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Un mois après la visite à Paris de Monsieur Erdogan, c’est le tour de Rome de recevoir le Sultan de Turquie. Retour sur un évènement crucial pour l’avenir des Chrétiens d’Orient et la stabilité de la région.
La dernière fois qu’un Président turc rendait visite au Pape, c’était en 1959, lorsque Celâl Bayar rencontrait Jean XXIII. Le « Bon pape » bergamasque connaissait bien la région où il avait exercé auparavant le rôle de délégué apostolique en Turquie durant la seconde guerre mondiale.
Le passé récent laisse imaginer un cadre de relations plutôt tendu. Erdogan avait invité le pape François à Ankara en novembre 2014. Mais le message qu’il avait prononcé aux côtés du président turc ne fait ni chaud ni froid à Erdogan. Musulmans, juifs et chrétiens doivent jouir des mêmes droits et respecter les mêmes devoirs, avait affirmé le Souverain Pontife.
Le 12 avril 2015, l’Évêque de Rome récidive au cours d’une messe célébrée place Saint-Pierre. Il tient alors des propos très forts en présence du président arménien, Serž Sargsyan, et du suprême Patriarche des arméniens, Karekin II. Notre humanité – dit-il – a vécu pendant le siècle passé trois tragédies inouïes : le génocide arménien, le nazisme et le stalinisme. Erdogan fait alors pression sur le Pape pour qu’il ne répète plus une telle « erreur ». Car les Turcs refusent toujours l’utilisation du terme génocide et minimisent les faits historiques qu’on leur reproche.
La question arménienne a provoqué plusieurs brouilles diplomatiques. En effet, le 14 avril dernier, le Parlement Européen a reconnu le génocide des Arméniens et salué les paroles fortes du pape François. Pour une fois, les hommes politiques européens retrouvent leurs origines chrétiennes. Auparavant, le 2 juin 2016, le Bundestag avait reconnu le Medz yeghern, – le grand crime contre les Arméniens -, perpétré par les Turcs.
En juin 2016, c’est aussi au tour du Pape d’aller en Arménie et de visiter le mémorial aux victimes à Yerevan, le Dzidzernagapert. Au même moment, l’ambassade turque en Italie riposte en organisant une commémoration en l’honneur du diplomate Taha Carim, ambassadeur turc assassiné à Rome en 1977 par l’ASALA, Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie. Les relations diplomatiques entre Ankara et le Vatican sont alors au plus bas. Mais, en juillet 2016, Erdogan doit se concentrer sur la tentative avortée de coup d’État et ses priorités changent. Contraint de se débarrasser des séditieux qui tentent de le renverser, il fait passer au second plan la politique étrangère.
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Erdogan renforce son poids politique interne par la victoire au referendum constitutionnel d’avril 2017 et tente désormais de se présenter à la communauté internationale comme un recours providentiel pour résoudre les conflits au Moyen-Orient. L’objectif de sa visite à Rome est clair, il veut être considéré comme un homme de paix et de médiation au Moyen-Orient. Son but est de devenir un point de liaison entre les alliés de l’OTAN d’un côté et la Russie, l’Iran et la Syrie, de l’autre. Mais son chantage reste celui des dernières années : faire pression sur l’Union Européenne pour accéder au marché unique en la menaçant de laisser partir du sol turc les réfugiés syriens.
L’objectif de la visite d’Erdogan à Rome est clair, il veut être considéré comme un homme de paix et de médiation au Moyen-Orient.
Finie l’offensive contre Daesh, Erdogan a déjà trouvé son nouveau front et bombarde les combattants kurdes près d’Afrin, à 50 km au nord de Alep. À l’aéroport d’Istanbul avant de décoller pour Rome, il annonçait fièrement les résultats des opérations militaires dans la région : « 935 terroristes ont été neutralisés ». Les combattants des unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD) syrien, sont-ils lâchés par l’OTAN? Ils ont été armés et formés par les Américains hier et sont aujourd’hui bombardés par les Turcs. C’est le cynisme de la Realpolitik.
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Après avoir évoqué la question des droits de l’homme, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés au Moyen-Orient, le Pape a offert à Erdogan un médaillon avec l’image de l’ange de la paix qui étrangle le diable de la guerre. François a rappelé à Erdogan le besoin de défendre les minorités religieuses en Turquie, notamment les populations chrétiennes de plus en plus marginalisées, qui, selon les déclarations de l’évêque d’Anatolie Monseigneur Bizzeti, subissent continuellement des attaques. Par exemple, la veille de la visite d’Erdogan au Vatican, un dispositif incendiaire a été jeté contre une église à Trebizonde. C’est dans ce contexte précis que se sont déroulés les assassinats de prêtres Luigi Padovese en 2010 et Andrea Santoro en 2006 par des fanatiques islamistes. Des assassinats qui devraient nous faire réfléchir en Europe sur les conditions de vie des Chrétiens d’Orient.
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