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Jean-Marie Le Méné : « L’avortement c’est le tabernacle de la République »

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Publié le

3 mars 2024

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C’est fait : avec l’IVG qui entre dans la Constitution, elle devient une religion officielle d’Etat. Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, revient sur ce fiasco institutionnel et sur ce qu’il dit de notre époque.
© Capture d'écran Cnews

Quelle est votre analyse à chaud de cette entrée de l’IVG dans la Constitution ?

Je crois qu’il faut être lucide, c’est une belle victoire d’étape pour nos adversaires. Ils ont été beaucoup plus forts, plus organisés. Ils avaient des moyens, des médias, des groupes politiques et des impulsions présidentielles que nous n’avions pas. En réalité, c’est un texte mauvais et dangereux et qui va bien au-delà du symbole. Finalement c’est une sinistre synthèse de la devise républicaine : liberté, égalité, fraternité : la liberté ou pas de donner la vie à un enfant et si je ne veux pas, j’avorte. Égalité, on ne paye pas, c’est gratuit. « Donnons au pauvres les vices des riches », comme disait l’ancien ministre Jean Foyer. Quant à la fraternité, elle est devenue purement incantatoire. On s’achemine vers une remise en question de la liberté d’expression, de pensée et de conscience. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé sur CNews cette semaine… les médias risquent de ne plus du tout pouvoir donner la parole à ceux qui refusent la génuflexion devant ce nouveau dogme. Il y a une sorte de climat de terreur qui s’installe autour du sujet.

Lire aussi : Inscription de l’IVG dans la Constitution : vers une religion de la Mort

Concrètement, à quoi peut servir cette constitutionnalisation ?

A museler les discours, prioritairement. Il faut tout de même rappeler qu’une IVG, c’est une atteinte objective à la vie humaine qui s’appelle donner la mort à un être vivant, donner la mort à un être humain. Nul ne peut le contester. C’est dans tous les livres de médecine. Je ne vois pas sur quelle base le droit positif… peut décider du jour au lendemain qui on peut tuer et qui on ne peut pas tuer. Rien qu’en France, depuis 50 ans, on compte plus de 10 millions d’enfants avortés, avec près de 250 000 par an. Pour les femmes qui le vivent, pour les médecins qui le pratiquent, les politiques qui le décident, il s’agit bien d’une interruption de vie, d’une mise à mort. Mais personne n’a le droit d’utiliser ces termes, désormais. C’est devenu inexprimable et inaudible. La vérité technique et pratique de cet acte est totalement occultée. Donc en fait, on constitutionnalise le mensonge. Ce à quoi cela va servir, c’est aussi d’être le socle d’autres évolutions, comme la mise en œuvre de la loi qui pénalise le “délit d’entrave”. C’est à dire que vous encourez une peine de prison si vous dissuadez une femme d’avorter ou même si vous tentez de le faire. On nage en plein délire. C’est une véritable assomption de l’avortement. De même, on pourra aussi attaquer l’Etat s’il ne garantit pas partout cette liberté d’avorter, je pense notamment à certaines régions rurales qui ne disposent pas de centres d’orthogénèse. Les associations féministes pourront s’en donner à cœur joie et faire valoir l’obligation pour l’Etat de mettre à disposition des avortoirs dans des déserts médicaux qui ont peut-être d’autres besoins…

Avec cette constitutionnalisation, l’’avortement est en train de devenir une religion républicaine…

Mais l’avortement, c’est précisément le tabernacle de la République !  Il n’y a pas de sujet qui soit plus inflammable que ça, même la question de l’immigration, on peut désormais en discuter. La droite ne se rend pas assez compte à quel point la question de l’IVG est une arme redoutable entre les mains de la gauche, et entre les mains de la majorité – puisque le Président de la République est de gauche sur le plan sociétal. Pour lui, c’est aussi un moyen de faire diversion et de chercher à imposer en Europe la « morale » de la France. Regardez comme on lit des mots très durs à l’égard des pays non-alignés sur ce thème, comme la Hongrie, la Pologne… Certaines aides européennes pourraient être remises en question sous ce prétexte. Or, dans ce genre de combats sociétaux, distribuer les bons et les mauvais points, c’est du pain béni, ça ne coûte rien.

On a l’impression que le grand absent dans ce débat, c’est le monde médical…

Je crois que du côté des praticiens, ce n’est pas du tout le même discours. Lorsqu’on a passé l’autorisation de l’IVG de 12 à 14 semaines, j’ai été frappé de voir que les gynécologues étaient majoritairement contre. Forcément, l’acte n’est pas tout à fait le même, plus traumatisant y compris pour les soignants qu’il ne faut pas oublier. D’ailleurs, de moins en moins de praticiens souhaitent le faire. Lorsque vous faites des années d’études de médecine ce n’est pas pour faire des actes contre le serment d’Hippocrate et surtout contre votre conscience. C’est pourquoi de plus en plus, l’avortement sera confié à des sage-femmes et des infirmières, jusqu’au jour où il sera rejeté par elles car elles n’en pourront plus ! Ce n’est pas pour demain mais c’est une évolution parfaitement envisageable.

Lire aussi : L’IVG dans la Constitution contre la liberté de pensée

Au sein de la Fondation Lejeune, vous combattez également l’avortement eugéniste.

Il faut savoir que l’avortement est systématique pour les enfants souffrants de trisomie, et ceci jusqu’au terme de la grossesse. Effectivement, c’est de l’eugénisme pur et simple : 97% de cette population est éliminée avant la naissance. Nous, on se prononce pour un accueil, un accompagnement des parents, mais aussi pour des solutions médicales : une très grande consultation pluridisciplinaire et une recherche qui travaille notamment sur des traitements capables d’atténuer les retards mentaux et de rendre à ces enfants les aptitudes qu’ils ont et qu’ils ont du mal à développer à cause de la présence du chromosome en trop. En résumé, nous prenons la personne au sérieux, de la conception à la mort naturelle. Ce qui tend à devenir rare, voire héroïque dans certains cas. Mais l’espoir est largement de notre côté.

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