Skip to content

FILMS 2018 : LE TOP / FLOP DE L’INCORRECT

Par

Publié le

26 décembre 2018

Partage

retro film 2018

[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1545839769568{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]

Sur les traces des Kirgizes, des panneaux de la vengeances, le premier western de Jacques Audiard, une mademoiselle de Joncquières perfide, le retour de Paul Thomas Anderson ou encore la version #MeToo de la série Océan’s…C’est parti pour les tops et les flops.

Par Arthur de Watrigant

 

LES TOPS

 

CENTAURE

De Aktan Arym-Kubat avec Aktan Arym-Kubat, Nuraly Tursunkojoev, Zarema Asanalieva

Dans un village du Kirghizistan, une nuit, un cheval de valeur est dérobé à un riche propriétaire. Rapidement les soupçons se portent sur Centaure, voleur de père en fils, même si celui-ci semble s’être rangé depuis qu’il a eu un fils.

Aktan Arym-Kubat nous emmène sur les traces des Kirghizes, peuple au passé glorieux, aujourd’hui menacé tout autant par un islamisme conquérant que par la modernisation de la société. Son personnage principal, qu’il incarne lui-même à l’écran, a l’innocence et la grâce de certaines figures dostoïevskiennes, et sa caméra l’élégance et la puissance de John Ford. Si son film s’ancre dans cette poudrière kirghize où s’entrechoquent langues, coutumes et dogmes, Centaure rejoint une dimension universelle et prolonge son écho bien au-delà des montagnes sublimées. Au démonstratif, le réalisateur préfère la suggestion d’une simple main posée sur une épaule ou d’une ombre qui s’échappe du lit familial. Sa caméra précise alterne avec maestria moments contemplatifs, burlesques ou tragiques jusqu’à conférer au film une aura mythique. Un joyau d’intelligence et de finesse

 

LES FRÈRES SISTERS 

De Jacques Audiard avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly

Charlie et Elie Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels comme celui d’innocents, et n’éprouvent aucun état d’âme à tuer. Les voici engagés par le Commodore pour trouver et tuer un homme. De l’Oregon à la Californie, une traque implacable commence alors, parcours initiatique qui va éprouver le lien qui les unit.

Jacques Audiard connaît ses classiques : respectueux du genre, il offre au spectateur le plaisir de retrouver tout l’univers codé du western, de longues chevauchées entre plaines et forêts, des décors de villes en construction propices aux duels, des scènes intimistes de bivouacs – autant de clins d’œil en hommage au plus cinématographique de tous les genres. Mais le cinéaste français aime aussi les ruptures de ton. Ses frères Sisters (surprenant John C. Reilly) prennent le temps de se parler d’héritage et d’avenir et, ainsi, dévoilent un peu de leur âme. Sales, alcooliques, à la fois pieds-nickelés dans un monde moderne qui les dépasse et tueurs impitoyables, ces brutes sanguinaires sont sublimées par Audiard, et, tels des enfants, ils s’émerveillent devant une chasse d’eau ou pleurent la mort d’un cheval. Du déclin d’Arthur Penn aux crépuscules de Peckinpah, le cinéaste français garde du western post-moderne la confrontation du monde sauvage et d’un monde civilisé aux mains des puissants. Cependant, il transpose le péché originel de la conquête de l’Ouest à travers une histoire familiale très personnelle. « Le cinéma, c’est la durée »,expliquait le critique Serge Daney : justement, le réalisateur français l’étire indéfiniment, cette durée, pour mieux élaborer sa tension dramatique, et alors qu’arrive la confrontation finale, le film, soudain, bifurque. Dans un plan séquence final remarquable qui semble à la fois répondre et faire écho au dernier plan de La Prisonnière du désert ( John Ford), Audiard ouvre une nouvelle voie surprenante. Son crépuscule est chargé de lumière et offre un horizon moral: le ré-enracinement comme rédemption.

 

MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES

 D’Emmanuel Mouret avec Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz

Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère.

Avec ce premier film en costumes, adapté d’un récit de Diderot, Emmanuel Mouret poursuit sa longue exploration du marivaudage amoureux débuté en 1999 avec Promène-toi donc tout nu ! D’une écriture remarquable, le réalisateur s’efface derrière cette gymnastique des mots que seule notre langue sublime – « Mais sait-on où se cache le cœur, le vôtre est si plein d’esprit, que l’on pourrait se tromper » – pour mieux dévoiler les chemins sinueux du sentiment, écartelé entre raison et passion. A mi-chemin entre la cruauté de Laclos et le truculent de Guitry, Mouret alterne avec grâce des plans fixes précis comme des toiles de Fragonard et des plans-séquence débordant de vie. S’il ne juge jamais ses personnages, le cinéaste français porte un regard aiguisé sur une société qui n’a guère changé : « Si aucune âme juste ne tente de corriger les hommes, comment espérer une meilleure société ? » expliquera madame de La Pommeraye. La vertu n’est jamais là où l’attend. Brillant et délicieux.

 

 

PHANTOM THREAD

De Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville

Dans le Londres glamour des années 50, le célèbre couturier Reynolds Woodcock et sa sœur Cyril sont au cœur de la mode britannique, habillant la famille royale, les stars de cinéma, les héritières, les mondains et les dames dans le style reconnaissable de la Maison Woodcock.

 Avec Phantom Thread, Paul Thomas Anderson poursuit sa trilogie débutée avec There Will Be Blood sur l’homme tyran masochiste avec un art de la surprise délicieux. Comme Woodcock (Daniel Day-Lewis, le plus grand acteur de sa génération) aime dissimuler des petits messages dans les doublures des robes qu’il confectionne, le réalisateur américain s’amuse à cacher la perversité de son histoire derrière son cinéma aussi sophistiqué qu’élégant. D’un postulat romantique teinté d’un classicisme anglais à la Jane Austen, Paul Thomas Anderson amène habilement son film vers le thriller psychologique machiavélique hitchcockien pour mieux explorer les âmes et les comportements. Chez Paul Thomas Anderson, tout n’est que rapport de force, où les dominés finissent pas dominer. C’était la relation père/fils de There Will Be Blood, c’est la relation maître et muse ici. C’est retors, romantique, passionnel et névrosé à la fois. En somme, une histoire d’amour de psychopathes mais d’une audace folle où une simple scène de repas se révèle bien plus puissante que mille déclarations d’amour et bien plus funeste qu’une mise à mort.

 

3 BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE

De Martin McDonagh avec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell 

Après des mois sans que l’enquête sur la mort de sa fille, violée et laissée à l’agonie, ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l’entrée de leur ville.

On le sait depuis Bons baisers de Bruges, Martin McDonagh aime traiter de sujets bizarres. Il oscille entre comédie et tragédie, teinte son cinéma d’ambiances baroques et maîtrise aussi bien l’humour british que l’esthétique crépusculaire de Peckinpah. Avec 3 Billboards, le réalisateur britannique monte encore d’une marche parce qu’il parvient à mettre son savoir-faire au service d’un vrai sujet : la nature humaine. Toujours sur une ligne de crête, le film, comme les personnages qu’il présente, est une poudrière de rage et d’émotion parvenant à faire alterner avec maestria comédie noire et drame, sentiment de l’absurde, rire et violence. Ses ruptures de ton, jamais gratuites, nuancent son propos, pour mieux ébranler nos certitudes, jouant avec l’illusion de l’image, pour pousser le spectateur à aller au-delà des apparences. Brillant.

 

Lire aussi : Série 2018, le top/flop de L’Incorrect

 

LES FLOPS

 

LES FILLES DU SOLEIL

De Éva Husson avec Golshifeh Farahani, Emmanuelle Bercot, Zübeyde Bulut

Au Kurdistan, Bahar, commandante du bataillon « Les Filles du Soleil », se prépare à libérer sa ville des mains des extrémistes, avec l’espoir de retrouver son fils. Une journaliste française, Mathilde, vient couvrir l’offensive et témoigner de l’histoire de ces guerrières d’exception.

« Heureux les méprisés! », pense-t-on en sortant de cette souillure, car il y a bien pire que d’être ignoré. Il faut supporter écriture inclusive, refus de nommer l’ennemi, au point même, d’inverser les codes vestimentaires (les méchants ont la barbe taillée et les gentils l’ont hirsute), des monologues putassiers et un pathos vomitif. Éva Husson recycle le courage des femmes yézidis pour mieux flatter les instincts castrateurs de nos féministes en manque d’amour. Le prix de la honte et celui du déshonneur sont les deux seules récompenses qu’aurait méritées cette daube présentée à Cannes.

 

KINGS

De Deniz Gamze Ergüven avec Halle Berry, Daniel Craig, Kaalan Walker

Auréolée du succès international de son premier film Mustang, la jeune réalisatrice franco-turque, Deniz Gamze Ergüven, s’attaque aux émeutes de Los Angeles de 1992, armée d’un casting hollywoodien.

Millie (Halle Berry experte en main devant la bouche et yeux écarquillés) s’occupe de sa famille et d’enfants qu’elle accueille en attendant leur adoption. À la télévision, le procès Rodney King bat son plein. Lorsque les émeutes éclatent, Millie va tout faire pour protéger le fragile équilibre de sa famille. Depuis 1929, même le quidam inuit connaît le concept de krach boursier. Avec Kings, ils découvriront celui de krach cinématographique. Trop grand, trop partisan, trop con. La pourtant très talentueuse réalisatrice rate tout ce qu’elle entreprend, jusqu’à mettre en scène le couple Berry/Craig en train de s’échapper d’un lampadaire d’où ils étaient menottés en tressant une corde grâce à leurs jeans déchirés à la main. Sidérant.

 

IN THE FADE

De Fatih Akin avec Diane Kruger, Katja Sekerci

La vie de Katja s’effondre après que son mari et son fils ont été tués dans un attentat à la bombe. Après le deuil, viendra le temps de la vengeance…

Fatih Akin s’est donné une mission : dénoncer la montée du néo-nazisme en Allemagne. « Personnellement je n’en peux plus. Parce que les nazis en Allemagne, c’est aujourd’hui qu’on les trouve  », explique-t-il. Après tout, pourquoi pas ? On peut reconnaître une certaine audace au réalisateur allemand de traiter, à l’heure du terrorisme islamique, des attentats néo-nazis en Allemagne. Encore faudrait-il traiter correctement ce sujet insolite. Chez Fatih Akin, on ose tout, même l’abject, comme cette longue description du légiste sur les conditions de la mort de l’enfant (et non de l’adulte). Chez Fatih Akin, les avocats de la défense ont des trognes d’agents de la Gestapo et le mal triomphe toujours de la justice. Chez Fatih Akin, il pleut tellement pendant que vous essayez de faire votre deuil, qu’en plus de devenir dépressif, vous attrapez la grippe. Enfin, chez Fatih Akin, la seule porte de sortie est la loi du talion sous un ciel azur. À chier…

 

OCEAN’S 8

De Gary Ross avec Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway

La sœur de Danny Ocean, Debbie, rassemble les talents d’une équipe de pros de l’arnaque pour voler un collier estimé à 150 millions de dollars pendant le très prisé Met Ball de New York et ainsi réaliser le plus gros coup jamais orchestré par les Oceans’. 

On croyait les aventures d’Ocean & co terminées, c’était sans compter l’imagination débordante d’un producteur philanthrope prêt à tout pour satisfaire les #metoo du 7èmeart, toutes excitées d’avoir quitté le dernier festival de Cannes une charte « pour plus d’égalité » dans leur sac à main. Nous voici donc repartis pour un tour de passepasse : un nouveau casse, une cheftaine de bande (Sandra Bullock), une équipe de gonzesses spécialistes en tout genre, le gratin black/blanc/beur en talons aiguilles, et un méchant furieusement transgressif, le mâle blanc. Si les deux premiers Ocean’s tutoyaient le sommet des divertissements, Océan 8 tutoie le néant. Un vide à refiler le vertige à Maurice Herzog. Non écrit, affreusement interprété et platement mis en scène, rarement miroir eut été aussi laid. Steven Soderbergh avait réussi à doper un script assez classique par ses dialogues ciselés, son ton décalé et une sophistication précise toujours au service de sa narration, ici, le pauvre Gary Ross se contente de dupliquer un storyboard avec autant de classe qu’un gagnant du loto en vacances à Saint Barth. Une daube à ragaillardir le plus peureux des misogynes.

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

EN KIOSQUE

Découvrez le numéro du mois - 6,90€

Soutenez l’incorrect

faites un don et défiscalisez !

En passant par notre partenaire

Credofunding, vous pouvez obtenir une

réduction d’impôts de 66% du montant de

votre don.

Retrouvez l’incorrect sur les réseaux sociaux

Les autres articles recommandés pour vous​

Restez informé, inscrivez-vous à notre Newsletter

Pin It on Pinterest