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Génération Identitaire, Eric Zemmour : l’ombre de la DILCRAH

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Publié le

5 mai 2018

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Première partie de la semaine politique de L’Incorrect

« On demande si la liberté de la presse est avantageuse ou préjudiciable à un état. La réponse n’est pas difficile. Il est de la plus grande importance de conserver cet usage dans tous les états fondés sur la liberté : je dis plus, les inconvénients de cette liberté sont si peu considérables vis-à-vis de ses avantages, que ce devrait être le droit commun de l’univers, et qu’il est à propos de l’autoriser dans tous les gouvernements » – Denis Diderot

Frédéric Potier. Ce nom ne vous dit rien ? Depuis une petite semaine, ce haut fonctionnaire relativement discret se distingue en se réjouissant bruyamment de censures et de condamnations contre des personnalités de droite ayant eu le grand tort de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Devrions-nous nous laisser intimider par les valets de cour du Léviathan ?

 

L’histoire de Frédéric Potier commence par un parcours universitaire irréprochable qui amènera notre homme des bancs de Sciences Po Bordeaux à l’ENA. Socialiste, l’énarque trentenaire a un temps travaillé pour le cabinet de Claude Bartolone, lorsque ce dernier était Président de l’Assemblée nationale, avant d’intégrer le cabinet du Premier ministre Manuel Valls en tant que « conseiller technique outre-mer ». Quelques jours avant l’élection d’Emmanuel Macron, Frédéric Potier était nommé préfet en mission de service public et délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, en Conseil des ministres le 3 mai 2017. Adoubé chevalier blanc du politiquement correct à la française à la tête de la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LBGT), Frédéric Potier est passé de l’ombre technocratique à la lumière médiatique.

 

En ce début de mois de mai, Frédéric Potier a pu expérimenter les difficultés du maniement des réseaux sociaux en dévoilant ses véritables orientations personnelles. Premier acte : la suspension des comptes sociaux (Facebook et Instagram) de Génération Identitaire et de ses principaux animateurs. Le 2 mai au soir, la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, qui poursuit actuellement Nicolas Dupont-Aignan en justice) diffusait sur Twitter le message suivant : « Les pages Facebook de Génération Identitaire ont disparu depuis ce matin. Visiblement, ils ont été rattrapés par la patrouille ! 120000 fans évaporés en quelques secondes. C’est Noël avant la date ! », assorti d’une image animée humoristique d’un afro-américain réalisant une « danse de la victoire ». Probablement désireux que cette « gloire » rejaillisse sur sa triste personne, Frédéric Potier a relayé le message, en ajoutant qu’il confirmait la suspension et qu’il ne s’agissait pas d’un « incident technique », comme pour indiquer lourdement qu’il était à l’origine de la censure.

Quelques jours avant l’élection d’Emmanuel Macron, Frédéric Potier était nommé préfet en mission de service public et délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, en Conseil des ministres le 3 mai 2017

Est-il normal, souhaitable, acceptable ; qu’un haut-fonctionnaire d’une grande démocratie demande à une firme étrangère de censurer, sans motif valable, un mouvement politique qui agit dans la légalité et qui n’appelle pas à la violence ? Inutile de passer par les tribunaux pour empêcher un opposant de s’exprimer, la justice est rendue par la DILCRAH et les Gafam. Frédéric Potier l’avait d’ailleurs annoncé quelques jours auparavant dans une tribune publiée sur le Huffpost intitulée « Quatre principes pour guider le combat contre le racisme et l’antisémitisme », où l’énarque posait comme troisième principe de mener prioritairement le combat sur le numérique : « Si la haine a pris un nouveau visage, elle a aussi changé de champ de bataille. Il y a aujourd’hui un combat prioritaire à mener sur Internet et sur les réseaux sociaux. (…) Celui-ci contraint les plateformes à retirer les contenus de haine dans des délais courts (24h ou 48h), et punit les entreprises contrevenantes d’une amende pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros. (…) Et il nous faut aller plus loin en déconstruisant les discours de haine comme nous le faisons avec l’Observatoire du conspirationnisme ou l’association Renaissance numérique ».

 

Détail étonnant, le patron de Facebook pour la France et l’Europe du sud n’est autre que Laurent Solly, lui aussi haut-fonctionnaire et énarque, ancien préfet hors cadre nommé par Nicolas Sarkozy et époux de la journaliste politique Caroline Roux. Ce même Nicolas Sarkozy qui a été à l’origine de la création de la DILCRA (la lutte contre l’homophobie n’a été ajoutée aux attributions de la délégation qu’en 2016), en mars 2012, peu avant qu’il ne soit battu au second tour de l’élection présidentielle contre François Hollande. Sos Racisme avait alors jugé que le lancement de la DILCRA était à « visée électoraliste », manière pour Nicolas Sarkozy de ne pas affronter un procès pour racisme après avoir transgressé certains tabous sémantiques lors de la campagne présidentielle de 2007. François Hollande et Emmanuel Macron n’auront évidemment pas remis en question l’existence de cette délégation, renforçant même son pouvoir et son autorité.

Frédéric Potier réprime et interdit d’expression numérique un mouvement qui, au fond, n’a jamais demandé que l’application des lois de la République en matière d’immigration clandestine

 Un axe se dessine, pour lequel rien ne saurait être plus grave, plus terrible et plus dangereux que de dénoncer pacifiquement le phénomène migratoire. En collaboration avec Facebook, la DILCRAH peut désormais décider de la fermeture des comptes sociaux de militants qui n’ont jamais contrevenu aux règles d’utilisation du réseau social, à l’image de celui de Romain Espino qui a été suspendu alors qu’il n’avait publié qu’un seul message. Frédéric Potier réprime et interdit d’expression numérique un mouvement qui, au fond, n’a jamais demandé que l’application des lois de la République en matière d’immigration clandestine. Suppute-t-il l’existence d’un agenda secret, d’un sous-texte « nauséabond » ? Ce n’est pas une raison valable dans un Etat de droit. Ce n’est pas un motif. Il faut savoir que la France est le pays qui censure le plus grand nombre de pages sur Facebook, devant l’Inde beaucoup plus peuplée et devant la Turquie qui ne fait pas figure de modèle de démocratie ouverte…

 

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Deuxième acte : Eric Zemmour. Condamné en appel pour des propos dits « islamophobes » tenus dans l’émission C à Vous sur France 5 (chaîne sur laquelle Caroline Roux a longtemps sévi), l’essayiste est l’une des cibles préférées des censeurs. Benoît Hamon, plutôt laxiste avec les imams salafistes de Trappes, a approuvé la décision, jugeant qu’on ne pouvait pas « laisser penser qu’on peut être islamophobe, encourager la haine des autres, et tranquillement tenir un micro, être rémunéré pour cela ». Tout comme le sieur … Frédéric Potier, auteur de cette sentence définitive, aussi creuse qu’insipide : « Le racisme n’est pas une opinion, mais un délit ». Pourtant, Eric Zemmour n’a pas une fois prononcé le mot « race » dans les propos incriminés, ni n’a évoqué le concept de race. L’islam n’est pas une race, c’est une religion.

 

On est en droit de se poser la question : la France serait-elle en train de réintroduire subrepticement le délit de blasphème ? En 2005, une époque pas si lointaine, le Haut Conseil à l’Intégration rappelait unanimement qu’en République « la critique de la religion, comme toutes les convictions, est libre, qu’elle est constitutionnellement garantie et qu’elle fait partie de la liberté d’opinion et d’expression », précisant qu’elle ne saurait « être assimilée au racisme ou à la xénophobie » ! Mais de cela, Frécéric Potier s’en moque du haut de son budget de 100 millions d’euros pour la période 2018-2020 ; il n’est qu’un outil au service d’idées dans l’air du temps, le pansement de l’Etat sur les blessures historiques vivaces qui déchirent la population. Quand il s’attaque aux idéologues qui utilisent l’antiracisme pour mieux exprimer leur haine du monde blanc, il le fait avec des pudeurs de vierge : « Je ne laisserai jamais passer de l’exclusion et de la racialisation pour de l’antiracisme. Parce que cette question est grave, parce qu’il y a urgence, elle suscite des passions, et c’est naturel. Mais avoir raison n’est pas convaincre. Je crois qu’on ne gagnera rien à hystériser les débats. Tous ceux qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme de bonne foi, tous les républicains et les démocrates, devraient pouvoir arriver à dialoguer sereinement en dépit de leurs différences et de leurs sensibilités ». Il ne désigne personne nommément car il ne considère pas que ces gens soient ses ennemis, plutôt des alliés dont le langage devrait simplement être policé.

 

Au sommet de l’Etat, se cachent des imbéciles et des commissaires du peuple à la petite semaine, orgueilleux, fiers de restreindre les libertés individuelles et collectives qui font l’essentiel des valeurs de la République qu’ils prétendent servir. On ne les entend pas pour dénoncer la présence   récurrente de Rokhaya Diallo, barde de la non mixité entre « racisé-e-s », sur les ondes de RTL au côté de Marc-Olivier Fogiel dans l’émission « On refait le monde ». Gageons que toutes les opinions ne se valent pas…

 

Lire aussi To name and to shame.

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