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Rencontre au sommet : La France, qu’est-ce qu’il en reste ?

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Publié le

6 octobre 2022

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Pour élever un peu le niveau, L’Incorrect a organisé une rencontre exceptionnelle et inédite entre quatre des plus grands intellectuels de notre temps pour une conversation de haut vol sur l’avenir de la France. Wokisme, chrétienté, islam, Mélenchon, immigration : Chantal Delsol, Alain Finkielkraut, Mathieu Bock-Côté et Pierre Manent ont ferraillé, et le résultat vaut le détour ! Sommaire de la discussion et portraits des intervenants.
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Avec la rentrée politique de septembre, c’est toujours le même vacarme de fond qui recommence : politiciens qui polémiquent, chaînes d’infos qui commentent, twittos qui s’écharpent. Tout ce petit monde s’agite et croit vivre, alors qu’il barbotte en ratant l’essentiel. Et pendant ce temps-là, l’intelligence publique plonge. Alors pour ne pas rester prisonnier de cette écume des choses, L’Incorrect a décidé d’organiser une rencontre inédite entre quatre des plus grands intellectuels de notre temps, pour une conversation libre et érudite au coin du feu (du moins dans l’idée) sur quelques grands vertiges qui menacent la France dans son existence même : disparition du sacré, menace du wokisme, fin de la chrétienté, place de l’islam et de la laïcité, rôle de la presse. Réunir autour d’une même table ces quatre grands esprits était l’assurance d’une discussion politique proprement majusculaire. Silence, ça a commencé !

© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

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SOMMAIRE DE LA CONVERSATION

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LES INTELLOS

Chantal Delsol

Élève de Julien Freund et spécialiste d’Hannah Arendt – sous le patronage de laquelle elle plaça son institut fondé en 1993 – membre de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 2007, Chantal Delsol appartient depuis quelques décennies déjà au gratin de la vie intellectuelle française. Elle est l’une des philosophes à avoir le plus scrupuleusement disséqué les plis et replis de la postmodernité, dont elle a dénoncé la mécanique uniformisatrice, dont elle a montré qu’elle contenait encore les pulsions totalitaires du siècle précédent par sa volonté démiurgique de « transfiguration » du réel, dont elle a démontré surtout qu’elle ne triompherait pas universellement des régimes holistes et des populismes qui se requinquent. Aussi, spécialiste de l’Europe centrale et de l’est, penseuse du fédéralisme et de la subsidiarité, elle signait dernièrement La Fin de la chrétienté, ouvrage qui démontre que derrière le renversement des valeurs chrétiennes se joue le retour d’un monde proprement païen. Autant dire qu’elle avait deux ou trois idées à nous présenter sur le rapport entre foi, morale et culture.

© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

Mathieu Bock-Côté

Débarqué à Paris pour devenir la sulfateuse de CNews et d’Europe 1, Mathieu Bock-Côté s’est fait une renommée dans l’art de défourailler, art qu’il avait déjà perfectionné dans son autre vie de sociologue. Car dans une discipline pieds et poings liés à la gauche, il s’est fait une spécialité de pourfendre-défendre tout ce que ses collègues louent-vomissent. Critique hors pair du « politiquement correct » et du « régime diversitaire », il est surtout l’un des premiers à avoir alerté le monde francophone des dangers du wokisme qui sévissait outre-Atlantique, avec son ouvrage La Révolution racialiste. Québécois attaché comme aucun autre à sa terre, se rasant le matin en pensant à l’indépendance qui vient, il a toutefois su se tailler rapidement une place de choix dans le courant conservateur français par des plaidoyers doctes en faveur de la nation, de la souveraineté et de l’identité. Observateur du dehors en même temps que lanceur d’alerte, il nous était indispensable pour autopsier Marianne.

© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

Alain Finkielkraut

Il aura réussi ce joli miracle d’être passé, une vie durant, de jeune maoïste à « chef de file des néoracs », ainsi que le prétendait L’Obs. Certes, le qualificatif est un poil exagéré (non qu’il soit pour nous une insulte), mais « Finkie », quoique se disant encore de gauche, est devenu conservateur sur bien des points – et presque par obligation face à la médiocrité du temps. Grand lecteur de Péguy, de Kundera et de Levinas, le philosophe s’est fait, depuis La Défaite de la pensée jusqu’au récent L’après littérature, défenseur émérite de la vraie culture, celle qui aiguise et élève l’esprit, malmenée tout à la fois par le culte de l’égalité, le consumérisme et les idéologies. Critique acerbe des dernières lubies gauchistes, contempteur d’une modernité qui trahit sa promesse, l’académicien à l’épée-vache nourrit depuis longtemps une réflexion fine sur la transmission, par souci authentique de la beauté et de la civilisation au sens plein du terme. Il était tout désigné pour ferrailler, avec hauteur et civilité, sur le vertige identitaire qui nous frappe.

© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

Pierre Manent

À n’en pas douter, Pierre Manent est l’un des très grands penseurs du politique de notre temps. Normalien et agrégé de philosophie, disciple et assistant de Raymond Aron, très marqué par les écrits d’Aristote et de Tocqueville, il a longuement ausculté nos entrailles civilisationnelles en étudiant la genèse de la pensée politique moderne et les mutations de nos formes politiques. Cet intellectuel du long cours n’en est pas moins toujours resté un philosophe soucieux de son temps, lui qui entreprit de dissiper l’illusion de l’avenir de l’homme moderne, lui qui démystifia l’idéologie des droits de l’homme et la construction européenne pour en montrer les graves limites, lui qui n’eut crainte de souligner l’inanité de la laïcité pour régler la question musulmane. Membre de l’Académie catholique de France invitant ses coreligionnaires à prendre toute leur part dans la cité, penseur de premier rang du fait chrétien, il n’y avait pas plus qualifié pour disserter sur la France de demain.

© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

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