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Chez les Anglo-Saxons : le monde postlibéral qui vient
Le postlibéralisme incarne l’un des courants d’idées les plus dynamiques de la nouvelle droite anglo-américaine, proposant une rupture avec le libéralisme comme principe moteur du politique au profit d’une conception substantielle du bien commun. Principalement théorisée par des politologues comme Adrian Pabst, des philosophes comme Patrick Deneen ou des juristes comme Adrian Vermeule, voilà que le macroéconomiste irlandais Phillip Pilkington ancre cette doctrine dans une sphère plus concrète des politiques publiques avec The Collapse of Global Liberalism. [...]
Les essais à lire et à fuir d’octobre
À LIRE

LA PROFONDEUR DU PRÉSENT, RÉMI BRAGUE AVEC CHARLES-HENRI D'ANDIGNÉ, Hermann, 274 p., 15 €

Membre de l’Institut et professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne, spécialiste de la pensée médiévale et auteur d’une trentaine d’ouvrages touchant à des thèmes très divers, Rémi Brague est de la race de ces grands érudits qui ont fait la gloire de l’Europe. Le lecteur potentiel pourrait s’en trouver intimidé ; un livre d’entretien vient heureusement y remédier et offrir une porte d’entrée idéale dans son œuvre. Conduite avec intelligence par Charles-Henri d'Andigné, journaliste à Famille chrétienne, la discussion est très bien structurée : entre une ouverture sur ses jeunes années, et une conclusion consacrée à ses appétences culturelles, Brague passe en revue, dans l’ordre chronologique, les grandes étapes de la pensée occidentale, avec ce sens de l’éclairage, de la nuance et de la précision qui ont fait son renom. Il est aussi question de souvenirs, d’amitiés et de lectures ; et l’on y découvre la relation organique qu’entretient un édifice intellectuel, que l’on imagine à tort froidement bâti depuis une tour d’ivoire, avec la vie vécue de son auteur, au hasard des occasions et des rencontres. Pour ceux qui ne connaissent que l’écrivain, c’est aussi l’occasion de découvrir l’homme qu’il cache, sa culture monumentale avec une appétence particulière pour les langues, la pente nostalgique de celui qui  fut privé trop tôt de présence paternelle, le tintinophile de premier ordre et l’insatiable amateur de calembours aussi – le tout servi par une bonhomie communicative. Rémi Carlu [...]
Gérald Bronner : la sociologie contre le réel
Les sociologues détestent les sciences inexactes. C’est pourquoi dans ce pensum de presque 450 pages, pas une référence précise n’est faite à un corpus philosophique – on évacue tout au plus Aristote, Platon et Duns Scot d’un revers de main, en reconnaissant qu’ils ont peut-être fait beaucoup pour creuser le sujet mais que la question n’est plus là. Lorsqu’on est sociologue, monsieur, on s’appuie sur du sérieux, sur des faits, sur du concret : voilà pourquoi l’élève Bronner se contentera de citer, pour appuyer son propos, des biologistes, des statisticiens, des psychologues voire des « data analystes ». [...]
© DR
Chesterton : sauver la propriété
Il n’est plus besoin de présenter Chesterton, dont le succès éditorial ces derniers mois dit assez l’appétence du public français à son égard. Ce que l’on sait moins, c’est que Chesterton (1874-1936) s’est intéressé de près aux questions sociales, en un temps qui vit l’essor du fordisme, du grand commerce et des monopoles ; qu’il a médité sur les philosophies dites de la troisième voie, inspirées par la doctrine sociale l’Église, qui devaient dépasser les apories du socialisme et du capitalisme afin de réconcilier les deux classes réputées en lutte ; qu’il a fondé dans cette optique, avec son ami Hilaire Belloc, la Ligue distributiste, pour qui la propriété, étant un droit fondamental, doit être défendue et étendue, au lieu d’être concentrée en quelques riches mains ou en quelque machine d’État. [...]
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Piketty – Sandel : quelle justice sociale ?
« Les PDG gagnaient jadis quatre à six fois plus que leurs employés. Aujourd'hui, c'est 600 fois plus. Quand j'entends qu'Elon Musk pourrait devenir le premier billionnaire, que cela signifie-t-il ? Si c'est la seule valeur qui compte, alors nous sommes en grand danger. » Début septembre, le Saint-Père Léon XIV nous alertait encore sur l’absurdité du système économique, qui voit certains accumuler un capital que les mille générations suivantes ne réussiraient pas à dilapider. Au même moment, sur fond de crise des finances publiques, la France s’écharpait sur l’absurde taxe Zucman, qui proposait d’imposer ce qui ne rapporte pas un sou à leur propriétaire. Reste qu’une question cruciale est en jeu, celle des inégalités inquiétantes produites par le libre cours du capitalisme et le vieillissement des populations : la part du patrimoine national détenue par le 1% des Français les plus riches est passée de 16% en 1984 à 24% en 2022 ; l’héritage représente 60% du patrimoine détenu aujourd’hui, contre 35% dans les années 1970. Tel est le tableau contemporain : l’héritage représente la partie majoritaire d’un patrimoine par ailleurs de plus en plus concentré. Prolongez les courbes et concluez. [...]
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L’indispensable Mathieu Bock-Côté

Dans son nouvel essai, Les Deux Occidents – de la contre-révolution trumpiste à la dérive néosoviétique de l’Europe occidentale, Mathieu Bock-Côté poursuit son œuvre aussi indispensable que salutaire d’étude de l’ingénierie progressiste à l’œuvre en Occident. Les peuples grondent, alors l’oligarchie version soviet du XXIè siècle panique. Les libertés se réduisent à peau de chagrin et la nomenklatura surveille. Les goulags n’ont pas été remis au goût du jour, mais comme le Québécois l’avait merveilleusement bien disséqué dans son essai précédent (Le Totalitarisme sans le goulag, Presse de la Cité), la dérive totalitaire s’en passe très bien. Le cercle de la raison a expulsé tous ses opposants de l’autre côté de la frontière de la légitimité (ce qui fait quand même un sacré paquet de monde) et s’ils grognent un peu trop, on les assèche financièrement et socialement. Mais voilà, un drôle de caillou s’est glissé sous leurs arpions.…

Trois prix de L’Incorrect pour sauver la saison

Mardi 7 octobre 2025, alors que la deuxième liste de sélection du Goncourt maintenait l’ennuyeuse Natacha Appanah et le pathétique Paul Gasnier dans la course au pompon suprême, le jury du prix de L’Incorrect se réunissait bouillant de passion et fumant d’arguments implacables. Formé de l’intrépide Emma Becker, romancière de style et de choc, du féroce et magique Olivier Maulin, de Bernard Quiriny, tout de flegme caustique et de goût pour les marges hautes, de Marc Obregon, subtil, apocalyptique et radieux, mais condamné à l’eau pour quelques semaines encore, et Romaric Sangars, partisan des avant-gardes fulminantes et garant de l’intransigeance de tous, le jury aura su établir en deux heures à peine la meilleure liste de candidats de tout Saint-Germain-des-Prés. Son secret pour un tel résultat ? Une absence totale de pressions politiques, amicales, sexuelles et financières – climat rarissime en ces territoires ; une atmosphère de camaraderie dans la pureté sauvage ; un talent inné et commun pour la justice expéditive.

« Nous voulions monter un prix libre, déclare Emma Becker, c’est-à-dire dégagé de toute manœuvre ou manigance extérieure à la littérature pure, et couronner un livre qui, par l’exigence de style et la liberté de son propos (ou l’inverse), fédère les lecteurs d’horizons très différents que nous sommes.

Étienne-Alexandre Beauregard : pour un renouveau conservateur
Qu'est-ce que l' « anti-civilisation » ? Dans quelle mesure le progressisme en est-il responsable ?

Le sociologue Norbert Elias définissait la civilisation comme un consensus social fondé sur l’autocontrainte des pulsions individuelles pour vivre ensemble de manière apaisée. Je postule quant à moi qu’une dynamique d’anti-civilisation est le mouvement inverse, soit l’exaltation des comportements antisociaux et des particularismes, qui entraîne l’effritement de la cohésion sociale et le conflit. Depuis la seconde moitié du xxe siècle, la pensée progressiste a fait de l’idée de déconstruction le cœur de sa doctrine, que ce soit par l’exaltation de la « diversité » ou par son incapacité croissante à tolérer les interdits. Cela est d’autant plus vrai aujourd’hui, alors que le moment « woke » a marqué une radicalisation de cette intolérance envers les structures héritées du passé. Néanmoins, cette déconstruction n’est pas sans conséquence pour des institutions fondamentales comme la famille et la nation, qui exigent de chacun une part d’abnégation en échange des bénéfices et du sens qu’elles procurent. [...]
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