La modernité féministe utilise des réalités périodiques pour en déduire des fausses généralités. Oui, les pères du XIXe siècle étaient violents, ils avaient la mainmise sur toutes les décisions de leurs femmes et de leurs enfants. En partant de cet état de fait qui a bien existé, tout le monde pourrait s’en sentir choqué et comprendre absolument la création de mouvements dits « féministes ». Seulement voilà, le père du XIXe est-il le père en général ? N’est-il pas le produit de ce que l’on pourrait nommer « un patriarcat dégénéré »?
Le siècle de Zola est une conséquence directe de la Révolution française et de ses principes. En coupant la tête du roi, ce sont tous les pères de famille qui sont décapités comme l’a dit Balzac. Ils le sont symboliquement, certes, mais ils le sont aussi religieusement. La partie transcendante de la figure paternelle s’en est allée, il ne reste plus qu’une forme de pourfendeur d’autorité sans condition, un chéquier sur pattes. De ce fait, il y a ce que René Girard nommait une crise mimétique qui s’instaure dans la famille. Le désir n’étant plus contenu par le religieux, les deux figures familiales que sont le père et la mère vont s’entredéchirer dans une lutte à mort pour le pouvoir sur les enfants, sur les idées, l’éducation ; ou de nos jours sur les sorties ou la télécommande. Ne reste plus qu’une virilité contre une féminité, les mots de « père » et de « mère » n’ont plus leur place dans ce système indifférencié. C’est donc, logiquement, une dégénérescence d’un concept pourtant bien connu en France.
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Alors comment définir le patriarcat ? Voici la définition que nous proposons dans notre ouvrage Ce sang qui nous lie, le patriarcat c’est « un père dans la famille, un père pour la nation, un père au ciel ». Ces trois niveaux en concordance permettent à la fois l’absence de violence puisque chaque père doit rendre des comptes, réels ou symboliques, à celui du dessus ou de dessous, et parce que cette architecture oblige à la complémentarité. D’abord le père de famille, que serait-il sans la mère de famille ? Un homme oui, un père non. Ainsi, la symbolique de la croix semble adéquate pour définir cette union de deux supériorités. La partie verticale c’est le père, enraciné dans la terre de ses pères, dans son « pays », sa région. C’est la partie basse. La partie haute le renvoie, comme le dit saint Thomas d’Aquin, en lien direct avec Dieu le Père. Être un père c’est avoir une assise solide et ancrée, mais c’est aussi (et surtout) être un imitateur de Dieu notre Père. Pour faire une croix, il faut deux barres. Ainsi, la partie horizontale incarne cette fois-ci les choses plus « mater-iel ». La mère de famille est la reine du foyer depuis au moins le XIe siècle comme nous l’apprend la grande historienne Régine Pernoud. Elle gère les choses concrètes et matérielles, l’éducation des enfants, la transmission des mœurs, et en cela elle n’est pas inférieure au père. Elle est son complément. Il n’y a plus ici indifférenciation, mais incarnations. Avis aux virilistes à la mode sur internet. [...]
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