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Le djihadisme en zone sahélienne, un risque majeur pour la France

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Publié le

21 décembre 2023

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La progression du djihadisme en Afrique sahélienne constitue une menace majeure pour la France, qui dispose de milliers de ressortissants binationaux sur place, et des diasporas importantes provenant d’Afrique francophone sur son sol.
© DR

Le groupe terroriste État islamique au grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), Al-Qaïda, ont progressé dangereusement dans la bande sahélo-saharienne, profitant du chaos en Lybie et de la défaillance du Mali, plus prompte à lutter contre la rébellion touarègue, du Burkina Faso et du Niger. Ces trois pays ont connu des coups d’État militaires successifs entraînant la quasi-disparition du dispositif militaire français dans la zone, alors que leur incapacité à s’opposer à cette progression est patente. Les attentats terroristes meurtriers sont quasi quotidiens, alors que le 5 décembre 2023, la Mauritanie et le Tchad ont pris acte et respectent la décision souveraine de retrait du Burkina Faso et du Niger du G5 Sahel, après l’annonce antérieure de celui du Mali, et ont demandé la dissolution de cette alliance. L’Afrique de l’Ouest dans son ensemble commence à être métastasée, le Sénégal et la Côte d’Ivoire faisant figure de proies majeures pour ces groupes terroristes, à terme. L’Afrique centrale n’est pas indemne comme dans le nord Kivu en RDC, au Cameroun ou encore au Tchad. Cette situation constitue un risque majeur pour la France et l’Europe.

L’atavisme djihadiste au Sahel

La zone sahélienne ainsi que le Nigéria plus au sud sont des terres musulmanes traditionnelles de Sultanats dès le XIIIe siècle (Kanem puis Bornou) et Califats historiques du XIXe siècle (Macina et Sokoto). Concurrents, l’EIGS et le GSIM se sont longtemps battus pour conquérir le maximum de territoire. Il est remarquable de constater aujourd’hui que leur répartition territoriale actuelle correspond sensiblement aux zones de califats, dans le Macina au centre du Mali pour le GSIM et dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) pour l’EIGS, à l’image de celui de Sokoto.Devant cette situation, certains pays africains essayent de réagir, mais les multiples tentatives de ces dernières années qui ont échoué ne militent pas pour un optimisme béat.

Des camps d’entrainement de terroristes

Comme le dit à juste titre Gilles Kepel, la terre entière est entrée dans la juridiction du « domaine de l’islam », le « dar al islam », le territoire de l’Islam. Le phénomène djihadiste de l’EI en zone irako-syrienne qui a connu son apogée en 2015 est toujours latent pour sa part, renouvelé par contamination dans la zone du Khorasan (Afghanistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan). Nous avons connu une période d’accalmie, mais si Daech déclarait un califat dans la zone sahélienne, ce qui, compte tenu des nombreux renforts venus du Moyen-Orient n’est pas un scénario inenvisageable (Saoudiens, Syriens, Irakiens, Koweitiens, Maghrébins), on se retrouverait alors dans la configuration syrienne.Des camps d’entraînement de djihadistes peuvent ou pourraient s’y implanter en toute impunité et proliférer en vue de fondre sur l’Europe et singulièrement la France qui reste une cible privilégiée, porte d’entrée de l’Europe. En effet, notre pays, outre qu’il dispose de diasporas importantes provenant d’Afrique francophone, dispose aussi de milliers de ressortissants binationaux sur place, qui pourraient devenir autant de cibles à radicaliser. Nul ne peut prévoir actuellement quelle serait l’ampleur de la réponse à cet appel, de part et d’autre de la Méditerranée.

Lire aussi : Dissolution du G5 Sahel : nouvel échec pour la politique africaine d’Emmanuel Macron

Gérald Darmanin a déclaré au mois de septembre 2022 que l’EI avait perdu la guerre sur le théâtre des opérations extérieures, que le risque était aujourd’hui principalement endogène et que l’on pouvait s’attendre à de nouveaux Bataclans.Il s’est bien gardé d’évoquer la reconstitution progressive de l’EI en Syrie, qui est loin d’être éradiqué, et son expansion au Sahel et en Afrique subsaharienne. Dans un entretien au journal Le Monde en juillet, le DGSI a pour sa parte préférer mettre le focus sur le risque majeur actuel du terrorisme de l’ultra droite !

En février 2015, le député UMP Philippe Meunier avait déposé une proposition de loi sur la perte de la nationalité française des djihadistes binationaux combattants contre la France. Cette proposition débattue à la commission des lois avait été rejetée, même si François Hollande l’avait mollement proposé à la représentation nationale en congrès, L’opposition parlementaire d’aujourd’hui devrait profiter d’une journée de « niche » parlementaire afin d’anticiper l’apparition d’un djihadisme sahélien et reprendre cette proposition en l’actualisant. Ce serait prendre date de sa capacité à prévoir et donc à gouverner. Elle pourrait également constituer un argument de poids lors des élections européennes de 2024, en opposition au pacte européen sur la migration et l’asile qui augure d’une nouvelle immigration massive.  

La reprise de cette proposition aurait pour avantage de proposer une sanction morale salutaire et exemplaire, d’empêcher ou compliquer tout retour sur notre territoire des djihadistes binationaux, de permettre les expulsions des intéressés en cas de retour ou même avant leur départ, d’introduire le crime d’indignité nationale et de perte des droits civiques pour les nationaux auteurs des mêmes crimes. Cette initiative serait par ailleurs complémentaire d’un renforcement de notre législation antiterroriste, comme l’adoption de peines complémentaires de perte de nationalité pour les binationaux dans les infractions de nature terroriste de notre code pénal.

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