, il faut mettre à bas la Commission von der Leyen et la remplacer par des dirigeants européens soucieux de l’intérêt de leurs peuples. Cela se passe avant tout au niveau des élections nationales dont les chefs d’États et de gouvernements décident de la composition de la Commission : ce sont donc elles qui jouent un rôle décisif. Le Parlement européen, s’il était composé d’une majorité d’élus patriotes, pourrait cependant exercer une pression sur la Commission, même si celle-ci reste pour l’instant inchangée. Cette majorité patriote au Parlement n’est pas hors de portée. Le RN en France doit donc tout faire pour en favoriser la constitution.
À la suite des élections européennes de 2019, les groupes politiques patriotes ID et ECR qui ont tous deux pour préoccupation majeure l’arrêt des flux migratoires, auraient formé, s’ils avaient fusionné, le deuxième plus important groupe politique du Parlement européen. Depuis, l’invasion migratoire de l’Europe s’est encore accélérée et les opinions en ont de plus en plus conscience?: on peut donc penser que les partis anti-immigration vont obtenir en 2024 des scores historiques.
Cette guerre est inacceptable, inexcusable et aucun gain issu de ces tentatives d’annexion par la force ne saurait être reconnu par l’Europe
Malheureusement, une donnée géopolitique majeure empêche l’union si nécessaire des patriotes européens. Depuis 2014 en Crimée, 2015 dans le Donbass et 2022 sur tout le territoire ukrainien, la Russie de Vladimir Poutine mène une violente guerre d’agression, d’invasion et d’occupation de l’Ukraine à qui le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov niait au début de l’offensive du 24 février 2022 tout « droit à la souveraineté ».
Cette guerre est inacceptable, inexcusable et aucun gain issu de ces tentatives d’annexion par la force ne saurait être reconnu par l’Europe. L’Ukraine doit récupérer l’intégralité de sa souveraineté sur tous les territoires reconnus par son référendum d’indépendance de 1991, lors duquel tous les oblasts ukrainiens y compris ceux de Donetsk, Lougansk et de la Crimée l’ont choisie. Ce référendum a été suivi du mémorandum de Budapest de 1994 aux termes duquel la Fédération de Russie s’engageait à assurer la souveraineté de l’Ukraine en échange de l’abandon des armes nucléaires issues de l’URSS encore sur le sol ukrainien.
Cette guerre absurde et terrible a eu pour effet premier le spectaculaire renforcement de l’OTAN, autant par l’adhésion expresse de la Suède et de la Finlande que par la forte hausse des budgets militaires de ses membres, au profit des exportations américaines.
De fait, non seulement hier mais encore plus aujourd’hui, nombre d’États et surtout de partis patriotes européens se retrouvent profondément divisés sur la conduite à adopter aussi bien par rapport à l’agression russe qu’au renforcement de l’OTAN. La Pologne qui se veut conservatrice et hostile aux flux migratoires en provenance de Méditerranée se jette comme jamais dans les bras militaires américains. La représentation patriote finlandaise qui siégeait auparavant au sein du groupe ID a décidé de le quitter, le jugeant trop accommodant avec les visées de Vladimir Poutine. Viktor Orban hésite, car il n’arrive pas à trouver suffisamment de bon sens dans son ancienne famille politique du PPE. Le même PPE qui donne pourtant quelques signes d’espoir en la personne de Manfred Weber, candidat au remplacement de Mme von der Leyen à la tête de la Commission européenne, en disant vouloir s’allier au plus grand nombre de patriotes européens possible pour changer la politique migratoire européenne. Giorgia Meloni dont le parti siège au sein du groupe ECR reconnaît ses difficultés à arrêter l’immigration sur les côtes italiennes, entravée par la législation européenne.
Cette situation géopolitique européenne ne fait le bonheur que d’un seul acteur : les États-Unis.
L’armée russe est plus affaiblie que jamais. L’effondrement du régime de Poutine risquerait d’entraîner délitement territorial, guerre civile et dissémination nucléaire au sein de la Fédération de Russie. La Chine impose peu à peu sa domination sur son allié russe. L’Europe est à mille lieux de toute volonté de puissance, ses États et ses armées se retrouvent chaque jour un peu plus vassalisés par l’allié américain. Pendant ce temps-là, son invasion migratoire s’amplifie.
Il y a donc une urgence majeure à s’extraire de cette situation et ce sont les patriotes européens, le Rassemblement National en tête, qui peuvent initier une sortie vers le haut.
Il faut proposer aux peuples européens et aux partis patriotes une troisième voie. Celle qui ne sera ni asservie à la géopolitique du Kremlin ni à celle de Washington.
Aussi appartient-il à la France, que le Rassemblement National aspire à gouverner, de recouvrer son statut historique en Europe
En contrepartie d’un retrait des troupes russes de l’Ukraine et de la signature d’un accord de paix préservant les droits des minorités linguistiques ukrainiennes, dans le but de détendre puis pacifier définitivement les relations entre une Russie au gouvernement non belliqueux et ses voisins européens, doit être proposée une sortie de l’OTAN de l’Union Européenne, un départ des troupes, bases et armes nucléaires américaines du continent européen et l’édification d’une communauté européenne de défense (ce que prônait dès 1974 un certain Jean-Marie Le Pen et encore récemment un ténor de l’AfD allemande – parti membre du groupe ID qui a le vent en poupe). Cette CED dont les Français avaient initialement lancé le projet mort-né dès 1954, permettrait à l’Europe de sortir de son statut de vassal des États-Unis pour affirmer enfin sa puissance propre. Permettrait aux Russes de sortir de leur mentalité de guerre froide en éloignant de leurs frontières leur rival américain. Permettrait aux peuples d’Europe de l’Est, Ukraine, Pologne, Roumanie, Finlande voire qui sait, demain Moldavie et Biélorussie, de se retrouver dans une infrastructure de sécurité européenne assurant l’intégrité de leurs frontières souveraines. Permettrait la paix au sein d’une famille européenne déchirée par une Russie ne sachant sur quel pied danser. Permettrait aux partis patriotes européens de s’unir de façon décisive sur une même ligne géopolitique, donc d’avancer à pas de géants sur des sujets d’intérêt majeur pour les citoyens européens, à commencer par l’immigration. Permettrait enfin de disposer d’une organisation militaire basée sur une législation commune à même d’assurer la sécurité des côtes européennes en Méditerranée. Car ne nous leurrons pas, si le front militaire actuel des Ukrainiens se situe dans leur pays, pour le reste des Européens, l’avenir se joue en Méditerranée.
Oui, il sera difficile de convaincre Polonais, Baltes, Scandinaves, Allemands et autres Européens que renoncer au statut de vassal des États-Unis d’Amérique servirait les intérêts profonds de leurs peuples. Mais c’est pourtant le cas. Aussi appartient-il à la France, que le Rassemblement National aspire à gouverner, de recouvrer son statut historique en Europe, en menant le Vieux Continent vers cette troisième voie, profitable à tous. La difficulté est réelle certes, mais bien moindre en vérité que celle de l’éclatement d’une Troisième Guerre mondiale où les armes nucléaires seraient employées ou encore, réalité démographique aussi future qu’actuelle, la submersion totale du continent européen par le continent africain. I y a nécessité, il doit donc y avoir volonté. Et là où il y a une volonté, il y a un chemin. À nous de le proposer. À nous de l’emprunter.