Elle avait l’air de considérer que nous partagions cet espace. Je suis partisan du partage raisonné de l’espace : je laisse les scutigères proliférer parce qu’ils sont censés éliminer les punaises et je laisse les lézards se chauffer en paix sur les dalles, même les gros, d’un vert tendre et éclatant. Mais cette souris tranquille et impudente m’évoquait des tablettes de chocolat dévorées et souillées, des pièges inutiles, bref un ensemble désagréable de tracasseries domestiques. Je me levai, elle partit. Surrexi, reliquit. Illusoire victoire. Elle se dissimulait dans la souillarde ou avait retrouvé son nid dans l’armoire aux provisions, qu’il allait encore falloir nettoyer.
Elle n’était pas la première, elle ne serait pas la dernière. La souris existe partout en France. Une carte de l’Inventaire national du patrimoine naturel en témoigne : la France est uniformément verte comme un lézard (« présence certaine » ; la mer, entre la Provence et la Corse, est beige : « absence probable ou certaine »). Une autre carte montre qu’elle est attestée dans les Pyrénées, à Lourdes, depuis le paléolithique supérieur. [...]
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