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Vous n’aurez pas Maïwenn

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28 octobre 2020

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Avec ADN, son sixième film, l’actrice-réalisatrice Maïwenn s’essaye au mélodrame familial en s’inspirant – ô surprise – de sa propre histoire, et irrite autant le spectateur que son nombril à force de se l’astiquer.

N'y voyez surtout pas là un film autobiographique. Elle refuse ce terme « réducteur et inadéquat » tout en avouant que « le personnage de mon grand-père ressemble au mien […], tout comme mon personnage et le film d’ailleurs » Tout comme le personnage de son père, breton et vietnamien, et tout aussi affreux si l’on en croit ses témoignages. Le personnage de sa mère ressemble encore à sa mère qui serait aussi violente et névrosée que celle du film. Soyons honnêtes, Maïwenn n’est pas la première à avoir puisé son inspiration dans sa propre existence, et cette méthode peut s’avérer très concluante comme l’ont prouvé Tarkovski et son Miroir (1975), Nanni Moretti avec son Journal Intime (1993), Guillaume Gallienne avec Les Garçons et Guillaume à Table (2013). De telles références seraient écrasantes, heureusement pour elle, Grand Corps Malade s’y est lui aussi essayé avec son indigeste Patient (2017).

https://www.youtube.com/watch?v=mY59W8nBExg

On pouvait alors aisément différencier le talent et l’esbroufe, l’ouverture à l’universel et la limitation au nombril. Le cas Maïwenn, lui, divise encore, faut-il croire, puisque certains aperçoivent du Cassavetes dans son cinéma. Nous, à L’Incorrect, on n’a toujours pas saisi le rapport… ADN s’ouvre sur un rassemblement de famille. C’est encore autorisé, la Covid n’est pas encore passée par là. Émir, le patriarche algérien, que sa famille entoure pour son anniversaire, a mauvaise mine, il est atteint d’Alzheimer. Parmi ses petits-enfants, Neige/Maïwenn est sur tous les plans. Divorcée et mère de trois enfants, elle déteste ses parents, eux-mêmes divorcés et affreusement toxiques. C’est son grand-père qui l’a élevée, il est son pilier. Une fois cela posé, la mise en scène patine, les dialogues sonnent faux et l’on regarde déjà sa montre autant que la toile. Heureusement pour nous, Émir meurt et Maïwenn réajuste un peu la mire, s’oubliant le temps de quelques scènes, esquissant même une chorale familiale stimulante (lorsqu’il faut parler du choix du cercueil: bois noble ou carton? « On ne va pas faire pousser un arbre pour le brûler », dit l’un; « mais le carton n’est pas écologique! », répond l’autre).

Ça gueule, ça rit, la réalisatrice fait entrer toute sa famille dans le cadre et, miraculeusement, ce cadre déborde de vie, d’autant que la rapidité du montage ofre au flm une nervosité bienvenue et que les répliques claquent (Louis Garrel se montre décidément à l’aise dans le registre comique). Puis les confits familiaux explosent soudain et Fanny Ardant dégage littéralement sa fille au moment où elle doit prononcer un éloge funèbre. Pourtant, une fois le grand-père sous terre, Maïwenn revient à ce qu’elle préfère : parler d’elle. Et l’on s’emmerde à nouveau. Maintenant Neige souffre, alors elle part en quête d’elle-même. Elle se rêve en Algérienne mais son test ADN ne confirme pas ses envies. [...]

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