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L’Amérique sombre

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Publié le

31 mai 2020

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L’Amérique peut très rapidement sombrer dans la violence extrême, laquelle lui est consubstantielle. Cette fois-ci, il aura fallu la bavure du policier Derek Chauvin de Minneapolis, coupable d’avoir tué un homme noir du nom de Georges Floyd au cours d’une interpellation pour une peccadille, pour que les Etats-Unis sombrent dans le chaos le plus total. Rappelant les émeutes de Los Angeles de 1992 ou celles de Detroit dans les années 1960, tout en s’en démarquant fortement par certains aspects, les événements de cette fin mai 2020 sont tout sauf anecdotiques.

 

Les images qui nous parviennent des métropoles américaines pourraient nous faire penser que les Etats-Unis ont décidé d’inaugurer la grande « purge » des films du même nom. Incendies, lynchages publics, armes automatiques exhibées dans la rue, déclarations criminelles de responsables politiques et hystérie raciste sont désormais le lot des Etats-Unis confinés par la pandémie, à quelques mois à peine des prochaines élections présidentielles. Révoltés, les Afro-Américains le sont depuis déjà plusieurs années, ce dont témoigne l’émergence puis la résilience au long cours du mouvement Black Lives Matters, apparu après la mort du jeune noir Freddie Gray à Baltimore en 2015. Paradoxalement, Freddie Gray fut la victime de six policiers … parmi lesquels se trouvaient trois Afro-Américains.

 

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L’Amérique s’est fracturée. Autrefois, son patriotisme civique parvenait bon gré mal gré à unifier ce peuple unique, fruit d’une volonté d’émancipation politique inédite dans l’histoire des hommes. Il semblerait que cela ne soit plus le cas. L’opposition entre les Démocrates et les Républicains atteint des proportions rarement vues, divisant les Américains en des catégories antagonistes prêtes à en découdre. La violence de la campagne ayant vu s’affronter Donald Trump à Hillary Clinton a laissé des traces, réveillant de vieux démons enfouis dans l’inconscient de la superpuissance. Ajoutons que la gauche universitaire  -qu’on trouve notamment à Berkeley – n’a cessé d’attaquer l’Amérique historique, la questionnant et la déconstruisant. Elle en a fait le siège et l’aboutissement d’un patriarcat occidental ontologiquement mauvais, oppresseur par nature.

Cette nouvelle dialectique révolutionnaire a donc accouché naturellement d’un monstre, les « blancs » devenant ce qu’étaient autrefois les nobles durant la révolution française dans l’esprit d’une bonne partie de la population, y compris d’origine européenne. Un tweet d’une certaine Nola Darling (pseudonyme inspiré du film de Spike Lee) demandant à ne pas « brûler les commerces détenus par des noirs », tout en sous-entendant sournoisement qu’il n’y avait aucun mal à s’attaquer aux autres, a ainsi recueilli 155.000 « likes ». Pourtant, c’est bien plus le système policier et judiciaire américain qui est en cause qu’un hypothétique « racisme systémique ». Minneapolis est une ville dirigée par un démocrate progressiste du nom de Jacob Frey, de même que l’Etat du Minnesota. Par ailleurs, le chef de la police est un afro-latino répondant au nom de Medaria Arradondo.

 

Pourtant, c’est bien plus le système policier et judiciaire américain qui est en cause qu’un hypothétique « racisme systémique ». Minneapolis est une ville dirigée par un démocrate progressiste du nom de Jacob Frey, de même que l’Etat du Minnesota. Par ailleurs, le chef de la police est un afro-latino répondant au nom de Medaria Arradondo.

 

Oui, la police américaine est violente et l’a toujours été. Elle est à l’image de cette société, dont toutes les composantes le sont à leur manière. Les « progressistes » par moins que les partisans de Donald Trump, affichant ostensiblement leur mépris de l’Amérique rurale de la Bible Belt, dépeinte à longueur de films comme un conglomérat de ploucs consanguins. Les blancs sont d’ailleurs eux-mêmes victimes de cette violence policière. En 2017, une femme appelée Justine Damond avait été tuée par un policier après être sortie de chez elle à pieds en demandant de l’aide. Elle avait appelé la police pour finir abattue. Il n’y avait pourtant pas eu d’émeutes.

Il est vrai que les Afro-Américains sont plus susceptibles proportionnellement de mourir assassinés que les autres communautés. Cela s’explique aussi par la forte criminalité de cette population. En la matière, les statistiques sont édifiantes. Selon le Pew Research, les Afro-Américains constituent 33 % de la population carcérale alors qu’ils ne sont que 12 % de la population générale. Comme l’explique l’économiste Thomas Sowell, les Afro-Américains naissent aussi beaucoup plus largement dans des familles monoparentales que les autres. Il s’agit d’une population dépendante des aides sociales, abusée par les discours d’une gauche culturelle qui n’a finalement rien fait pour elle.

 

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Le poète Gill Scott Heron pensait que la révolution « ne serait pas télévisée ». Il avait raison, les révolutions sont d’abord spirituelles. Le déclin de l’Amérique est perceptible dans sa production artistique, toutes catégories ethniques confondues. Où sont passés les Dylan, Coltrane, Curtis Mayfield ? Remplacés par des panneaux publicitaires vivants. C’est aussi le malheur des Afro-Américains, dont les représentants dans les domaines du spectacle et du sport cachent la faible influence économique et sociale de la majorité. Le poids de la culture afro-américaine excède largement la réalité de cette communauté, moins importante démographiquement et politiquement que dans les années 1970.

Rehoming d’enfants abandonnés puis vendus à la télévision, usage massif d’opiacés, groupes d’indigents massés dans des ghettos ethniques ou des parcs de caravanes, tueries de masse en milieu scolaire, dérives délirantes des « progressistes », apparition de groupes antifas émeutiers sur le modèle européen, bigoterie : le visage renvoyé par ce pays est sordide. L’Amérique de l’esprit, celle de Mark Twain, a cédé le pas à l’Amérique des petits esprits. C’est une idiocratie systémique qui naît en direct sous nos yeux. Mais ne soyons pas fanfarons, nous aurons tôt fait de les rattraper … et peut-être n’avons-nous déjà rien à leur envier.

 

Gabriel Robin

 

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