Kirill Serebrennikov est un pur produit du cinéma russe contemporain : on peut le détester pour ses affèteries, pour son maniérisme parfois daté, pour son lyrisme exacerbé et ses emprunts au théâtre – vieux réflexe du réalisateur soviétique qui tient le cinéma pour une sorte de spectacle total, puisant autant dans l’agit-prop et le spectacle vivant que dans l’esthétique publicitaire. Exilé à Berlin pour des raisons évidentes d’incompatibilité avec le régime, on le soupçonne au premier abord d’avoir un peu tiédi, tant s’accumulent les appels du pied un peu lourdingues à l’occidentalisme bienveillant : des acteurs russes qui jouent en anglais, une narration sans risque qui se complait un peu trop dans la reconstitution appliquée des années 80. D’autant que s’il s’attaque à la vie trépidante de l’écrivain Édouard Limonov, figure du poète russe exilé, sorte de marginal punk auteur de journaux très gonzos, il le fait par le prisme de la biographie d’Emmanuel Carrère, notre rasoir entrepreneur de biographies journalistiques bien sous tous rapports. [...]
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