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La PMA « sans père » : un bouleversement anthropologique sans précédent

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Publié le

4 novembre 2018

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Actuel porte-parole du gouvernement Philippe II, Benjamin Griveaux milite pour offrir la possibilité aux femmes célibataires et aux couples de femmes de bénéficier de la technique de la procréation médicalement assistée. Pour l’heure, la population semble ne pas avoir encore pris la mesure des bouleversements inédits que contient cette future réforme.

 

Pour mieux appréhender les changements actuels que connaît la notion de famille en Occident, il convient de se replonger deux siècles en arrière. Issue en partie du mariage civil et du libre choix du conjoint, la famille conjugale contemporaine a mis un terme au principe lignager. La généralisation de la famille dite « nucléaire égalitaire », centrée sur le couple et des enfants égaux en filiation, a été rendue possible par l’apparition brutale de phénomènes ayant totalement redéfinies les relations intrafamiliales et extrafamiliales : l’industrialisation, l’urbanisation et l’exode rural, la généralisation du salariat, puis la séparation des lieux de production économique des foyers. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la famille connut une autre révolution, dans le droit fil de la première. Si entre la fin du XVIIIème siècle et la première moitié du XXème, le couple s’était émancipé des ascendants et des relatifs, désormais les conjoints s’émanciperaient du couple. La femme, arrivée dans le monde du travail à partir de la Première Guerre mondiale, devint un individu autonome. Autrefois libérée de la tutelle de son père par son époux, elle était alors libérée de l’autorité de son époux par la société.

La généralisation de la famille dite « nucléaire égalitaire », centrée sur le couple et des enfants égaux en filiation, a été rendue possible par l’apparition brutale de phénomènes ayant totalement redéfinies les relations intrafamiliales et extrafamiliales 

Bien sûr, les anciennes structures familiales sur lesquelles reposaient les différentes nations européennes continuent à influencer nos approches de l’existence. Ainsi de l’Allemagne, dont la famille souche, qu’elle partage avec le sud-ouest de la France, n’est pas sans relation avec son inaptitude à assumer positivement son rôle de première puissance économique en Europe, selon Emmanuel Todd. La famille est progressivement devenue, au cours des derniers siècles, une entreprise privée fondée sur l’affectio societatis. Elle n’est plus un clan, ni même une cellule encadrant la reproduction, mais bien un simple groupe de personnes tenues ensemble par des liens sociologiques, affectifs ou légaux. Les conjoints sont des « partenaires » qui peuvent rompre quand bon leur chante, mus qu’ils sont par l’intérêt individuel, l’épanouissement personnel. Vient donc le temps d’une famille pleinement « à la carte ». Entretenant une relation profonde, la famille et la nation sont à l’image l’une de l’autre. Puisque la famille contemporaine est celle qu’on se choisit, sans contraintes et sans véritables obligations, la nation l’est aussi. Ce qui était l’atome de la nation n’est plus maintenant qu’une petite nation souveraine dans une confédération de communautés particulières, électives et sélectives.

 

Lire aussi :Guillaume Drago : “Ces enfants demanderont des comptes à la société”

 

Au fond, donc, l’ouverture de la PMA aux femmes seules est une suite « logique ». Le message est le suivant : l’homme n’a plus d’utilité pour la femme, il n’est plus son complément naturel. Une femme peut se reproduire seule, en prenant rendez-vous avec des médecins spécialistes. Elles sont du reste nombreuses à y avoir déjà eu recours, en Espagne ou ailleurs. En Espagne, elles peuvent même se faire enfanter sans avoir l’obligation future de dévoiler les origines du père à l’enfant, la péninsule ibérique étant comme la France (qui autorise l’accouchement sous X) en contravention avec la déclaration des droits de l’enfant sur ce point. Demain, les hommes célibataires exigeront les mêmes « droits » au nom de la sacro-sainte « égalité », et commanderont leur progéniture sur des sites consacrés à la GPA, en Europe de l’Est ou en Afrique. Nous sommes face à un tournant de civilisation. Pour quelques individus, très minoritaires, nous remettons en question des milliers d’années de droit, de savantes constructions de société. Les enfants qui naitront dans le monde ne seront plus les mêmes, ne seront plus tous le fruit d’une reproduction biologique et naturelle. Certains seront peut-être même « augmentés », recevant des traits et des qualités physiques programmés avant même leur conception.

Le message est le suivant : l’homme n’a plus d’utilité pour la femme, il n’est plus son complément naturel

Nous aurions toutefois tort de limiter notre réflexion à ces tristes constats. Ressusciter la famille en Europe passe par la mise en place de conditions de vie propices. Evidemment, il faut retrouver de la prospérité et de la sécurité, sans quoi rien ne serait possible. Mais il faut aussi permettre tant que faire se peut aux gens qui le souhaitent de travailler et de vivre près de leurs racines géographiques, de manière à ce que les liens avec les aînés soient maintenus dans le temps long. Un vaste chantier…

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