L'époque fourmille de discours sur le retour du religieux. Mais est-il possible de croire encore aujourd'hui ? Et si oui, à quel Dieu se vouer ?
Comment décrire le moment contemporain en termes d’évolution religieuse ? Il faut entendre par « moment contemporain » les soixante-dix dernières années, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, 1945 et 1989 représentent des dates significatives en la matière, comme on va le voir.
Un regard d’ensemble sur l’état de nos religions montre des évolutions liées aux transformations des mentalités. La religion traditionnelle, celle qui a structuré l’Occident et lui a donné sa cosmogonie puis sa culture tout entière, le judéochristianisme, évolue naturellement au gré de l’évolution des sociétés et de leurs modes d’être. Elle trouve à l’intérieur d’elle-même les formes qui correspondent le mieux aux besoins du temps. C’est ainsi qu’aujourd’hui, comme on sait, le catholicisme décroît au profit du protestantisme et plus particulièrement de l’évangélisme. Ce dernier répond davantage à l’individualisme généralisé et à l’irrationalisme qui confère valeur cardinale aux émotions.
Mais ces évolutions ne représentent que des phénomènes secondaires au sein d’une évolution plus générale et beaucoup plus profonde. Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui, il faut remonter à l’époque des Lumières, et décrire le passage crucial de la modernité à la postmodernité. Les Lumières racontent la mise en doute, et en pièces, de la foi monothéiste qui a forgé ce continent (et plus tard les deux Amériques). Il est probable d’ailleurs que cette mise en doute couvait sous la cendre depuis des siècles et que nombre d’écrivains chrétiens avaient abandonné sans le dire la foi de leurs ancêtres – mais ceci est une autre histoire. La substance de la modernité, et sa conséquence, c’est l’effacement progressif (...)
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