Rendez-vous à 19 h au siège de l’Ordre dans le XVe arrondissement de Paris, où nous accueille Ambroise, 28 ans, chef d’équipe de la soirée. Au centre de la pièce, des cagettes pleines de vivres, de vêtements, de duvets, de produits d’hygiène. « Les gens nous demandent surtout des boissons chaudes : du thé, du café, de la soupe. Les salades préparées, le pain, les sandwichs, sont aussi très appréciés ». Nicolas, 55 ans pour sa part, arrive accompagné de ses deux fils Alexandre (21 ans) et Stanislas (15 ans). Il ouvre le réfrigérateur pour empaqueter les produits frais et ne parvient pas à cacher sa déception. « Il n’y a rien là, c’est vide ! – Oui, les dons se sont taris depuis deux mois », selon Ambroise. Les dons alimentaires sont des invendus cédés à l’Ordre par des grandes surfaces.
Effectivement ce soir-là, nous constatons que la récolte de produits frais est maigre : de la viande hachée emballée, une pizza à cuire, quelques produits laitiers, et de freluquets sandwichs. « La viande, la pizza, nous ne pouvons pas les distribuer ! Ça n’est pas pratique pour les gens, ils n’ont rien pour cuisiner. Même si certains s’arrangent avec des restaurateurs, ce n’est vraiment pas l’idéal », se désole Nicolas. N’importe ! Au menu ce soir : de la soupe en sachet, des biscuits, des fruits, quelques produits laitiers, et surtout des boissons chaudes. Les quatre bénévoles se saisissent des cagettes pour charger le camion. Puis nous enfilons tous un gilet de sécurité fluorescent aux couleurs de l’Ordre, et nous tournons vers un petit autel afin de réciter un « Je vous salue Marie ». Il est 19h45, en route !
« En ce moment, je travaille tous les jours de 7h30 à 23h30, les maraudes du vendredi soir sont ma respiration »
Ambroise
Nous profitons du trajet pour faire connaissance. Ambroise est avocat, catholique très pratiquant. Bénévole depuis deux ans, il dirige une équipe tous les quinze jours depuis un an : « En ce moment, je travaille tous les jours de 7h30 à 23h30, les maraudes du vendredi soir sont ma respiration ». Nicolas notre chauffeur, lui, travaille dans l’immobilier : « C’est mon plus jeune fils Stanislas qui a eu l’idée de devenir bénévoles ensemble pour des maraudes. Nous en faisons une par mois, depuis trois ans ». Chaque soir, une équipe de bénévoles sillonne un segment différent de la capitale. Les personnes rencontrées sont notées ainsi que leur emplacement et leurs demandes. « Si quelqu’un a besoin d’un pantalon ou d’un sac de couchage par exemple, je le note dans le fichier et la prochaine équipe qui sillonnera le secteur essaiera de le lui apporter », me raconte Ambroise. Si ce soir l’équipe est exclusivement masculine, les femmes, souvent jeunes, représentent environ la moitié des bénévoles. Pour des raisons évidentes de sécurité, chaque équipe compte obligatoirement deux hommes : « Afin de ne pas être débordés ou attaqués, nous évitons de nous arrêter aux abords des gares ou dans des lieux de consommation de drogue. Quand une personne est agressive, nous n’insistons pas et nous retournons dans le camion. Mais en général tout se passe bien, les gens sont heureux de nous voir arriver », explique Nicolas. [...]
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