Le rôle historique de la table et des repas est d’être un lieu de communion. Quelles que soient les positions politiques et religieuses, les Français pouvaient se retrouver autour d’elle, mettre de côté leurs opinions et manifester leur appartenance à un même peuple et à une même histoire. Le vin, les plats régionaux, le grand restaurant ou le troquet abolissent les particularismes et les différences pour unir autour de quelque chose de plus grand, que l’on nomme culture, partage, et fraternité. C’est aussi autour d’un repas que l’on peut signer des contrats, que l’on organise une rencontre amoureuse, que l’on soude des familles. Or ce rôle de pacificateur et d’unificateur de la table est en train de disparaître sous l’effet des nouvelles religions alimentaires. L’alimentation, qui était autrefois un facteur de paix, devient de plus en plus un facteur de guerre. Régimes sans gluten, végétariens de stricte observance, sojatologues certifiés, bannisseurs de la barbaque et du carné, abstèmes prosélytes, dératiseurs du gras, défenseurs des goujons et des sardines, théoriciens du halal, il devient de plus en plus difficile de faire un repas sans s’attirer les foudres de quelques écoles de pensée ou religions alimentaires réincarnées. [...]
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