En 1942, un garçon de 12 ans originaire du Washington, féru de physique et déjà entêté de questions existentielles, envoie un courrier à Albert Einstein, lui demandant si le facteur garant de la cohésion de l’univers est « aléatoire ou unificateur. » Einstein, déjà au faîte de sa renommée, se fendra d’une réponse sibylline et pleine d’autres questions en suspens : « Cher Hugh, il n’existe ni force irrésistible ni corps indéplaçable. Mais il semblerait qu’il existe un garçon têtu qui a victorieusement forcé sa voie à travers des difficultés étranges créées par lui pour cela. Amicalement, A. Einstein. » Everett saura s’en souvenir et signera en 1957 une thèse sur le sujet : Formulation de la mécanique quantique en termes d’états relatifs. C’est la première occurrence d’une théorie sérieuse des mondes multiples, basée sur une formulation déterministe de la mécanique quantique, qui extrapole une infinité de mondes possibles à partir de la nature ondulatoire de l’univers. Le XXe siècle est celui de tous les dangers : la révolution scientifique qui point menace non seulement d’ébranler les structures conceptuelles de Newton, mais elle rend peu à peu caduque la notion de « réel » lui-même.
Schrödinger et son chat ni mort ni vivant ; le physicien Ettore Majonara disparu dans des circonstances étranges entre Naples et Palerme, probablement pour avoir percé le secret des quantas ; Planck et Dirac déclarant au moment où la fission de l’atome transforme les conflits mondiaux en guerre « froides » : « Notre monde n’est pas ce qu’il paraît être. Lorsqu’on l’observe de près, la plupart des lois mathématiques millénaires s’écroulent comme des châteaux de cartes. Les constantes deviennent folles. En fait, il se pourrait bien que ce monde ne soit qu’une version parmi d’autres ».
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