Pour quelle(s) raison(s) le marché européen de l’électricité indexe-t-il le prix de l’électricité sur le prix du gaz ?
Les caractéristiques techniques (non stockable) et économiques (sources diverses aux prix fixes et variables très différents) de l’électricité sont peu compatibles avec un marché concurrentiel classique. Jusqu’au milieu des années 1990, l’électricité relevait dans la plupart des pays européens d’entreprises publiques non concurrentielles (aussi appelées « monopoles naturels ») contrôlant l’ensemble de la chaîne (production/transport/distribution). Ce modèle permettait de s’affranchir du prix marginal de la dernière source (aujourd’hui le gaz) et de proposer au consommateur un prix moyen régulé tout en garantissant une production rentable et continue.
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L’idée de remplacer les monopoles naturels par un grand marché européen date du milieu des années 1980. Importée du Royaume-Uni, elle conduisit en 1986 à l’« acte unique » : les électrons pouvaient désormais circuler en toute liberté entre pays voisins tandis que leur prix était négocié en continu (toutes les demi-heures) suivant les demandes journalière et saisonnière. Mais, en multipliant les fournisseurs alternatifs dans un marché concurrentiel, la libéralisation des marchés imposa de facto l’alignement des prix non plus sur les coûts moyens mais sur le coût marginal de la dernière source appelée. S’il n’en était pas ainsi, elle ne serait jamais appelée ce qui induirait des coupures récurrentes lors des demandes de pointe. Cette loi dite « de l’ordre du mérite » est en quelque sorte une « assurance tous risques » permettant dans un marché ouvert de se prémunir de tout blackout.
Qu’est-ce que le mécanisme de l’ARENH ? Par qui et dans quelles conditions a-t-il été voté ? Quelles conséquences a-t-il eu sur notre fleuron national de l’énergie, EDF ?
Une fois le grand marché européen mis en place, chaque État-membre adapta son modèle. En bon pays jacobin, la France tenta d’unir public et privé à travers le « mariage de la carpe et du lapin ». En pratique, EDF n’ouvra que faiblement son capital au privé mais surtout conserva dans son escarcelle le nucléaire (70% de la production d’électricité en France !) considéré comme stratégique par l’État. [...]
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