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Rencontre au sommet (1/6) : Élisabeth II, la France et la place du sacré en politique

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Publié le

6 octobre 2022

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L’Incorrect a organisé une rencontre exceptionnelle entre quatre des plus grands intellectuels de notre temps pour une conversation de haut vol sur l’avenir de la France. Dans cette première partie, Chantal Delsol, Alain Finkielkraut, Mathieu Bock-Côté et Pierre Manent discutent de la mort d’Élisabeth II, qui a fasciné les Français et rappelé l’importance du sacré en politique.
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Alain Finkielkraut – Je suis frappé par la ferveur, même en France, pour la monarchie anglaise. Pendant plusieurs jours, tous les programmes des chaînes d'information en continu étaient consacrés à la mort de la reine. Les funérailles d’Élisabeth II ont battu des records d’audience. Ce spectacle m’a remis en mémoire la grande méditation d’Ortega y Gasset dans La Révolte des masses : « La monarchie n’exerce en Angleterre une fonction des plus déterminées et autant efficace : la fonction de symboliser. En face de la turbulence actuelle de tout le continent, le peuple anglais a voulu affirmer l'énorme permanence qui règle sa vie ». Et Ortega y Gasset conclut : « Ce peuple circule dans tout son temps ; il est véritablement seigneur de ces siècles dont il conserve l’active possession ». C'est à cette présence du passé que nous sommes très sensibles. Dans les pages qui précèdent, Ortega y Gasset fait du droit à la continuité historique le droit fondamental de l’homme, « si fondamental qu’il est la définition même de sa substance ». Au nom de l’ouverture à l’Autre, l’Europe en vient aujourd’hui à renier ce droit. À travers les obsèques d’Élisabeth II, nous rendons hommage à une continuité dont nous savons qu'elle est en péril.

Lire aussi : Rencontre au sommet : La France, qu’est-ce qu’il en reste ?

Pierre Manent – Je partage l'appréciation d’Alain Finkielkraut et son admiration pour le texte  d'Ortega y Gasset, mais ce que ce dernier décrit n'est pas ce que nous voyons parce que le peuple anglais – nous y incluons les autres peuples du Royaume-Uni ! – qui a marqué une sincère ferveur pour sa reine, d'ailleurs largement partagée chez nous, ne circule plus dans l’ensemble de son temps historique. Lui aussi a  rompu avec cette continuité qui reliait l’Europe moderne à la chrétienté. Il est vrai que le roi Charles III, d'une belle voix, et avec une fermeté que l'on n'attendait pas, a affirmé sa résolution de défendre la foi, la vraie foi protestante. Il y a une énorme distance entre un tel discours et la réalité du corps civique anglais qui est peut-être le plus déchristianisé de tous les peuples européens. Cet attachement anglais aux rites et symboles a donc quelque chose de réconfortant mais aussi de troublant  : le sentiment est sincère, mais de quelle continuité se font-ils les gardiens ? Est-ce que le déploiement de ferveur autour de la reine témoigne de la continuité de la vie britannique, ou bien est-ce la dernière flamme de quelque chose qui, en réalité, est en train de s'éteindre ? [...]

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