Ces tensions ont pour origine la découverte il y a dix ans d’importants gisements gaziers dans le sous-sol méditerranéen, présents en partie dans les eaux grecques et chypriotes que la Turquie revendique. Selon le cabinet WoodMackenzie cité par Le Figaro, ces gisements renfermeraient près de 1900 milliards de mètres cubes de gaz, soit l’équivalent de 45 ans de consommation de la France. Du fait de cette manne, la Turquie a conclu en novembre dernier un accord avec le gouvernement libyen pour créer unilatéralement un corridor maritime entre les deux pays traversant les gisements au sud de la Crète. En outre, ce corridor coupe le tracé établi pour le projet de gazoduc sous-marin EastMed. Ce projet, dont le coût s’élève à six milliards d’euros, réunit Israël, Chypre et la Grèce, et a pour objectif de fournir l’Europe en gaz en partant de Méditerranée orientale pour atteindre l’Italie. Or, par son accord avec Tripoli, la Turquie bloque le projet pour lequel elle entend avoir son mot à dire.
Par ailleurs, la mainmise sur les gisements de gaz donne à Ankara le moyen de diminuer sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie, qui lui fournit 90% du gaz. Aussi pour appuyer ses revendications, la Turquie mène des opérations de prospection sous escorte militaire dans les eaux grecques. Ainsi, la semaine du 10 au 17 août a vu le navire de recherche sismique Oruç Reis (du nom turc du corsaire ottoman Arudj Barberousse) prospecter dans les eaux grecques du sud-est de la mer Égée, accompagné de navires de guerre. D’autres actions de ce type s’étaient déjà produites fin juillet, provoquant de fortes tensions entre Ankara et Athènes au point que la France a envoyé le 13 août deux Rafale en Crète et a aussi effectué un exercice militaire naval avec la marine grecque. [...]
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