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Alain Finkielkraut, Éric Naulleau et Patrice Jean : la mort du livre est-elle inévitable ?
La reine littérature a fait la France. La France se défait-elle sans elle aujourd'hui ?

Alain Finkielkraut : En 1928, le grand philologue allemand Ernst-Robert Curtius écrivait, dans son Essai sur la France : « La littérature joue un rôle capital dans la conscience que la France prend d'elle-même et de sa civilisation. Aucune autre nation ne lui accorde une place comparable. Il n'y a qu'en France où la nation entière considère la littérature comme l'expression représentative de ses destinées. » Moins d’un siècle plus tard, en 2017, Emmanuel Macron, candidat à la présidence de la République, affirmait : « Il n'y a pas de culture française, il y a une culture en France et elle est diverse. » La France est devenue un pur réceptacle et la littérature a été noyée, avec la bénédiction de ses dirigeants, dans la diversité des pratiques culturelles. [...]
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Éditorial culture de Romaric Sangars : Tautologies & miracles

Il m’arrivait naguère de visionner quelques épisodes de téléréalité lorsque ce genre-poubelle initiait un nouveau concept pour voir jusqu’où pouvait se vider la vacuité. Je restais fasciné quelques heures, et puis je passai un cap de lassitude, redécouvrant à chaque fois avec le même étonnement blasé combien le néant, passée la première impression de vertige, est ennuyeux. Je ne prétends pas n’avoir que des loisirs haut-de-gamme, loin de là, mais quitte à se vider la tête, je préfère descendre une bouteille de vin d’Anjou en admirant la pluie couler sur les vitres que de m’abuser devant de tels spectacles. Ces visionnages ne furent pas complètement stériles puisque je retins cette déclaration d’une candidate qui répondait, à la question de son avenir, qu’elle verrait, une fois rendue célèbre, ce qu’elle choisirait comme carrière entre actrice ou chanteuse. Cette inversion totale de l’ordre des choses selon laquelle ce n’était plus un talent particulier qui attirait la célébrité, mais la célébrité autonomisée, acquise comme un chèque vierge, qui permettait de choisir le talent qu’on serait ensuite obligé de nous prêter pour justifier le fait qu’on nous adule, m’avait paru promise à un grand avenir.…

François-Henri Désérable ou l’élégance du vagabond

On pourrait se gausser d’un titre trop romantique pour un récit de voyage – Chagrin d’un chant inachevé, un vers de Neruda en bandoulière. Pourtant, dès l’amorce, Désérable nous convainc : il y a ici rude lumière, audace et mélancolie réunies. Son périple sud américain n’est pas un simple itinéraire – mais un lieu philosophique où la poésie tient lieu d’instrument, et où la liberté se mesure à l’aune du sac de voyage, et non des meubles bon marché.

Sous sa plume, le souvenir du Che Guevara n’est plus hagiographie, mais écran de projection : ni apologie ni traité politique sérieux, juste un moyen de renaître hors du rang. Sa posture critique porte surtout sur lui-même, sur l’« insuffisance des mots », sur l’insupportable beauté – comme s’il fallait préférer un paysage vécu à un livre écrit sur ce même paysage.

La langue, d’une élégance trempée, résiste au lyrisme panthéiste : un ton sobre de poésie vraie, qui entend mettre un terme à « l’extase panthéiste dont regorge la littérature de voyage ».…

Opéra : Borras, un ténor pour Monte-Carlo
La prospérité de Monte-Carlo doit beaucoup à son casino. Mais pour retenir les joueurs, encore faut-il savoir consoler leurs pertes. À deux pas des tables, surgit donc, à la Belle Époque, un Opéra Garnier en miniature. Très vite, il s’impose comme un haut lieu de la vie lyrique. Aux grands classiques s’ajoutent pas moins de […]
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Morrissey au Zénith : l’idole en son panthéon
En prenant mon billet, je doutais de faire le bon choix. Morrissey venait à Paris, lui que j’écoute, avec les Smiths ou en solo, depuis ce mercredi d’adolescence où, par un hasard heureux, j’achetai The Queen Is Dead avec de l’argent de poche. Il n’est pas certain qu’un autre chanteur ait gardé pour moi une telle fraîcheur après tant d’années. Mon émotion est restée intacte, fidèle à celle qui m’illumina alors. Comme j’ai tendance à tout gâcher, je me suis dit que la meilleure idée serait d’aller passer l’après-midi qui précédait le concert sur les berges royales de Port-Marly à boire du vin. Le lieu se trouvant à plus d’une heure trente du Zénith de Paris, il n’y avait pas mieux. On peut toujours faire pire : un ami était parti en virée à Anvers la veille du mariage de sa sœur, laquelle l’avait désigné comme témoin : il en est revenu à temps, peu indemne, avec des bribes d’accent flamand et le corps harassé. Je pouvais faire aussi bien : être présent était un objectif atteignable. [...]
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BD : Radiguès et Piette en cowboys réacs
Dans Les Désaxés (The Misfits, 1961), John Huston met en scène des cowboys qui capturent des chevaux sauvages pour qu’ils soient transformés en pâtée pour chiens. Il adaptait le roman de Miller, paru en 1957. En 1962, Spencer Tracy adapte Seuls sont les indomptés, roman d’Edward Abbey paru en 1956 : Jack Burns, cowboy réfractaire à la modernité, tente de faire échapper de prison son ami, qui refuse la conscription fédérale. Misfit dans son genre, mais volontairement misfit, the brave cowboy (titre original du livre) entraîne les hommes de loi à sa suite dans le désert, et aussi un hélicoptère gracieusement prêté par un général désireux d’entraîner ses hommes. On l’aura compris, tout ne se passera pas au mieux. [...]
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10 choses à savoir sur Sherlock
1 - Si vous êtes allergique au tabac, mieux vaut laisser tomber les vacances : il ne renoncera pas à ses pipes de bruyère droites (et non courbes, invention de l’acteur William Gillette qui l’incarna au théâtre, pour se rendre la diction plus facile), remplies d’un tabac à l’odeur infecte, surtout le matin où il refume le résidu de ses fumeries de la veille.   [...]
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Renaud Camus, un destin américain ?
Je recommande à tout jeune Français qui disposerait d’un peu d’esprit, d’un peu d’allant, et qui souhaiterait se lancer dans la carrière intellectuelle, de se castrer immédiatement, et d’observer avec une rigueur absolue la plus extrême des hypocrisies. À cette condition seule il sera admis dans la maison France, vénérable et pleine de pendules, de tableaux et d’armures, mais depuis peu massivement squattée. La règle bizarre et sadique qui y règne, et que se charge de faire respecter toute une livrée d’universitaires, de journalistes et de juges, est de ne jamais paraître remarquer l’ampleur du squat. Chacun est forcé de jouer à une gigantesque et quotidienne partie de « Taboo ». Des événements ont lieu, très manifestement causés par les squatteurs : ici une chaise Louis XIV mise en pièces, là un domestique malmené, là encore une femme serrée de trop près, si ce n’est pis. Les invités discutent gravement de la nouvelle, chacun en donne une explication très vague, ou très alambiquée, ou très secondaire, la maison n’a pas été rénovée, les escaliers sont trop étroits, c’est la faute du patriarcat, et le premier qui prononce le mot squat ou squatteur a perdu. Il est chassé à jamais de la maison. [...]
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