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Rencontre au sommet (5/6) : l’identité comme rempart

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Publié le

20 octobre 2022

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L’Incorrect a organisé une rencontre exceptionnelle entre quatre des plus grands intellectuels de notre temps pour une conversation de haut vol sur l’avenir de la France. Dans cette cinquième partie, Chantal Delsol, Alain Finkielkraut, Mathieu Bock-Côté et Pierre Manent débattent de la pertinence d’une politique de l’identité pour endiguer notre déclin civilisationnel.
débat intellos

Alain Finkielkraut  La pathologie du nationalisme consiste à dire que pour être français, il faut avoir des parents, des grands-parents, des aïeux français. C'est une affaire exclusivement héréditaire. On sort de cette pathologie quand on dit, avec Levinas, que la France est une nation à laquelle on peut s’attacher par le cœur et par l’esprit aussi fortement que par la racine. Mais aujourd’hui on va plus loin : on criminalise l’hérédité. Il est interdit de parler de « Français de souche ». Ni l’atavisme, ni la lignée, ni l’ancrage dans une tradition n’ont désormais droit de cité. Il y a une difficulté à faire entendre la France en France qui rend l'assimilation des nouvelles populations presque impossible.

« La France est une nation à laquelle on peut s’attacher par le cœur et par l’esprit aussi fortement que par la racine »


Alain Finkielkraut

Mathieu Bock-Côté – Le concept de Français de souche est autorisé seulement de manière négative. On ne le mentionne que pour le maudire, comme lorsque François Hollande en parlant d’un terroriste avait précisé « qu’en plus c’est un Français de souche », comme s’il était heureux de dissocier pour une fois le terrorisme de l’islamisme.

Pierre Manent –  Je reviens à l’argument d’Alain Finkielkraut : pourquoi n’aurions-nous pas le droit de faire prévaloir la conception française de la laïcité ? Soit, mais si les autres pays européens et les États-Unis nous montrent du doigt alors qu’ils partagent le même « universalisme », nous en sommes réduits à dire qu’après tout, la laïcité, c'est notre coutume. Nous avons bien le droit d'imposer notre coutume ! C'est un argument désespéré, puisque c’est renoncer à l'universalisme que par ailleurs nous invoquons. Notre argumentaire franco-laïque n’est ni convaincant ni pertinent, mais c’est le cas de tous les argumentaires abstraits que nous agitons aujourd’hui. Il n'existe pas de notion théorique sur la base de laquelle nous pourrions résoudre le problème « l’islam et nous ». Que voulons-nous ? Garantir un minimum de continuité spirituelle et d’indépendance politique de cette nation appelée « France ». La seule démarche praticable viserait à réunir une majorité civique autour d'une sorte de programme minimum : préserver ou retrouver une certaine indépendance politique, préserver ou retrouver la capacité de l'ensemble que nous formons à se gouverner lui-même, à garder une certaine maîtrise de ses relations avec le monde qui l'entoure, ce qui implique de préserver certains caractères de l'association française, qui peuvent inclure en effet la laïcité et un certain rapport au christianisme. Il est indispensable de ne pas élargir la part musulmane de la France, non pas tant parce qu’elle contredit à la laïcité mais parce qu’elle nous rend dépendants politiquement de pays qui inspirent une méfiance légitime et qu’elle rend plus difficile encore de prolonger l’arc historique européen qui a toujours inclus un rapport actif au christianisme, et auquel l’islam a toujours  été extérieur sinon hostile.

Lire aussi : Rencontre au sommet : La France, qu’est-ce qu’il en reste ?

Alain Finkielkraut – Je ne dirais pas que la laïcité doit être défendue parce que c'est notre coutume. La laïcité est la manière française d'être moderne, de pratiquer la séparation des ordres et en tant que telle, elle doit être réaffirmée aussi clairement que possible. [...]

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