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À VOIR OU À FUIR, C’EST LA SEMAINE CINÉMA DE L’INCORRECT

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Publié le

21 février 2019

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SEMAINE CINE

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Une affaire de pédophilie dans l’Eglise catholique, le retour de Denys Arcand ou une nouvelle aventure de Lego… Que faut-il voir ou fuir au cinéma cette semaine ?

 

Grâce à Dieu 

De François Ozon Avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud

 Grâce à Dieu retrace la naissance de La Parole Libérée, une association fondée à Lyon en 2015 par des anciens du groupe scout Saint-Luc, victimes d’agressions sexuelles par le père Bernard Preynat dans les années 1980 et 1990.

 

 

Sans esbrouffe, la mise en scène ambitionne d’épouser le réel et Ozon use de la bonne distance pour révéler la profondeur saisissante de ces victimes, et c’est dans ces moments d’intimité que le film délivre une vérité. Si Ozon nous touche en raison du regard qu’il pose sur ses personnages, la description précise des conséquences et le silence assourdissant des familles, il perd en revanche toute pudeur par ailleurs, et se vautre même dans l’ignominie lorsqu’il s’embarque dans un grand règlement de compte. Jamais frontal, le réalisateur attaque de biais, préférant suggérer par des recours cinématographiques perfides. Ozon se voyait David (« Ils sont puissants », affirme l’un de ses personnages), il se révèle Goliath. La montagne suggérée en ouverture qu’il prétend gravir n’est qu’un dos-d’âne usé. Se réclamant du réel, sa représentation n’en est en fait que plus perverse. À l’interprétation intense des victimes, le réalisateur français oppose un Barbarin inexpressif déclamant son texte avec une froideur glaçante.  Vous voulez juger un homme ; moi, une institution », affirme une victime lorsqu’elle décide enfin de porter plainte. « Si vous voulez la tête de Barbarin, vous pouvez attendre longtemps », lui rétorque le commissaire. Ozon n’attend ni le procès, ni son verdict et piétine allègrement la présomption d’innocence, une simple mention en fin de générique lui suffit amplement.  C’est une fiction », rétorqueront ses défenseurs. Alors tout est permis : une succession de montages abjects pour juxtaposer Preynat et Barbarin, la prière comme délit de fuite et la liturgie comme scène de crime. Grâce à Dieu ne fonctionne que comme courroie de transmission de son idée préexistante, sans ambiguïté, sans la moindre recherche de vérité, le film est uniquement guidé par la conviction intime du réalisateur que l’unique coupable est l’Eglise elle-même, ici incarnée par Barbarin. En trafiquant le réel, Ozon exploite les blessures pour trahir tout autant ceux dont il parle que ceux auxquels il s’adresse. Accusé Barbarin, levez-vous ! Le juge Ozon vous convoque.

 

Lire aussi : Accusé Barbarin, levez-vous !

 

La Chute de l’Empire américain 

De Denys Arcand Avec Alexandre Landry, Maripier Morin, Rémy Girard

Pierre-Paul a 36 ans et malgré un doctorat en philosophie, il exerce le métier de chauffeur pour une compagnie de livraison. Plaqué pour s’être montré « trop intelligent pour dire je t’aime », il se retrouve quelques jours plus tard témoin d’un hold-up qui tourne mal et au terme duquel sont abandonnés deux énormes sacs de sport bourrés de billets. Des millions de dollars. Le pouvoir irrésistible de l’argent va bousculer ses valeurs altruistes et mettre sur sa route une escort girl envoûtante et un ex-taulard reconverti en conseiller financier.

 

 

Malgré son titre aguichant,  La Chute de l’Empire américain  n’est pas le troisième volet du cycle débuté en 1986 avec Le Déclin de l’Empire Américain puis poursuivi avec Les Invasions Barbares, film oscarisé en 2003. Moins féroce, plus moraliste, si la manière qu’a Arcand de scruter son époque fait toujours sourire, elle perd franchement en puissance. La patte d’Arcand se remarque dans ses personnages, les dialogues font souvent mouche –« J’ai besoin d’aide, j’ai vraiment trop d’argent » – et on y découvre même un cadre plus soigné qu’à l’accoutumée. Si le réalisateur québécois montre comment l’argent, origine de tous nos maux, sait se rendre désirable même aux yeux d’un socialiste convaincu, il peine à retrouver le cynisme et l’amertume réac qui avaient fait son succès. Si on film est moins bavard et gagne en rythme, ses personnages, bien moins charpentés, perdent en profondeur. En troquant la satire dramatique pour le feel good movie à thèse, le réalisateur en oublie son ironie féroce. L’humanité qui naissait des fêlures de ses personnages est ici accouchée aux forceps. Sa charge sympathiquement naïve contre notre société moderne où l’on enjambe les sans-abris, où l’on montre du doigt les prostituées et où l’on encourage les voyous en col blanc, fonctionne tant qu’il reste dans le registre de la fable légère (un Pretty Woman socialiste) mais perd tout son charme dans le réalisme, au point que ça en devient dérangeant. Entre une scène de torture écœurante et un finale en plans voyeurs sur des SDF inuits, le Québécois vautre son œuvre dans l’idéologie binaire et simpliste que d’aucuns nommèrent « socialisme ».

Arthur de Watrigant

 

Lire aussi : Le bon, la pute et le truand

 

La Grande Aventure LEGO 2

De Mike Mitchell  Avec Arnaud Ducret, Tal, Maya Rudolph

En allant voir un « film de jouet », il est difficile de ne pas avoir d’à priori sur la crédibilité qu’auront les enjeux scénaristiques, ou de doutes quant aux sentiments que l’on pourra développer envers les personnages. Dans Lego 2 heureusement, la qualité des images de synthèse, les voix humaines ou encore les codes hollywoodiens repris par cette « caméra fictive », réussissent à nous plonger dans un univers parallèle où les LEGOs règnent en maître.

 

 

Afin que tout le monde prenne connaissance de ce nouveau monde sans avoir vu le volet précédent, la première demi-heure est remplie de recontextualisations, simultanément à une profusion de péripéties ; un ensemble pour le moins assez chaotique. Heureusement, le film se stabilise alors, et rentre dans le vif du récit, – Emmet doit sauver sa prétendante Lucy, des griffes de la reine aux mille visages – nous tenant en haleine jusqu’à son grand final. Pour cause, le scénario reprend la forme et le fond d’un Blockbuster d’action, et le rythme y est très bien géré. La grande aventure LEGO tente néanmoins de se jouer de ce statut de « super-production » américaine, par des blagues adressées directement au spectateur, dans une ambiance « méta », déjà caractéristique du premier film. Ces digressions permettent de régaler le cinéphile, mais restent rares et trop souvent gratuites. On comprend peu à peu que le film ne cherche pas spécialement à convaincre un public plus adulte que son audience clef. La facilité des choix scénaristiques et la bien-pensance assez pesante, laissent donc l’oeil averti sur sa faim, et les retours au monde réel, disséminés çà et là, coupent durement la fiction à laquelle on s’était attaché. En définitive, le public ciblé sera enchanté par tant de faste et de réalisme tandis que les plus perplexes préfèreront revoir Toy Story.

Victor Tarot

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