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Elu député de la deuxième circonscription des Pyrénées-Orientales en juin dernier, Louis Aliot est un cadre important du Front national. Populaire auprès des militants, il est aussi un représentant du grand sud-ouest de la France, lui qui a vécu en Ariège, à Toulouse et à Perpignan. À quelques jours du congrès du Front national, il s’est ouvert dans les colonnes de L’Incorrect sur l’actualité de sa formation politique. On y apprend notamment, en exclusivité, qu’il a récemment rencontré Steve Bannon à New York.
Louis Aliot, comment se sont passés ces premiers mois à l’Assemblée nationale ? Avez-vous découvert de nouvelles choses sur le fonctionnement de nos institutions ?
L’Assemblée est une vieille maison avec ses codes, ses règles et ses pesanteurs. La majorité tient tout. L’opposition reste strictement dans l’opposition. Les non-inscrits ont, de leur côté, un statut de sous-députés qui n’ont accès ni aux rapports, ni aux commissions externes comme celle sur la Nouvelle Calédonie. Par ailleurs, leur temps de parole est restreint. Nos institutions manquent de cohérence, de pluralisme et de vrais débats. Nos institutions sont démocratiques, mais elles ne sont pas réellement pluralistes, l’égalité des députés n’étant pas la règle contrairement à ce que l’on imagine bien souvent.
Les observateurs commentent quotidiennement les questions liées aux privilèges des députés, sans s’attarder sur celles liées au fonctionnement de l’Assemblée nationale, pourtant d’une plus grande importance. Pendant qu’on parle du sexe des anges, Byzance est assiégée. Pendant qu’on pointe du doigt le statut des députés, la démocratie n’est qu’apparence, le fait majoritaire continuant à causer de nombreux dégâts à la France, notamment parce qu’il légitime une forme de dictature légale de la majorité. Laquelle s’exerce au détriment du débat, du compromis, du rassemblement. La discipline majoritaire aveugle est la règle…et c’est bien dommage ! Une démocratie sans respect de l’opposition n’est pas une démocratie.
Grand texte en discussion, la Loi asile et immigration portée par Gérard Collomb semble dépouillée de ses éléments essentiels. Peut-on dire que le gouvernement cède face aux associations ?
Le Gouvernement est dans la com pour la com. Il connaît parfaitement la situation, fait des annonces tonitruantes et recule en rase campagne, soumis qu’il est au système médiatique et bien-pensant. A l’assemblée, cela devient caricatural. Dès que vous parlez d’immigration, d’assimilation ou d’islamisme, vous êtes la cible des quolibets, des huées, des haut-le-cœur, des fausses indignations…Alors que dès que d’autres parlent d’ouverture, d’intégration, d’aide à apporter aux clandestins, les applaudissement niais se multiplient et certains députés se lèvent même, croyant, par ce geste, accomplir un acte de résistance inédit… Bref un très mauvais théâtre qui coûtera cher au pays. Là encore, au regard de la démographie africaine, des guerres, de la misère et de la résignation européenne ambiante…nos politiques sont impuissantes et les textes en projet totalement insignifiants, car ils ne prennent pas en compte la réalité de la menace. Je suis très inquiet pour l’avenir et la pérennité de notre Nation.
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Plus généralement, quel bilan tirer de ce début de quinquennat d’Emmanuel Macron ? Le jeune président jupitérien répond-il aux attentes qu’il avait lui-même fixées ?
Il utilise les codes des élites financières et mondialistes avec aisance. Il en est l’élève, suivant sagement sa feuille de route. Une majorité de centre gauche aux ordres, un gouvernement de centre droit qui désamorce en permanence pour faire avaler les mauvaises pilules en fonction des sujets. C’est un président habile, élu lors d’une campagne présidentielle viciée et faussée dès l’origine. Le peuple est dans l’attentisme et dans l’observation. La calme avant la tempête ? Profitons-en pour travailler en interne, afin de lancer la reconquête des esprits, préalable à celle des urnes !
Un mot sur le congrès du Front national. Sous quels auspices les débats autour de la refondation sont-ils placés ? Quels changements doit-on attendre dans le fonctionnement du Front national ? Sa ligne politique ? Les hommes et les femmes qui la portent ?
Ce serait très long de répondre à ces questions. Moi je pense que c’est le moment ou jamais. Le moment de tout changer. Dans les structures comme dans les méthodes, et même dans les hommes. Je pense que Marine y est prête et qu’elle fera tout pour redonner à notre formation toutes les armes pour bien combattre, pour mieux s’opposer. Sur la ligne, je pense qu’il faut rester fermes, en continuant à marcher sur nos deux jambes. La lutte contre l’immigration et la défense de l’indépendance nationale. J’ai toujours dit qu’entre l’identitarisme intégral et le souverainisme extrémiste, il y avait une voie médiane et cette voie est majoritaire.
Non, Wauquiez ne doit pas nous inquiéter. Il est à la tête d’un mouvement qui est toujours écartelé entre deux idées opposées et irréconciliables. Louis Aliot
L’année 2018 sera sans élections. On sait que ces années de creux peuvent être difficiles à vivre pour les partis politiques. Avez-vous peur d’un faux plat qui pourrait favoriser Les Républicains de Laurent Wauquiez, lequel paraît vouloir « droitiser » son mouvement, à défaut d’avoir pu garder le centre droit qui se met présentement « en marche » ?
Non, Wauquiez ne doit pas nous inquiéter. Il est à la tête d’un mouvement qui est toujours écartelé entre deux idées opposées et irréconciliables. S’il défend trop l’identité française, il se coupe de la droite mondialiste, pour faire court, et, « en même temps », s’il prend trop ses distances avec l’Europe de Bruxelles, il se coupe du PPE et de ses alliés européens…Ce qu’il ne fera pas. C’est un homme de valeur sûrement, mais tellement engoncé dans des obligations et des promesses faites aux uns et aux autres, que sa voix sonne faux…Personne ne croit à sa sincérité. Reste qu’il faut continuer à parler à tout le monde et que les électeurs, qui jusqu’ici avaient réservé leurs voix aux Républicains, sont des compatriotes proches qu’il ne faut pas rejeter.
Les élections européennes pourraient être un test pour le Front national nouvelle formule, qui a vu partir deux cadres importants en 2017, Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot. Qui mènera cette bataille ? Comment la mener ? J’entends par là, avec quelles idées ?
Nous n’en sommes pas là. L’important c’est d’entériner la refondation. Le reste suivra. Chaque chose en son temps. Notre projet pour une Europe des Nations est un projet d’avenir. Dans cette affaire, l’important c’est la pédagogie. Nous devons étonner par la maîtrise et la cohérence de ce projet de reconstruction européenne autour des patries et des peuples, et autour des logiques de projets et de coopération.
Pensez-vous qu’une liste d’union soit une hypothèse crédible ? Souhaitable ? Avec Nicolas Dupont-Aignan ? Jean-Frédéric Poisson ? Thierry Mariani ? D’autres acteurs de la vie politique ?
L’Union de tous les patriotes et nationaux, le bloc tricolore, est une nécessité pour peser contre le bloc mondialiste du renoncement et de la tutelle européenne. Les intérêts individuels doivent s’effacer devant l’impératif collectif et national. Il faudra faire des compromis et penser aux idées avant de penser aux places. C’est un travail de tous les jours. A mon niveau, j’y travaillerai….
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Marion Maréchal-Le Pen est intervenue au CPAC (réunion annuelle des conservateurs américains). Qu’en avez-vous pensé ? Croyez-vous qu’elle cherche à revenir dans le jeu politique national, après l’avoir quitté prématurément lors des dernières élections législatives, et que peut-elle y apporter ? Si oui, au Front national ? Au surplus, faut-il y voir un signe quant à la ligne politique qu’elle pourrait développer, peut-être ouvertement plus libérale et conservatrice, à l’image de ce que porte le Tea Party aux Etats-Unis ? On se souvient notamment que Sarah Palin avait eu des mots très aimables à son égard.
Laissons Marion organiser sa vie comme elle l’entend. Je ne suis pas un de ses proches. Je ne vais donc pas essayer d’interpréter ses faits et gestes. Son déplacement à Washington était professionnel. Mais je me félicite qu’elle ait fait entendre la voix des nationaux car les Américains sont assez mal informés sur ce qui se passe chez nous, en France. Et notamment vis-à-vis des nationaux que nous sommes. Elle sait qu’elle a toujours sa place au Front national, si d’aventure elle le souhaitait.
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J’ai pu, il y a quelques semaines, rencontrer Steve Bannon, avec lequel j’ai longuement échangé sur la vie politique française et les forces qui la structurent. C’était très intéressant de voir comment les Américains nous perçoivent mais aussi comment leurs analyses se rapprochent des nôtres sur un grand nombre de thématiques. Notamment sur la nécessaire résistance médiatique à organiser partout, y compris chez nous en Europe et en France. Trump a réussi à gagner contre ce système médiatique. C’est là sa réussite extraordinaire.
Le Front national est un mouvement ouvert, qui a ses propres logiques et des personnalités diverses. Nous sommes un rassemblement et notre socle repose sur notre attachement à notre Présidente et à notre programme. Marine a rassemblé 11 millions d’électeurs. Notre base est solide et nos idées à la fois traditionnelles et modernes. Cet équilibre est une chance et un atout. Sachons le préserver et le faire vivre. C’est notre richesse à tous.
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