Éric Benzekri est un scénariste de grand talent. Plus que ça encore, il est un fin observateur de la société française, de ses fractures, de sa réalité identitaire et de son quotidien. Il est aussi un grand connaisseur de l’histoire politique de notre pays.
Sa précédente série, Baron Noir, était un chef-d’œuvre du genre. Elle y relatait « à peu près tout ». La corruption morale des gouvernements socialistes. La montée du Front National. Les Gilets Jaunes et autres mouvements de colère populaire. La progression des communautarismes. L’islamisme. Le terrorisme. Une France à bout de souffle.
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Cette série, narrant l’ascension d’un politicien socialiste prêt à tout pour atteindre le pouvoir, Éric Benzekri était le mieux placé pour l’écrire. Militant du Parti socialiste, membre du cabinet de Jean-Luc Mélenchon lorsque celui-ci était ministre du gouvernement Jospin, il poursuit son engagement au sein de la machine politicienne en devenant le collaborateur de Julien Dray, député socialiste (inspirant le personnage du Baron Noir) et l’un des fondateurs de SOS Racisme.
Un homme de gauche donc et qui, même sans carte, reste un militant de ses idéaux, qu’il promeut à travers ses œuvres.
Dans celles-ci, il dépeint la montée inexorable du Front National, sans grande finesse. Les patriotes sont évidemment considérés comme « les fachos » n’ayant que racisme, fascisme et haine comme horizon. La progression de « l’extrême droite » n’est jamais expliquée autrement que par la corruption et les fautes des politiciens systémiques, la pauvreté, l’éducation, les réseaux sociaux…
Jamais l’immigration extra-européenne de masse et ses corollaires (communautarisme, insécurité, islamisme, terrorisme) ne sont envisagées comme telles alors que, paradoxalement, elles crèvent l’écran des séries d’Éric Benzekri. Jamais le sentiment de dépossession identitaire que ressent la France profonde n’est considéré comme légitime. Pas plus par Canal Plus que par Emmanuel Macron.
En revanche, les coupables, de droite, du centre, de gauche ou d’extrême gauche, sont tacitement exonérés de leurs fautes (pour excuser ?) en raison de leur adhésion sans cesse renouvelée au dogme du « Vivre-Ensemble social, laïque et républicain ». Mitterrand toujours aux commandes de l’esprit des Puissants.
Dans La Fièvre, Éric Benzekri poursuit ce travail d’exploration des fractures françaises avec un parti pris, voulant « montrer la réalité dans toute sa radicalité ».
Communautarisme exacerbé et déchirements identitaires y sont mis en lumière, y compris au plus haut niveau du domaine rassemblant encore le plus grand nombre de Français : le football.
Mettant en scène des communicants, elle met en lumière les nouvelles fractures de la société. On sent que Fourquet et Guilluy ont été bien assimilés avec L’Archipel français et La France périphérique.
L’héroïne, Samuelle Berger, joue le rôle de la bonne samaritaine prête à se dévouer corps et âme pour réparer la société. Bien moins cynique que le Baron Noir Philippe Rickwaert, elle est en en réalité l’expression de l’idéal profond d’Éric Benzekri.
Empêcher la société d’exploser en combattant les influenceurs identitaires (Marie Kinsky) dépourvus de convictions et simplement intéressés par le pouvoir et la lumière. Limiter l’influence des « indigénistes » tout en expliquant leur radicalité par leur « antiracisme » viscéral. Comprendre les footballeurs millionnaires mettant des coups de tête en insultant leur entraîneur de « sale toubab » car victimes du « racisme systémique ».
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Éric Benzekri, inquiet, présente le tableau d’une France à la veille d’une guerre civile raciale, ethnique, religieuse, culturelle, tribale. Sans jamais remettre en cause l’immigration de masse qui, pour le profit du Capital, a détruit la France.
À travers La Fièvre et Baron Noir, son œuvre se veut lucide et objective alors qu’elle est, en réalité, politiquement militante et intellectuellement malhonnête.
Le seul remède à la fièvre qui s’est emparée de la France ne pourra être que celui de la vérité.