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Abandon du DPI-A : « On ne peut invoquer une dérive pour aggraver cette dérive »

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Publié le

30 janvier 2020

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A l’occasion du rejet au Sénat de l’amendement autorisant le DPI-A, Stéphanie Fleury de Tombée du Nid répond aux questions de L’Incorrect. Cette association défend les enfants les plus fragiles et notamment ceux touchés par la trisomie 21, maladie au coeur des débats autour du DPI-A.

 

Qu’est-ce que le DPI-A ?

 

Le DPI-A est le diagnostic préimplantatoire (DPI) des aneuploïdies, c’est-à-dire des anomalies du nombre de chromosomes (par exemple trois chromosomes 21 à la place de deux). Le professeur Jacques Testart dénonce depuis 1994 la nature eugéniste du DPI qui consiste à sélectionner certains embryons pour les éliminer sur critère de leur génome.

Derrière la revendication du DPI-A, il y a d’abord la volonté d’éliminer dans l’éprouvette les embryons porteurs de trisomie 21.

Cette technique est très encadrée (article L2131-4 du code de la santé publique). Elle est proposée aux parents qui recourent à la procréation médicalement assistée parce qu’ils sont porteurs, l’un d’eux ou leurs ascendants directs, d’une maladie génétiquement transmissible. Donc jusqu’à aujourd’hui seules les maladies d’une particulière gravité et héréditaires sont concernées par le DPI. Derrière la revendication du DPI-A, il y a d’abord la volonté d’éliminer dans l’éprouvette les embryons porteurs de trisomie 21. On se souviendra longtemps de l’appel à la « traque des embryons » lancé à la tribune de l’assemblée par le député centriste Philippe Vigier !

 

Qui a voulu introduire cet amendement dans la loi de bioéthique ?

 

Mme Agnès Buzyn ministre de la santé s’est opposée au DPI-A qui n’existait pas dans le projet de loi initial. A l’Assemblée nationale, cette revendication a essentiellement été portée par M. Philippe Berta (MODEM). Il n’a pas hésité à insulter l’ensemble des enfants porteurs de trisomie 21 en les traitant de « légumes » lors des débats en commission. En séance, à la surprise générale, des députés de tout bord politique ont pris la parole pour s’opposer à cet amendement.

Le débat a libéré la parole sur l’enjeu de l’inclusion des personnes fragiles.

Le débat a libéré la parole sur l’enjeu de l’inclusion des personnes fragiles. Ainsi, M. Daniel Fasquelle (LR – Pas de Calais) s’est inquiété de la cohérence d’une politique d’inclusion qui se soucie de la vie avant la naissance : « Il ne sert à rien de faire des grands discours et de lutter pour l’inclusion scolaire des enfants handicapés, si nous débattons ce soir d’un tri épouvantable visant à ce qu’il n’y ait plus d’enfants handicapés». Après un vif débat de plusieurs heures, la représentation nationale a dit non en novembre à la « fabrique sur-mesure » qui ouvre la porte « à toutes les démesures » (Dominique Potier, député PS – Meurthe-et-Moselle).

 

Lire aussi : PMA-GPA : l’adieu aux femmes 

 

Qui a soutenu cet amendement au Sénat ?

 

En commission deux sénateurs LR ont fait la promotion du DPI-A qui a été inséré dans le projet de loi : Alain Milon (président de la commission spéciale bioéthique) et Corinne Imbert, l’une des rapporteurs. Ils avançaient les arguments de l’amélioration du taux de PMA (le DPI-A permettrait moins de fausses couches) et de l’évitement du diagnostic prénatal qui aboutit à l’avortement des fœtus diagnostiqués trisomiques.

 

Qui s’y est opposé ?

 

En séance heureusement une majorité de sénateurs de tous bords politiques, principalement le groupe LR conduit par M. Retailleau, mais aussi des centristes, les LREM et une partie de la gauche de la gauche (une mention spéciale pour Mme Cécile Cukierman membre du parti communiste) ont soutenu la ministre de la santé et voté l’amendement de suppression du gouvernement. Chaque argument des promoteurs du DPI-A a été déjoué.

 D’abord il n’est pas prouvé que le DPI-A entrainerait une amélioration de l’efficacité des FIV (c’est-à-dire une diminution des fausses couches). « L’augmentation des chances de grossesse après un test d’aneuploïdie n’a jamais été formellement démontrée » comme la rappelé le Professeur Jean-Paul Bonnefont, lors de son audition devant la mission d’information parlementaire le 18 octobre 2018.

 Mais surtout : on ne peut en aucun cas justifier la sélection et l’élimination des embryons trisomiques en éprouvette au motif que les bébés trisomiques sont supprimés in utero. L’élimination massive des enfants trisomiques in utero est une dérive eugénique du dépistage prénatal. Si le législateur autorisait le DPI-A, cela aggraverait cette dérive eugénique. Et l’élimination quasi systématique serait dès lors gravée dans le marbre puisqu’elle serait inscrite dans la loi.

L’élimination massive des enfants trisomiques in utero est une dérive eugénique du dépistage prénatal. Si le législateur autorisait le DPI-A, cela aggraverait cette dérive eugénique.

Le DPI est plus grave que le DPN (destiné à poser un diagnostic, normalement pour soigner) sur le plan éthique car il est par nature eugéniste (il est fait pour éliminer) ; certes le diagnostic prénatal de la trisomie 21 est suivi dans plus de 90 % des cas d’un avortement : cependant ce constat doit susciter un regret, comment en est-on arrivé là en France, pays des droits de l’homme ? On ne peut pas invoquer ce triste constat pour légaliser une technique qui va aggraver encore davantage l’élimination des tout petits êtres humains porteurs de trisomie 21. On ne peut invoquer une dérive pour aggraver cette dérive.

 

Lire aussi : Notre responsabilité devant les générations futures est historique !

 

Êtes-vous optimiste quant à l’abandon définitif du DPI-A ?

 

Nous devons rester vigilants car le lobbying des industriels de la médecine génomique est puissant auprès des parlementaires ; cependant nous sommes optimistes car la ministre a été ferme dans son opposition à cette technique eugéniste, stigmatisante pour les enfants différents et dangereuse pour l’ensemble de la société.

 

Propos recueillis par Ange Appino

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