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SORRENTINO VERSUS BERLUSCONI : MATCH NUL

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Publié le

9 novembre 2018

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Copyright Gianni-Fiorito DCM

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C’est le genre de film qu’on aurait tant voulu aimer. Pour son sujet, pour son réalisateur, pour son comédien. Déception.

 

Pensez donc ! Paolo Sorrentino, le réalisateur prodige du cinéma italien, celui qui, avec quelques autres (Matteo Garrone, Nanni Moretti, ou encore le vétéran toujours vert Marco Bellocchio), a su ramener le cinéma italien vers les sommets, l’ambition formelle comme les sujets audacieux ! Le réalisateur du génial Il Divo, il y a dix ans, portrait-farce hystérique et génial de l’insubmersible Giulio Andreotti, puis de La Grande Bellezza, ce remake de La Dolce Vita par temps macabres… Devant la caméra, le non moins génial Toni Servillo, incarnant ce clown aussi désolant qu’amusant, ce pitre qui synthétise la plupart des tares les plus grotesques de notre monde : Silvio Berlusconi, l’ancêtre de tous les Donald Trump du monde.

On pouvait donc, légitimement, se lécher les babines devant pareil programme. S’apprêter à admirer une fois de plus cette Italie capable d’embrasser, à bras le corps, les sujets politiques les plus dangereux et les plus contemporains, comme aux riches heures des films de Petri, de Rosi et de Scola !

 

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Las… Silvio et les autres est un long tunnel d’ennui, ponctué par quelques scènes heureuses, drôles ou touchantes. Un interminable clip où la virtuosité formelle de Sorrentino, toujours flagrante, tourne à vide. Des filles dansent à demi nues. Berlusconi se chamaille avec son épouse qui finit par le quitter. Quelques loosers du sud rêvent sur ce prince de la réussite. Et c’est à peu près tout. Servillo campe un Presidente rouillé, figé, plutôt sympathique dans le fond. Autour grenouillent quelques courtisans, des politiciens minables, et beaucoup, beaucoup de veline (on dirait plutôt bimbos, de ce côté des Alpes), plus écervelées les unes que les autres.

Parfois le film décolle, une idée fait mouche : un brave mouton, hypnotisé par les programmes de la télé-poubelle berlusconienne, meurt congelé par la climatisation d’une demeure au luxe tapageur ; plus loin, Berlusconi, renouant avec son passé de vendeur génial, appelle au cœur de la nuit des inconnus pour deviner leurs rêves, et réussir à les leur vendre (certainement la plus belle scène du film) ; à la fin, on voit L’Aquila détruite par son tremblement de terre. À part ça ? Beaucoup de fesses, mais trop peu de chair. Beaucoup de cocaïne, mais pas un gramme de romanesque.

 

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Le film, par un malheur paradoxal, souffre du retour sensible d’inspiration du cinéma italien de ces dernières décennies. Seulement, comparé à des œuvres de l’intelligence ou de l’ampleur du Caïman (Nanni Moretti, 2006), de La Belle Endormie (Bellocchio, 2012) ou même de… Il Divo, Silvio et les autres fait bien pâle figure. Comme si, voulant s’attaquer à une figure symbolique de notre ère du vide, le film avait à son tour été aspiré par le vide même.

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