Le débat pour les élections régionales s’enfonce, à l’évidence, dans un jeu de pantomime politicienne et croule sous des tombereaux de manœuvres d’arrière-cour. Les ambitions présidentielles de chacun hantent le scrutin local. Il risque d’en résulter une abstention massive, privant les élus de toute légitimité démocratique véritable. Cependant, cette situation relève de causes profondes qui dépassent largement les seules dérives de la campagne en cours. Certes les chansonnettes de madame Schiappa sombrent dans le totalement ridicule, tout comme les errements colériques de monsieur Dupond-Moretti virent au parfaitement grotesque. Mais le mal demeure bien plus profond. Le problème fondamental tient en effet dans la faillite de la décentralisation française.
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Notre pays a cru, par les lois de 1982 et de 1983, parvenir à se régionaliser sans renoncer à son jacobinisme, sans remettre en cause le poids de son État national. En conséquence, les pouvoirs locaux se retrouvent sans attributions claires, avec des prérogatives enchevêtrées rendant leurs actions illisibles. Notre mille-feuille institutionnel ajoute les étages aux étages, et mairies, intercommunalités, départements, régions, État, Europe s’empilent sans queue ni tête. Chacun dispose de ses propres budgets et personnels, intervenant sur tout autant que sur rien. Ce système excessivement coûteux pour le contribuable génère une terrible impuissance de l’action publique. Les régions possèdent par exemple des compétences en matière de transports, d’aménagement du territoire ou de formation professionnelle, domaines qui relèvent aussi tous, en même temps, de l’État.
Or la question de l’indispensable réforme de la décentralisation n’occupe absolument pas les discussions entre les candidats, chacun semblant se satisfaire de l’inconséquence actuelle des pouvoirs régionaux. La faillite manifeste, tant politique que financière, des instances qu’ils aspirent à diriger ne les préoccupent pas. [...]
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