Quand Marc Verillotte nous reçoit sous la petite véranda de sa demeure, c’est avec un succulent jus de pomme fait maison. L’homme est attable et, naturellement, le tutoiement s’impose. S’engage alors une discussion plus que passionnante : fascinante. Écouter Marc, c’est se replonger dans l’histoire de la dernière décennie : une histoire écrite en lettres de sang et au son de la kalachnikov.
Vous souvenez-vous de ces nuits d’horreur, ces nuits de sidération, ces nuits rythmées par les voix nasillardes des chaînes d’info, cadencées par les noms de « Merah » ou d’« Abdeslam », hantées par les spectres de l’angoisse et de l’insomnie ? Vous souvenez-vous de ces nuits de deuil et de sang ? Marc était là, de l’autre côté de l’écran : c’était l’un de ces anonymes couleur d’ombre, l’une de ces sombres silhouettes marchant en cohorte pour éradiquer le mal. Marc était un membre des colonnes d’assaut du RAID. Après une carrière de judoka couronnée par quatorze sélections internationales, il a endossé l’uniforme des troupes d’élite. Il nous raconte son parcours : « Le judo a été mon sport favori, le RAID a été mon deuxième sport favori… Pendant très longtemps, ç’a été ma vision des choses, car je ne suis pas entré dans la police par vocation mais plutôt dans un esprit de recherche de la performance : arrêter le plus de voyous possible, les plus dangereux possible, comme si c’était un sport. La vocation est venue plus tard, en voyant des victimes. Au RAID, on enjambe des morts, on enjambe des blessés qui hurlent de douleur, on entend des téléphones vibrer dans les poches de personnes qui ne rassureront jamais ceux qui les appellent. On voit l’injustice. Alors ce spectacle affreux te donne la foi, la foi en l’intérêt commun qu’il faut absolument protéger des parasites, des individualistes, des profiteurs et autres tricheurs. Tu finis par ne plus supporter ceux qui ne respectent pas les règles du jeu ». [...]
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