C’est peu dire que le directeur adjoint de Paris Match ne manque pas de culot. D’ailleurs c’est crânement qu’il pousse les portes du magazine à la fin des années 80 pour demander un stage (rituel de passage obligatoire pour tout bon jeune journaliste qui se respecte). À force de travail il devient pigiste, et découvre peu à peu le monde très fermé des grands reporters. Les seigneurs de la profession. « Je voyais des mecs revenir de Tchétchénie ou des Balkans avec des histoires fabuleuses ! » raconte-t-il, des étoiles dans les yeux. Alors il se lance. Après quelques années à couvrir des faits divers qui sentaient bon la fin de l’histoire fukuyamienne, le tragique fait son retour et lance le XXIe siècle d’une manière aussi spectaculaire qu’inattendue, excepté pour les lecteurs de Tom Clancy. « Je suis un enfant du 11 septembre », se définit-il. Ce tremblement de terre connaît ensuite plusieurs répliques : Régis Le Sommier suit la trace sanglante des islamistes jusqu’à Bali en 2002, ou Casablanca en 2003.
Il finit par être envoyé comme correspondant permanent aux États-Unis, pendant six ans, de 2003 à 2009. « Ce furent des années magnifiques », se souvient-il, un brin nostalgique. « L’Amérique de Trump, je l’ai vue venir après m’être trompé, comme tout le monde, sur la réélection de Georges W. Bush face à John Kerry, que je voyais gagnant », se remémore-t-il. Cette élection a été pour lui un premier signal d’alerte sur le fait que l’horloge politique américaine, jusqu’alors parfaitement régulière, commençait lentement et imperceptiblement à se dérégler. Il part donc à la rencontre de cette Amérique périphérique, si différente de la côte Est, et si éloignée des lumières trompeuses de la prospère Californie.
[...]S’il y a bien une chose que Régis Le Sommier, au cours de sa longue carrière, a soutenue et servie, c’est la recherche de la vérité, par l’information et le terrain
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