François Bel-Ker est large d’épaule. Un mètre quatre-vingt-sept pour, au jugé, pas loin de quatre-vingt-cinq kilos. « Il est solide physique- ment », réagit un vieux militant d’Action française quand on évoque son nom. Jacques de Guillebon confirme : « On n’a pas tellement envie de se battre avec lui ». Mais François Bel-Ker porte ces respectables mensurations et la réputation qui les accompagne avec beaucoup de politesse, n’en pèse jamais sur son interlocuteur, alors on les oublierait presque. On imagine que, sous les poteaux, ses adversaires n’ont pas cette chance. Le rugby, François Bel-Ker le joue au club de Vincennes depuis sept ans, au poste de troisième ligne dont il n’a pas bougé depuis son adolescence. À l’époque, il taquine la balle ovale en universitaire dans la même équipe qu’un certain Aurélien Rougerie, qui a depuis soulevé deux fois le Brennus avec leur club de cœur, l’AS Montferrand.
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Car François Bel-Ber est auvergnat. Et l’on devrait peut-être s’arrêter là. L’Auvergne, il y est né en 1981, a grandi à Saint-Éloy-les-Mines, dans les Combrailles, pays oublié entre Bourbonnais et Massif central. « Avant l’amour de la France, j’avais l’amour de l’Auvergne », glisse le chef du mouvement du nationalisme intégral, et l’on prend une singulière leçon d’enracinement. D’enracinement depuis quatre générations, depuis que son arrière-grand-père tirailleur sénégalais, Bel-Ker Ben Touami, blessé à Verdun, y a été soigné. Il y a trouvé des montagnes et une belle infirmière, alors il est resté, en changeant en nom son prénom, et ce afin d’en choisir un nouveau, chrétien, Michel. Ça, c’est côté papa. Pour maman, il y a par exemple cette grand-mère italienne qui a obtenu la nationalité française pour acte de résistance. « J’ai toujours eu ce lien charnel à la France qui a accueilli ma famille d’un côté comme de l’autre. Après ça, le sens du service de la patrie doit pré- dominer ». Dans cette famille à la fois enracinée et assimilée, le jeune François grandit au milieu des divisons. La branche paternelle est très rouge, « la gauche d’avant 83 ». La branche maternelle est elle « foncièrement gaulliste ». Malgré ça, tout le monde s’unit autour d’une bonne bouteille, de l’amour de la patrie et de la chose publique. Et c’est là que François Bel-Ker trouve la grande affaire de sa vie. [...]
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