Skip to content

Sélectron : quand Gérald Darmanin était réactionnaire

Par

Publié le

1 septembre 2022

Partage

Il y a quelque temps, la ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dénonçait cette « sorte de complaisance pour l’extrême droite » s’étant installée dans le pays, et craignait l’avancement de « la bête immonde ». C’était oublié un peu vite qu’il avait lui-même un passé d’estreme-drouate. Sélectron de ses meilleurs faits d’armes réactionnaires.
darmanin

6 – Quand Darmanin était antimacroniste

Présidentielle 2017. Alors secrétaire général des Républicains, soutien malheureux de Nicolas Sarkozy rabattu sur la candidature Fillon, Darmanin fait feu de tout bois sur Macron dans une violente tribune publiée dans L’Opinion (25 janvier 2017) : « Le bobopopulisme de Monsieur Macron ». Et le petit-fils de tirailleur algérien dégaine : « Un populisme chic, avec un beau sourire, de beaux costumes, une belle histoire » qui se dit subversif alors qu’il est « le pur produit du système?: beaux quartiers, belles études, belle fortune, belles relations ». « Il promet tout, finance tout, rembourse tout » pour plaire, lui le candidat « de ceux qui réussissent et de ceux qui vont réussir ». Ce qui surprend au fond, c’est la parfaite lucidité du texte qui annonce pêle-mêle l’éclatement du paysage politique, l’instabilité institutionnelle et l’ère du mensonge généralisé. « Loin d’être le remède d’un pays malade, il sera au contraire son poison définitif ». Prophète Darmanin.

Lire aussi : Darmanin sur des épaules de néant

5 – Quand Darmanin était assimilationniste

Bras droit d’un président qui a célébré le port volontaire du voile comme un symbole féministe, Darmanin défendait jadis de toutes autres positions en la matière. En 2012, il prend la plume pour réclamer à la ministre des Sports Valérie Fourneyron « une position publique claire pour interdire le port du voile sur les terrains de football de notre pays ». La FIFA venait alors à l’unanimité d’autoriser le port du voile (ou hijab) pour les joueuses. Une mesure qui, selon lui, « porte gravement atteinte à la dignité de la femme mais également aux valeurs du sport en général ». Et de conclure : « Le risque est que cette mesure s’étende à tous les sports, professionnel comme amateur, et demain au sport à l’école ». Mais depuis, il a changé.

4 – Quand Darmanin était binaire

« La théorie du genre est absurdité absolue. Il faut s’y opposer totalement ». À la tribune du palais Bourbon en 2013, en plein débat sur les « Les ABCD de l’égalité », le député Darmanin cloue le bec du citoyen Peillon, alors ministre de l’Éducation nationale.  C’est qu’à l’époque, le futur ministre sait encore différencier un homme d’une femme, et voyait clair sur l’agenda progressiste : « Incapable de redresser économiquement le pays, le PS propose de néfastes réformes de société : vote des étrangers, mariage homo, euthanasie ». Soit à peu près tout ce que proposent ses petits camarades de gouvernement.

En 2008, il a rédigé quelques papiers pour le mensuel de la Restauration nationale, Politique Magazine. On y trouve en vrac une critique de « Mai 68 et son cortège de non-valeurs » ou de « la mondialisation avec sa cohorte de désastres (immigration massive, délocalisations, insécurité internationale…) »

3 – Quand Darmanin était hétéronormé

« #Mariage homosexuel et #adoption par les homosexuels, faut-il tout accepter sous prétexte que “la société évolue” ? » ; « Si je suis maire de #Tourcoing, je ne célébrerai pas personnellement de mariages entre deux hommes et deux femmes » ; « La loi Taubira sera abrogée, réécrite profondément ». En plein débat sur le mariage pour tous, Darmanin défendait avec panache la norme hétérosexuelle. Logique pour lui, catholique de son état ? Il semblerait plutôt que cette position, comme toutes les autres, était purement tactique (il s’en est depuis excusé et l’a expliquée par un manque d’expérience) : ainsi que le révèle Mediapart, Darmanin aurait, candidat à Tourcoing lors des municipales de 2013, participé à un dîner avec des personnalités de la communauté musulmane locale (dont le désormais célèbre Hassan Iquioussen), dîner au cours duquel il redoublait de zèle conservateur sur les questions sociétales pour aller chercher le vote musulman. Son rêve en politique : rassembler vote conservateur et vote musulman pour réussir là où Sarkozy a échoué. « Ils ont un discours volontiers “réactionnaire” en fait, bien plus en tout cas que les catholiques », ricane-t-il. Que les catholiques comme lui, sans nul doute.

2 – Quand Darmanin était souverainiste

Un temps, Darmanin fut gaulliste. Avant de se rêver des ambitions présidentielles, le jeune Darmanin a roulé sa bosse aux côtés du gaulliste Christian Vanneste, conseiller régional et député UMP dans le Nord, ancien responsable des jeunes d’Action française de Lille. Pour le journaliste Jean-Baptiste Forray, Darmanin suit alors Vanneste dans « la zone grise à la lisière de la droite et de l’extrême droite ». Se revendiquant aussi de Philippe Séguin, le jeune homme vote contre le traité européen en 2005 ! Et puis il trahit son mentor, après des sorties ayant fait polémique sur l’homosexualité (Vanneste est accusé de nier d’avoir nié la déportation des homosexuels en France durant la Seconde Guerre mondiale). Et puis il n’assuma même plus avoir été son collaborateur, arguant qu’il aurait été un simple militant bénévole dans la circonscription (alors qu’il était son attaché parlementaire, puis son directeur de campagne). Et puis il devint de gauche, destination nécessaire des intrigants.

Lire aussi : Quand Gérald Darmanin était royaliste

1 – Quand Darmanin était royaliste

Jeune homme, Darmanin fricota avec les cercles de l’Action française. Certes, il n’eut jamais sa carte chez les camelots du roi, ni ne milita, ni ne participa au grand raout estival du mouvement (le Camp Maxime Real Del Sarte), comme certaines rumeurs ont pu le laisser croire un temps. Reste qu’en 2008, comme nous le révélions, il a rédigé quelques papiers pour le mensuel de la Restauration nationale, Politique Magazine, patronné par Hilaire de Crémiers. On y trouve en vrac une critique de « Mai 68 et son cortège de non-valeurs » ou de « la mondialisation avec sa cohorte de désastres (immigration massive, délocalisations, insécurité internationale…) », un éloge du Sénat « fondé par les royalistes, fondateurs de la IIIe République, comme une sorte de contre-poids aux violences idéologiques », une attaque en règle contre la boboïsation du Parti socialiste, ou une défense de la famille traditionnelle et du petit peuple. Décidément, c’était mieux avant.

EN KIOSQUE

Découvrez le numéro du mois - 6,90€

Soutenez l’incorrect

faites un don et défiscalisez !

En passant par notre partenaire

Credofunding, vous pouvez obtenir une

réduction d’impôts de 66% du montant de

votre don.

Retrouvez l’incorrect sur les réseaux sociaux

Les autres articles recommandés pour vous​

Restez informé, inscrivez-vous à notre Newsletter

Pin It on Pinterest