Le sujet le plus brûlant de la semaine a été l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Est-ce pour vous indispensable pour que le principe de laïcité soit respecté ?
Évidemment, il n’y a aucune hésitation à avoir. Au groupe RN, nous sommes très heureux de voir que le nouveau ministre de l’Éducation national a enfin écouté ce que nous disions à son prédécesseur depuis un an. L’abaya n’est pas une question vestimentaire mais bien une question politique. Comme il s’agit d’un signe religieux, la loi de 2004 s’applique. Enfin, le ministre décide de faire appliquer la loi !
Malgré l’interdiction, 67 personnes ont refusé d’enlever leur abaya le jour de la rentrée. Comment fait-on pour sanctionner ceux qui ne jouent pas le jeu ?
La procédure est écrite dans la note de service du ministre, note adressée aux chefs d’établissement à la veille de la rentrée. La famille de l’enfant concerné doit être reçue par l’équipe de direction. On enjoint à cette dernière de respecter les lois de la République. Si ce n’est pas le cas, l’élève est présenté en conseil de discipline et c’est l’exclusion de l’établissement.
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Cette question de l’abaya a fait ressurgir l’éternel débat du port de l’uniforme. Attal a d’ailleurs annoncé qu’il était favorable à une expérimentation. Qu’en pensez-vous ?
Nous pensons que du bien de l’uniforme. Je suis l’auteur et le rapporteur de la proposition de loi visant à instaurer l’obligation du port d’une tenue uniforme d’établissement à l’école et au collège. Je pense moins de bien du fait qu’il faille l’expérimenter. Il n’y a rien à expérimenter ! Gabriel Attal reconnait qu’il y a un danger, notamment dans le port de l’abaya. Il reconnaît qu’il y a une tentative de déstabilisation de l’école de la République, que c’est une atteinte ouverte et volontaire au principe de laïcité. Nous n’avons pas besoin d’expérimenter quoi que ce soit, cela tombe sous le sens ! Avec une tenue uniforme d’établissement, il n’y a plus de possibilités de porter un signe extérieur d’appartenance religieuse ou politique.
Concrètement, à quoi sert l’uniforme ?
L’uniforme a plusieurs fonctions. D’abord, symbolique. Il signifie que lorsqu’un enfant ou un adolescent franchi le seuil de son école, il change de statut. Il n’est plus l’enfant d’un milieu, d’une famille ou d’une communauté, il est un élève de l’école de la République. Symboliquement, il change de nature. Il faut refuser le « venez comme vous êtes » de McDonald’s, où chacun vient avec tous les signes extérieurs, de richesse ou de pauvreté, d’appartenance à telle ou telle obédience. L’école de la République ne reconnaît que des élèves et a l’ambition d’en faire des citoyens français capables d’exercer leur libre arbitre.
Ensuite, pratique. Il permet de gommer les différences. Cela permet de mettre un terme à la course aux tenues les plus fashion. Enfin, cela règle définitivement les problèmes d’abaya de qamis et autres tenues religieuses, en l’espèce islamistes. Il n’y a que des avantages.
Autre annonce, le report des dates du baccalauréat de mars à juin…
De cette annonce, ce cher monsieur Attal en fait tout un plat comme si c’était la réforme des réformes alors qu’elle n’est que la correction d’une erreur d’appréciation manifeste de messieurs Blanquer et Ndiaye. Ils n’avaient pas anticipé le fait que si les élèves de terminale ont leurs principales notes en mars et leur baccalauréat en poche, alors ils ne viennent plus en cours. C’est ridicule. On a tué le troisième trimestre alors qu’il était déjà en piteux état. Cette mesure technique et non politique est la bienvenue.
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Le salaire des professeurs revalorisé dès septembre, une mesure indispensable pour permettre de rendre le métier plus attractif ?
Certes, c’était indispensable mais je ne suis pas sûr qu’un salaire de 2 000 € par mois soit très attractif pour les jeunes professeurs qui habitent en région parisienne. C’est ce que gagne un gardien de la paix. Il y a un progrès, le nier serait malhonnête mais c’est très insuffisant. D’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une augmentation indiciaire mais d’une augmentation qui porte sur les indemnités des suivis des élèves. Elle n’est même pas comptabilisée pour la retraite ! Augmentez de 10 % le salaire de quelqu’un alors qu’il y a une inflation de 6 %, pour moi, cela revient à l’augmenter de seulement 4 %, c’est-à-dire une misère.
Toutes ces mesures semblent aller dans le bon sens. Pensez-vous qu’il s’agit d’un simple plan de communication ou d’une manière pour Gabriel Attal d’imposer sa marque de fabrique ?
Je pense qu’après les émeutes, Emmanuel Macron s’est rendu compte qu’il y avait un grave problème éducatif dans notre beau pays, notamment de transmission des valeurs. C’est pourquoi, il a fait de l’Éducation, au même titre que la Défense et les Affaires étrangères, un domaine réservé du chef de l’État. Ce qui est assez inouïe dans l’histoire de la Ve République. Cela dit, ce que fait Gabriel Attal est très en-dessous de la main. Il n’a aucune pensée éducative stratégique. Ça viendra peut-être… Il n’y a pas de pensée mais des pansements. Il met des rustines sur un corps gravement malade et ça ne le sauvera pas. Ce n’est pas avec une heure de soutien en plus en classe de sixième qu’on a un choc des savoirs. Il ne craint pas les mots et a le sens de la formule. En clair, du côté du chef de l’État, on voit le problème et du côté de Gabriel Attal, on fait de la communication.