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Bien que cultivant son côté transgressif (affaire de l’enregistrement de l’EM Lyon), Laurent Wauquiez continue d’afficher son refus de tout rapprochement avec le Front National. Comme je l’ai analysé dans un précédent article, l’hypothèse d’un tel rapprochement est un véritable tabou. Néanmoins, plus le temps passe, plus sa posture, qui n’est que la continuation du « cordon sanitaire » initié par Jacques Chirac en 1986, parait intenable. Trois changements politiques importants vont rendre la ligne anti-FN de M. Wauquiez totalement injustifiable auprès de son électorat.
FN/LR, des évolutions symétriques et convergentes.
La première évolution est idéologique. Le Front National et Les Républicains connaissent, depuis leur défaite de 2017, des inflexions stratégiques importantes. Le FN s’est brutalement séparé de son aile chevènementiste avec le départ du clan Philippot porteur d’un discours socialisant qui était un véritable repoussoir pour la plupart des élus LR. De manière beaucoup plus progressive, LR est en train de se purger de son aile orléaniste. La rupture est presque consommée avec l’UDI et les défections se multiplient au sein-même du parti de M. Wauquiez accusé par ses anciens compagnons de « droitisation » excessive. Alors que le FN s’est débarrassé des déclarations gauchisantes de Sophie Montel et a fait évoluer sa critique de l’Union Européenne, LR se vide de ses têtes d’affiches (Xavier Bertrand et Christian Estrosi élus par la gauche en 2015, Alain Juppé, les « constructifs »…). Le fossé idéologique, jadis considérable entre le FN et LR est donc en train de se combler. La scission philippotiste et les défections orléanistes clarifient le paysage idéologique à droite, de plus en plus organisé autour de la question identitaire.
La catastrophe migratoire et démographique, vecteur de l’union à droite.
Les électorats FN et LR partagent les mêmes constats et les mêmes craintes concernant la « crise migratoire », terme politiquement correct pour décrire une véritable submersion de l’Europe par les populations prolifiques du Tiers-Monde. Pour la seule année 2017, la France a attribué 262.000 titres de séjour et enregistré plus de 100.000 demandes d’asile, soit une immigration équivalent à la ville de Nice en une seule année (sans compter les entrées clandestines dont le nombre est croissant notamment dans les territoires d’outre-mer). Le chaos migratoire menace clairement l’unité, l’identité et la sécurité de la France (sans parler de son coût économique gigantesque).
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Ce bouleversement démographique d’une ampleur inédite explique la « droitisation » de l’opinion française. Les électeurs FN et LR ont pris conscience de la gravité de la situation. Ils partagent sur ce thème les mêmes diagnostics ce qui conduit de nombreux militants à imaginer des alliances sur le modèle autrichien.
Les passerelles se multiplient, au grand dam des barons LR.
Malgré ces convergences évidentes, le chantage de la gauche morale garde encore une certaine efficacité au sommet des Républicains. Les cadres dirigeants, à l’image de Laurent Wauquiez, continuent de jurer qu’il n’y aura « jamais d’alliance avec le FN ». C’est donc en périphérie des états majors que se créent les passerelles entre l’aile droite de LR, dont M. Wauquiez est le porte-voix, et le « nouveau Front » voulu par Marine Le Pen.
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La Manif Pour Tous (LMPT) a été le premier lieu de rencontre entre les élus LR et FN, ceux-ci discutant de manière officieuse en marge des manifestations et des réunions publiques. La presse de droite et les sites de la « ré-information » constituent aussi des ponts entre les deux formations. TV Libertés, Causeur, Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire, Figaro Vox et bien entendu L’Incorrect s’adressent aux électeurs LR comme à ceux du FN. Ces médias, relayés sur les blogs et réseaux sociaux, forment une nébuleuse métapolitique et transpartisane qui préfigure les rapprochements à venir.
Enfin, plusieurs personnalités, qui se positionnent à mi-chemin de LR et du FN, se sont fixées comme mission de dépasser les logiques de partis. Robert Ménard, son épouse Emmanuelle et Nicolas Dupont-Aignan plaident pour « l’union des droites » et comptent plusieurs ralliements comme celui du Parti Chrétien Démocrate (PCD) de Jean-Frédéric Poisson. La plateforme des « Amoureux de la France », émanation de la « droite hors les murs », multiplie les initiatives visant à dépasser les querelles d’appareils. Thierry Mariani, qui est toujours officiellement chez LR, est lui aussi un fervent défenseur de l’union des droites.
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Alors qu’il est chaque jour trahi par les cadres de son parti, Laurent Wauquiez semble de plus en plus condamné à briser le tabou des alliances à droite. C’est une demande pressante de la plupart de ses partisans ; c’est aussi une nécessité du point de vue de l’arithmétique électorale puisque LR seul n’est plus en mesure d’obtenir une majorité lors d’un scrutin national.
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