La France vit des heures graves. Il semble que notre pays soit tellement divisé, qu’il soit prêt à basculer dans une forme de guerre civile avec son cortège de haines et de malheurs. Les premiers responsables sont la classe politique, partant le gouvernement.
En cause, évidemment, une politique injuste qui dure depuis quarante ans maintenant. Enchaînée à la technostructure européenne et à ses dogmes budgétaires et financiers, la France a laissé sur le bord de la route nombre de ses enfants devenus pauvres, déclassés, délaissés. Dans pareil contexte socio-économique, la moindre goutte d’essence peut mettre le feu aux poudres et entrainer l’irréparable. Levés contre l’augmentation des taxes sur les carburants, les « Gilets Jaunes » ont étendu leurs revendications au fonctionnement de notre société entière. Désormais, ils remettent tout le système en question le désespoir en bandoulière et le court terme comme seul horizon. Ce même système aveugle, dont Emmanuel Macron est devenu l’emblème, qui a participé de la destruction de la cohésion sociale, de la fraternité, jusqu’à s’attaquer à l’être profond de la France.
En cette heure grave, j’en appelle solennellement à la responsabilité en appelant les manifestants au calme, en maintenant le cap de départ et en lui donnant encore plus de force : vivre dans la dignité, réduire les injustices et redonner de la fierté à tous les Français dans un esprit de fraternité française et de respect des institutions.
Je comprends et soutiens le mouvement des Gilets Jaunes depuis le début, car leurs préoccupations sont miennes, mais j’ai aussi le souci de l’intérêt général de la France et des Français. Oui, il faut manifester pour transformer totalement la France, tant son fonctionnement institutionnel que son économie. Pour y arriver, l’insurrection anarchique et la violence ne sauraient être des solutions. Ce serait même la pire des solutions. Je constate, malheureusement, que jusqu’à présent mes concitoyens n’ont pas eu d’autres choix que de descendre dans la rue pour se faire écouter. Puisque personne ne leur parle ou ne les entend. Par son arrogance technocratique Emmanuel Macron a nourri le désespoir, n’accordant son écoute, et encore on peut s’interroger, qu’après avoir constaté la détermination d’un peuple abandonné par son élite et ses représentants. Cela en dit long sur l’état de notre pays, où seule la rue peut attirer l’attention des puissants. C’est d’ailleurs pour cette raison que les banlieues font l’objet de tant d’égards depuis trente ans de la part des pouvoirs publics, incapables de garantir l’ordre public en achetant la paix civile à grands coups de milliards.
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Nous vivons une crise sociale, territoriale, morale, identitaire et économique profonde. J’en ai plus que conscience et je le dénonce depuis longtemps. Toutefois, je suis un homme politique responsable. Notre ère si troublée porte en elle les germes d’un chaos d’une ampleur inouïe, qu’alimentent des ultras de tous bords rêvant d’un « grand soir » illusoirement porteur de mieux vivre. Certains meneurs, présents sur les plateaux TV sont par exemple d’anciens candidats LFI aux législatives ou sont membres de groupes d’extrême-gauche aguerris à l’infiltration et à la récupération. On peut voir sur certains barrages des zadistes de tous poils commencer à pointer le bout de leur nez pour semer la division et le chaos. Au sein des cortèges des « gilets jaunes », gagnés quelquefois et malgré eux aux idéaux de la gauche faussement démocratique, se trouvent aussi des voyous purs et durs, parfois des islamistes bien identifiés. Ainsi de T.M, Aveyronnais « fiché S » qui a fait de la prison pour entreprise terroriste au Maroc, arrêté dans un groupe de 6 casseurs à Albi et condamné à une peine dérisoire par des juges irresponsables.
Les « Gilets jaunes » de l’origine, que je vois depuis le départ, sont issus de tous les bords politiques et de toutes les classes sociales. Ils ne s’associent pas à pareils individus qui profitent des difficultés majeures de notre pays pour semer le chaos et tenter de récupérer la colère légitime des oubliés de la République. L’exaspération des « gilets jaunes » est présentement récupérée par de faux prophètes rouges, verts ou bruns prêts à tout pour en découdre et nourrir leur entreprise révolutionnaire.
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En cette heure grave, j’en appelle solennellement à la responsabilité en appelant les manifestants au calme, en maintenant le cap de départ et en lui donnant encore plus de force : vivre dans la dignité, réduire les injustices et redonner de la fierté à tous les Français dans un esprit de fraternité française et de respect des institutions.
Aller manifester est un droit et une garantie pour tous, et les « gilets jaunes » sont libres. Leur mouvement aura bouleversé les certitudes d’une caste rétive aux aspirations populaires, loin des lois des marchés financiers et d’une mondialisation dépourvue de toutes valeurs humaines. Et c’est déjà une grande victoire qu’ils ne doivent ni aux syndicats, ni aux partis, ni aux élites. C’est un signe important pour les inévitables changements institutionnels de l’après crise et la juste représentativité des idées, des opinions et des citoyens qui devra s’imposer. La Démocratie doit demeurer rester le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Ce Président et cette majorité arrivent à une fin de cycle. Le temps est venu de changer radicalement la politique à l’œuvre dans notre pays, en redonnant la parole à ceux qui n’ont jamais été écoutés, en mieux redistribuant les richesses et en renouant avec la véritable grandeur de la France. Seul le suffrage est légitime et un retour aux urnes dans un système mieux représentatif est souhaitable.
Le pouvoir politique dans ses avatars de gauche ou de droite porte une immense responsabilité dans cette situation. Il a, par ses reniements et ses mensonges, par son entêtement coupable et sa politique désincarnée, allumé un feu qui couvait depuis plusieurs mandats qu’il ne pourra éteindre sans prendre des mesures d’ampleur. Nous devons sortir par le haut de ce moment historique. Je fais confiance au peuple de France pour aller de l’avant fidèle à notre devise Liberté, Egalité, Fraternité.