Un des « titres de gloire » posthumes du mitterrandisme est certainement, avec l’abolition de la peine de mort, la « libération des ondes » soit l’autorisation des radios dites libres, à l’aube de la cool-décennie (les années 80). Sauf que bien sûr, très vite, les petits artisans plus ou moins libertaires et vraiment un peu alternatifs comme Carbone 14 ou Ici et Maintenant sont distancés par des stations commerciales comme RFM ou comme NRJ de Jean-Paul Baudecroux, dont tout l’arrière-plan culturel peut se résumer à la formule de Guizot : « Enrichissez-vous ! » Baudecroux a déjà un profil très années 80 : il a étudié le business aux États-Unis et en veut « gros et grave ».
Quelques mois avant la première fête de SOS Racisme, c’est la première démonstration de force de cette sainte alliance de la banlieue et du show-biz pour reprendre la formule de Finkielkraut
Et tout de suite NRJ programme la variété la plus formatée, avec l’espoir de drainer le public le plus large possible et, à terme, d’engranger des recettes publicitaires en proportion de l’audience. Quand la pub est enfin autorisée en 1984 sur la bande FM, Baudecroux transfère son siège du petit appartement XXe arrondissement à d’élégants locaux au 39, avenue d’Iéna (75 016). Dans le même temps la radio quitte le statut associatif des temps héroïques pour passer entreprise commerciale. Baudecroux va pouvoir donner la mesure de son talent. Pour paraphraser un grand artiste récemment disparu : pour lui la vie va commencer ! [...]
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