J'étais, un soir de la fin du mois de novembre, au cimetière militaire d’Erablur, perché sur une colline dominant la partie ouest d’Erevan. Créé en 1988, il reçoit les dépouilles des soldats morts au combat, la plupart dans les guerres menées contre l’Azerbaïdjan, mais aussi trente-neuf membres de l’Armée Secrète de Libération de l’Arménie, organisation clandestine d’expatriés.
Un escalier monumental aux dalles blanches ouvre aux visiteurs l’entrée de la nécropole qu’encadrent deux petites chapelles de béton. Le long des allées droites, s’alignent les tombent rectangulaires, scellées par d’épaisses dalles de basalte. Sur les dalles il y a des noms, des dates et un grand portrait gravé du soldat tombé sous cette pierre. Elles sont toutes du même modèle. Les visages sont jeunes pour la plupart, presque encore adolescents. Les dates, elles, couvrent les trois dernières décennies : 1988, 1992,1993,1994,1997,1999 et ainsi de suite jusqu’à 2020 ; triste série numérique d’une guerre permanente contre le voisin azéri. [...]
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