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Faillite de l’homme normal
Étienne, un père de famille de retour de vacances bretonnes conduit sa femme et ses deux enfants vers leur appartement lyonnais, globalement satisfait d’une existence où il lui semble avoir correctement coché toutes les cases, autant dans la grille de ce qu’on attendait de lui que dans celle de qu’il pouvait lui-même attendre du monde. Quand soudain, on annonce à la radio la mort de Jean-Jacques Goldman. La disparition de l’idole de la classe moyenne, de la « personnalité préférée des Français » avec le lot de souvenirs associé, entame une progressive dissolution de la bulle sécurisée où Étienne marinait jusqu’alors. Un collègue est licencié dans le laboratoire de recherches où il travaille, mais il n’arrive pas à se souvenir de son visage. Sa femme se sentant en danger permanent s’attache à un chien comme à un sauveur. Son fils dissimule une Bible sous son lit. Il découvre que sa fille a un amant plus âgé que lui-même.  Étienne malaxe une petite boule de terre dans sa poche comme pour reprendre possession d’un univers partout fissuré, mais le déraillement est inéluctable. [...]
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Militantisme progressiste à l’opéra : trop, c’est trop !

Au mois de mai 2022, le ténor français Roberto Alagna, et son épouse et partenaire, la polonaise Aleksandra Kurzak, tiraient leur révérence et renonçaient à jouer dans la mise en scène de Tosca programmée au Liceu, l’opéra de Barcelone, pour le mois de janvier 2023. En cause, les choix esthétiques du metteur en scène espagnol Rafael R. Villalobos, jugés trop transgressifs et de « mauvais goût ».

Du 4 au 21 janvier, l’opéra de Barcelone devait en effet accueillir les amours de Tosca (Kurzak) et de son amant Cavaradossi (Alagna) dans le chef-d’œuvre de Puccini, une co-production portée par le Théâtre Royal de la Monnaie (Belgique), le" Gran Teatre del Liceu (Espagne), le Teatro de la Maestranza de Séville (Espagne) et de l’Opéra Orchestre National de Montpellier. La mise en scène a été jouée pour la première fois en juin 2021 à Bruxelles et coche en effet toutes les cases de la transgression selon les termes du catéchisme progressiste.

Lire aussi : L’Opéra de Paris : se ruiner au nom du woke

Le metteur en scène Villalobos s’est saisi d’un prétexte – la présence, en arrière-plan de l’intrigue, des institutions romaines de l’Église catholique, puisque l’histoire se passe à Rome, à deux pas du Vatican – pour construire son interprétation personnelle de l’œuvre, entièrement concentrée sur l’Église vue comme outil de domination politique et d’oppression morale. Quelle audace, quelle originalité, quelle inventivité ! Pour appuyer son propos, Villalobos multiplie tout au long de l’opéra des allusions à Pasolini, et à son film le plus sulfureux, Salò ou les 120 Journées de Sodome, qui dépeint les derniers jours du régime fasciste sombrant dans l’abjection et le sadisme. Villalobos se croit novateur, mais il ne fait qu’user des vieux procédés soixante-huitards qui n’en finissent pas de ressasser leur aigreur contre la beauté du vieux monde. [...]

L’héroïne du peuple : le marxisme culturel contre les héros

La figure du héros, dans tous ses aspects, s’oppose frontalement à l’idéal marxiste. D’abord parce que c’est un « un» : il est unique,  à tous points de vue. Ses exploits sortent de l’ordinaire et révèlent la personnalité remarquable de leur auteur, y compris vis- à-vis des autres héros avec lesquels il ne peut être confondu. Bayard n’est pas Du Guesclin, qui n’est pas Jeanne d’Arc. 

Ensuite, c’est un héros. En grec, le mot traduit l’idée de « protecteur », parfois demi-dieu, ou « semblable aux dieux » comme dit Homère. Il n’est pas seulement différent, il est supérieur. Si l’homme de bien accomplit des actes bons, le héros, lui, réussit l’impossible : la Pucelle donne une couronne au Dauphin ; Magellan franchit en caravelle la frontière du monde. Sa trace scintille dans le chant des poètes, le rêve des enfants et le soupir des affligés. Au-dessus de la mêlée, sa lumière brille car « les ténèbres » de l’anonymat « ne l’ont point reçue ». 

Le marxisme nie à l’individu toute distinction. Les hommes ne peuvent être différents les uns des autres : ils n’ont pas d’âme et se résument à la matière dont ils sont formés

Or, le marxisme nie à l’individu toute distinction. Les hommes ne peuvent être différents les uns des autres : ils n’ont pas d’âme et se résument à la matière dont ils sont formés. Ils ne peuvent même, dit Marx, se « distinguer des animaux » que « dès qu’ils commencent à produire leurs moyens d’existence ». Pour le reste, ils sont interchangeables. [...]

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David Thomas : « Je suis un écrivain des petites faiblesses humaines »

On a envie d’appeler vos nouvelles des « microfictions », mais le terme est préempté par Jauffret.

Effectivement, « microfiction » renvoie automatiquement à Régis Jauffret. En ce qui me concerne, je préfère que l’on parle d’instantané. J’ai toujours considéré que ce que je faisais se rapprochait de la photographie. Je saisis des instants, des silences, des non-dits, des émotions, des ratages... On peut parler de micro-nouvelles, tout simplement.

Ça ne vous gêne pas d’être catalogué « nouvelliste » ?

Je m’en fous complètement. Je fais ce que je sais et ce que j’aime faire. J’ai choisi de lancer le javelot plutôt que de courir le cent mètres, alors que tout le monde opte pour le cent mètres, la discipline noble. J’ai bien conscience que ça n’attire pas les foules mais j’ai moins de concurrents et qui sait, avec un vent de force 10 dans le dos et un coup de bol... Quoi qu’il en soit, à dix-sept ans je rêvais d’être écrivain, pas forcément romancier. Je suis écrivain, donc l’essentiel est atteint. Et puis un jour, un éditeur m’a suggéré d’écrire un roman, « ça se vend mieux que les nouvelles », disait-il. J’ai écrit mon plus mauvais livre et c’est celui qui s’est le moins vendu. Résultat, viré. Donc, autant rester sur mes rails.

« Quoi qu’il en soit, à dix-sept ans je rêvais d’être écrivain, pas forcément romancier. Je suis écrivain, donc l’essentiel est atteint »


David Thomas

On dit souvent en effet que la nouvelle est en France un genre mal-aimé, minoré...

Je ne sais pas si c’est un genre mal-aimé ou minoré, je pense surtout que c’est difficile à vendre. Comment bien résumer un recueil de nouvelles ? Un roman, c’est souvent plus facile, il y a un sujet, un thème. Un éditeur doit trouver l’argumentaire (en peu de mots) pour vendre un livre, et c’est extrêmement difficile à faire pour un recueil de nouvelles. S’ajoute à ça le désir, vous ne pouvez pas avoir le même pour tous les livres quand vous en publiez vingt ou trente par an. [...]

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Nicolas de Villiers : « Nous allons proposer des films à grand spectacle, inspirés de l’histoire »

Vaincre ou Mourir était au départ une docu-fiction : pourquoi ce changement de format ?

Le projet était à l’origine destiné à la télévision mais lorsque notre partenaire Canal+ a vu les premiers rushs du tournage d’essai, il nous a dit que les images étaient tellement belles qu’elles étaient plutôt destinées à aller sur les écrans de cinéma. Elles en ont l’ampleur et le niveau de qualité. Ils nous ont demandé de repenser notre projet pour le transformer en un véritable film, une fiction. Nous avons dû changer la nature du projet en cours de production, ce qui est assez inédit. Tout cela avec un budget extrêmement contraint et pour un nombre de jours de tournage très limité. Nous avons tourné en seulement 18 jours contre habituellement 8 semaines pour un film de cette durée.

Pourquoi avoir créé une branche de production audiovisuelle ?

Nous voulons projeter des histoires inspirées de la grande histoire sur des écrans, en prolongement de notre premier métier qui est de les raconter sur scène. Pour notre premier film, que nous voulions épique, nous nous sommes inspirés de notre spectacle Le Dernier Panache qui recueille un très grand succès au Puy du Fou. C’est un film qui a du souffle ! Au fond, c’est un métier qui, même s’il répond à des logiques d’écriture différentes, retrouve le même souffle et surtout cherche à véhiculer la même émotion. Notre métier est de parler un langage universel qui touche les femmes et les hommes avec des moyens qui sont ceux de notre époque. [...]

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[Cinéma] Nostalgia : retour au mal-aimé
Un quinqua napolitain ayant fait fortune au Maghreb revient chez lui des années après revoir sa mère et se décharger d’un lourd secret. Drame du milieu à la Guédiguian – c’est-à-dire fléché et branlant de toutes parts – Nostalgia colmate les trous de son scénario par un académisme posé et le brin attendu de couleur locale. Il sous-exploite les harmoniques homo crevant les yeux d’une rupture amicale. [...]
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[Cinéma] Natural light : beau tableau stérile
Semetka est un paysan hongrois qui s’est engagé dans l’armée de son pays lors de la Seconde Guerre mondiale. Allié aux Allemands, il dirige un groupe d’hommes qui traque les partisans soviétiques sur les arrières du front de l’Est. Confronté à la brutalité de la situation, souhaitant faire face, Semetka cherche néanmoins à conserver son humanité. Le réalisateur hongrois Dénes Nagy s’attaque à un sujet particulièrement grave pour son premier film : la déshumanisation de l’homme broyé par la guerre. [...]
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[Cinéma] L’Envol : film-catastrophe
Attention : accident industriel ! Le réalisateur Pietro Marcello, inconnu au bataillon, s’est vu accorder un budget coquet pour ce film qui se déroule pendant la Première Guerre mondiale. La direction artistique est plutôt généreuse et la photographie léchée. Problème : Marcello n’a pas de scénario, pas de dialogues, pas la moindre idée de mise en scène et aucune autre ambition artistique que de mettre en boîte des plans crépusculaires qui semblent tout droit sortis d’une publicité pour du roquefort ou de l’eau minérale. [...]
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L’Incorrect numéro 73

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