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L’histoire psychologique de la crise sanitaire contemporaine est à écrire. À la suite de Gustave Le Bon (Psychologie des foules) et de ses successeurs, ceux qui travailleront sur cette question auront à analyser les mécanismes de conditionnement mis en œuvre par les pouvoirs publics, leurs ressorts, leurs buts et leurs résultats.
À l’instar d’autres peuples, les Français indisciplinés et révoltés se sont transformés en veaux. Un troupeau docile, qu’on mène où l’on veut, dans lequel les quelques contestataires sont eux-mêmes paralysés par la masse qui les entoure. La France du printemps 2020 est en état de sidération : traumatisée par les catastrophes annoncées chaque jour, abasourdie par une brutale décision de confinement, hypnotisée par le petit écran, elle reste sans réaction, sans parole, soumise aux injonctions venues d’en haut dont elle a du mal à percevoir les contradictions.
La révolte couvait : Gilets jaunes, réforme des retraites, mécontentements des urgentistes, manifestations en tous genre et violences sporadiques rythmaient le quotidien. Il fallait y voir la contestation d’un pouvoir mal élu, déconsidéré, dont l’incompétence sautait aux yeux. Les élections municipales se présentaient mal, les ministres démontraient leur incapacité à comprendre la France d’en bas, le pays réel s’agitait.
La crise sanitaire est une bénédiction pour les gouvernants.
Sans doute pas au point de déclencher une révolution : ces événements n’arrivent jamais quand on les attend. Mais suffisamment pour remettre en cause la légitimité du pouvoir, et sa capacité à agir dans l’intérêt du peuple plutôt qu’au profit des puissants. À cet égard, la crise sanitaire est une bénédiction pour les gouvernants. Elle les oblige à prendre des mesures d’exception, au nom de la santé publique, dont l’effet premier est de domestiquer la population, et l’effet secondaire d’éteindre toute contestation. Il suffit pour cela d’invoquer un intérêt supérieur : la santé publique.
C’est pourtant l’incurie de ceux qui nous dirigent, à Paris comme à Bruxelles, à qui nous devons cette crise. L’état d’impréparation de notre nation se constate aisément : hôpitaux soumis à une cure d’austérité ; délocalisations en masse qui donnent à la Chine et à l’Inde la maîtrise de nos approvisionnements en médicaments et en masques ; incapacité de fabriquer, ici et maintenant, le gel hydroalcoolique nécessaire ; jusqu’au spectacle affligeant d’une armée dépourvue de matériel, à laquelle il faut deux semaines pour installer trois tentes médicalisées sur un parking.
L’incompétence s’est doublée du mensonge débité à grande échelle. Tous ont menti : le ministre de la santé, médecin, habilement exfiltré à la faveur d’une exhibition indigne, qui affirmait en janvier qu’il n’existait aucun risque. Le premier ministre, qui s’empêtre dans des déclarations incohérentes peinant à dissimuler son incertitude. Sibeth N’Diaye, porte-flingue du gouvernement, qui assumait déjà de mentir pour protéger le président. Chacune de ses apparitions déclenche quolibets et détournements. Ses employeurs le savent. C’est sans doute pour cela qu’ils l’ont placée ici : bouc émissaire idéal et sans doute inconscient, Sibeth N’Diaye est un bouclier efficace. Lorsque ses mensonges, ses approximations, ses retournements et ses gaffes concentrent l’attention, les fautes du gouvernement passent au second plan.
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Quant au premier d’entre eux, Emmanuel Macron, il tente de camoufler le vide sidéral de sa pensée politique. Passé maître dans l’art de la communication, tenu en lisière par une équipe de professionnels qui lui rappellent qui l’a fait roi, il fait penser au mot cruel de Charles de Gaulle à propos d’un de ses prédécesseurs : « Au fond, comme chef de l’État, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef ; qu’il y eût un État ».
Le pouvoir, ou ce qu’il en reste, devait faire un choix : laisser le peuple constater son impuissance, ou le confiner pour prévenir la révolte. Il a donc choisi le confinement. Et pour cela a promu la sécurité sanitaire comme valeur ultime. Avec la complicité des médias – « Restez chez vous ! » – la santé publique a servi de fil conducteur, de justification ultime et habile à l’exercice de pouvoirs exorbitants, sans même qu’il soit nécessaire de mobiliser l’article 16 de la constitution. Érigée en valeur absolue, la santé est devenue l’obsession de la caste politico-médiatique. Avec succès. Chaque soir le journal de 20 heures a fait état des morts de la journée, de réactions des médecins, de la courbe des admissions. Chaque soir le professeur Salomon, croque-mort du régime, a débité la litanie des décès. Chaque soir les reportages ont montré aux Français le courage de ceux qui, au péril de leur vie, ont continué à travailler pour les nourrir.
Chaque soir le professeur Salomon, croque-mort du régime, a débité la litanie des décès. Chaque soir les reportages ont montré aux Français le courage de ceux qui, au péril de leur vie, ont continué à travailler pour les nourrir.
Nous avons connu l’épisode des masques inutiles, puis celui des masques indispensables. La valse-hésitation du confinement-déconfinement. Et l’inévitable polémique à propos de la chloroquine. Car, en même temps que la santé des Français était divinisée au point de les enfermer – pour leur bien – les « élites » conspuaient l’exercice de l’art médical. Il pouvait exister un remède efficace et peu coûteux ? Pas de ça chez nous. Les laboratoires, à qui Emmanuel Macron doit aussi son élection, travaillent d’arrache-pied pour trouver un remède, forcément lointain, nécessairement cher, parce qu’il faut bien rentrer dans ses frais. Ainsi, sous couvert de protection de notre santé, le gouvernement a refusé une solution simple, empirique et semble-t-il efficace, au profit d’une industrie pharmaceutique en embuscade. Et les Français ont avalé ça.
Pourtant, la courbe des décès est normale. Les faits sont têtus. Les morts du virus sont vieux, confinés dans des pompes à fric appelés Ehpad. Ceux qu’il n’était pas possible d’aller visiter, pas possible d’enterrer. Les vieux et une partie de la population fragilisée par diverses pathologies. Combien de jeunes, combien de bien-portants, combien d’actifs ont succombé ? Moins que les morts du cancer, du tabagisme, des suicides ou de la route. Toujours trop, sans doute. Mais pas au point d’affoler la population.
Pour asseoir efficacement son action de confinement, le gouvernement a donc semé la panique. Instiller chaque jour dans l’esprit des gens que le virus était particulièrement dangereux. Certes, il semble plus contagieux que la banale grippe. Mais nous avons été submergés d’informations relatives à sa survie dans l’atmosphère, sur des surfaces variées ; il a fallu nous expliquer que ses ravages ne touchaient pas seulement les poumons, mais aussi la peau, les nerfs, le système digestif et même le cerveau. Paniquez, paniquez, il en restera toujours quelque chose…
Le 15 mars, au cours d’un interminable discours aux accents martiaux, Emmanuel Macron a martelé que nous étions en guerre. Presque unanime, la presse a commenté sa détermination. Une guerre sans combats, sans bombardements, sans matériel. Mais une guerre aux 67 millions de prisonniers. Résigné, déjà abruti de propagande habilement distillée, le peuple a accepté de rester chez lui.
L’atteinte aux libertés publiques est d’une ampleur inconnue depuis 1945.
Traqué par des forces de l’ordre, il a toutefois toléré que les racailles des cités se défoulent au milieu des incendies ; il a consenti, pour une part, à la fermeture des églises – bien aidé en cela par la soumission du clergé à la déesse républicaine ; il a accepté de ne plus travailler, anesthésié par les mesures de chômage partiel ; il a renoncé aux plaisirs de saison ; il s’est résigné à faire la queue à l’entrée des magasins ; il s’est plié aux consignes de prophylaxie ; il a fait son deuil des relations sociales ; il a décommandé ses invitations et rangé ses barbecues ; il a enterré ses morts derrière un écran d’ordinateur. Il s’est soumis.
L’atteinte aux libertés publiques est d’une ampleur inconnue depuis 1945. Il n’existe aucun précédent. L’interdiction de circuler, notamment, constitue un bouleversement majeur dans nos sociétés qui, hors des périodes d’occupation étrangère, n’y ont jamais été confrontées. La paralysie du pays, maintenue grâce à la mobilisation policière est quasi-totale. Une telle mesure n’est concevable qu’avec l’assentiment de la population. Plus précisément s’il existe une masse critique, en deçà de laquelle la contrainte ne prend pas. Au-delà, les initiatives individuelles, les protestations et les révoltes sont perçues comme des manifestations d’incivisme entraînant la réprobation. Le phénomène n’est pas nouveau. Il est couramment utilisé : le consentement à l’impôt spoliateur, la soumission au politiquement correct, la propagande relative à la sécurité routière, la persistance d’idées erronées ou d’une vision fausse de notre histoire procèdent du même mécanisme. Les opposants, si raisonnables soient-ils, si argumentés soient leurs propos, sont pointés du doigt par une sorte de grégarisme qui les voue à l’opprobre populaire.
Ainsi, nombreux sont ceux qui, à titre individuel, déplorent la situation. Publiquement ils ne prendront pas le risque de s’exposer. Ils sont piégés, contraints de rester au cœur du troupeau. L’entrepreneur qui rouvre son entreprise ne peut pas travailler, si ses clients n’en font pas autant ; le prêtre qui rouvre son église se retrouvera seul si ses fidèles restent chez eux. Et c’est sans doute une leçon à tirer de cette épreuve : dans notre société hyper-individualiste, l’interdépendance est une réalité incontournable. La soumission de la majorité contraint l’ensemble du corps social.
Les avantages d’une telle situation pour un gouvernement dépassent largement ses inconvénients. Plus de manifestations, une population contrôlée, une vie démocratique annihilée, le règne de la technocratie établi sur le pays. Sans compter la possibilité de prendre toutes sortes de mesures d’exception. La justice est paralysée. Tous les contre-pouvoirs sont anéantis de fait, et l’orchestre médiatique joue sa partition avec brio. La crise sanitaire, si elle devait durer, légaliserait la dictature. Quant aux conséquences économiques, nous les pressentons effrayantes. Faillites en cascade, chômage, surendettement. Sont-elles à ce point dramatiques pour les puissants ? Elles pourraient au contraire servir leurs intérêts.
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C’est un lieu commun de dire que nos sociétés vivent à crédit, et sont assises sur une montagne de dettes. Nos banques centrales émettent de la monnaie à flux continu en rachetant des créances irrécouvrables. Nul n’imagine que ces dettes pourront être remboursées. Le seul moyen est de les régler en monnaie de singe grâce à une poussée d’inflation qui fera perdre toute valeur à l’euro, déjà surévalué. Une faillite d’entreprise n’est dramatique que pour ses dirigeants, ses salariés – qui touchent néanmoins les indemnités chômage – et ses petits créanciers, ruinés à leur tour.
Les Etats, eux, pris à la gorge, se soumettront encore un peu plus aux forces financières. Et soumettront leurs citoyens dépendants de l’aide publique.
Mais elle profite à tous ceux, vautours et prédateurs, qui voient disparaître un concurrent et qui, surtout, rachètent à vil prix ses actifs. Un entrepreneur ruiné c’est un bien immobilier à céder d’urgence, des stocks et des machines, une clientèle disponible. Les puissants de ce monde profiteront évidemment d’une telle crise. Assez riches pour être à l’abri de ses conséquences, ils investiront dans des actifs, arrondiront leurs empires, créeront de nouveaux emplois, étendront leurs oligopoles. Les Etats, eux, pris à la gorge, se soumettront encore un peu plus aux forces financières. Et soumettront leurs citoyens dépendants de l’aide publique. Mieux vaut un assisté soumis qu’un entrepreneur indépendant.
Seulement, il faudra bien sortir de cette situation d’exception. Toutes les dictatures sont passées par l’épreuve de la fin. Et rarement dans la concorde nationale. Lorsque l’hypnose aura cessé d’agir, lorsque la sidération cédera la place au réel, gare à ceux qui, par leurs mensonges, auront assis un pouvoir aussi éphémère que leurs opinions sont changeantes. L’histoire ne repasse pas les plats. Mais elle nous enseigne que les Français, réveillés et révoltés, peuvent faire trembler les trônes et les puissants.
François Teutsch
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