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Écologie : l’Europe contre elle-même

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Publié le

12 juillet 2019

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Les sermons écologistes semblent oublier que si toute la planète se soucie de l’impact des activités humaines sur l’environnement, seule l’Europe propose de ralentir sa course à la croissance et à l’innovation technologique. Un positionnement dangereux.

 

C’est un curieux paradoxe qui saute aux yeux lorsqu’on prête attention aux discours écologistes et décroissants : ceux qui se définissent volontiers comme « citoyens du monde » ou « internationalistes » font systématiquement preuve d’un ethnocentrisme inquiétant. À croire que seul l’Occident compte à leurs yeux, puisqu’il est coupable de tout et que c’est à lui que revient la lourde tâche de sauver la planète.

 

Sauf que depuis une trentaine d’années, le cœur de l’« Économie monde » comme disait Braudel, a basculé en Asie. La Chine est devenue le premier espace de consommation, de production et bientôt d’innovation du globe. A contrario si elles demeurent des civilisations riches et puissantes, les États-Unis et surtout l’Europe voient leur dynamisme économique, démographie et technologique décliner.

 

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Ainsi selon le discours écologiste, ce serait l’Occident de mettre un frein à son développement alors que le dynamisme du capitalisme mondial est désormais en Asie. Aussi absurde que de demander à un coureur du Tour de France de lever le pied pour ralentir la cadence de la course, alors que ledit cycliste n’est plus dans le groupe de tête depuis plusieurs kilomètres, mais désormais empêtré dans le peloton.

Mais alors que l’Europe s’apprête à produire « moins », l’Asie cherche à alléger son impact sur la planète en misant sur l’innovation et en produisant « mieux ».

Non seulement l’Europe et les États-Unis sont à la peine dans la compétition mondiale, mais en plus les nouveaux challengers asiatiques ont opté pour la solution inverse à celles proposées par les thuriféraires de la décroissance : la Chine, championne du monde des brevets, mise sur l’innovation technologique pour alimenter son développement. Le pays n’est pas hermétique à la question écologique, au contraire, elle est au cœur de sa nouvelle politique industrielle. Mais alors que l’Europe s’apprête à produire « moins », l’Asie cherche à alléger son impact sur la planète en misant sur l’innovation et en produisant « mieux ».

 

Alors que l’Asie, et en particulier la Chine, est devenue le nouveau chef d’orchestre de l’économie mondiale, les bonnes âmes vertes trouvent pertinent de prêcher leurs bonnes paroles ici, auprès d’industries et de modèles de développements souvent plus propres que le reste de la planète, en proposant tout simplement de s’aborder notre puissance.

 

Moins de croissance, c’est moins de puissance

 

Dans la guerre économique qui se joue entre les nations, la croissance est le carburant qui doit alimenter l’innovation technologique. En optant pour une forme de décroissance, qu’elle soit radicale en interdisant les vols intérieurs d’avion, ou même latente en obstruant le progrès technique et en affaiblissant nos entreprises dans la mondialisation, nous risquons de sacrifier la puissance industrielle léguée par nos ancêtres européens sur l’autel de la bonne conscience verte.

 

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Dans l’Histoire, une civilisation faible économiquement, c’est à terme, une civilisation faible politiquement et une future proie pour les nations plus performantes. Aucune société n’a pu échapper à cette implacable logique. L’Europe n’a donc pas besoin de décroissance, elle n’a pas besoin de ralentir son développement : elle a besoin de « surcroissance », elle doit renouer avec l’ambition technologique et l’esprit de conquête qui a présidé son histoire, des caravelles de 1492 à Apollo 11. La culture européenne, en particulier à partir de la Renaissance, a toujours accordé une place particulière au génie humain et à la science comme socle de progression de la société tout entière.

Alors que les décroissants annoncent la fin du monde, ils pourraient bien précipiter la fin de notre monde, celui d’une Europe puissante, capable de défendre son mode de vie.

Or, le discours écologiste, technophobe et apeuré par le futur risque de miner puissance européenne en sabotant son économie et en faisant abandonner aux Européens leur tradition d’audace et de conquête. Nos grands-parents rêvaient de conquête spatiale, les millenials rêvent de taxe carbone. Alors que les décroissants annoncent la fin du monde, ils pourraient bien précipiter la fin de notre monde, celui d’une Europe puissante, capable de défendre son mode de vie. Une menace que les Européens s’infligent eux-mêmes.

 

L’Europe contre elle-même

 

Une fois n’est pas coutume, l’Europe puise en elle-même les outils de son affaiblissement. Bien sûr, des puissances étrangères, comme la Chine et les États-Unis, peuvent être tentées d’utiliser le discours écologiste comme un levier pour affaiblir leur concurrent. Mais le discours écologiste et décroissant est bien souvent né en Europe et porté par des industriels du capitalisme vert soucieux de faire grossir leur marge en profitant des peurs populaires et de la démagogie politique.

Une fois n’est pas coutume, l’Europe puise en elle-même les outils de son affaiblissement.

On sait désormais que la nouvelle porte-parole de l’écologie et de l’urgence climatique Greta Thunberg a largement bénéficié du soutien de certains think thank et de fondations privées pour accéder aux médias et être propulsée au rang d’icône mondiale. Une jeune suédoise qui sert malgré elle de porte-étendard à certains milieux d’affaires et certaines industries. Une action qui n’a rien d’exceptionnelle dans l’univers économique, certains acteurs n’hésitant pas à élargir leur marché potentiel en créant une nouvelle demande. Ici, le discours anxiogène porté par la jeune militante et ses soutiens doit permettre à moyen terme à certains acteurs, par exemple issu des énergies renouvelables, d’accroître leur attractivité auprès des pouvoirs publics européens, leurs principaux clients. Idem pour le mouvement écologiste radical « Extinction Rebellion », particulièrement populaire outre-Manche, et qui commence à s’implanter en France malgré ses liens désormais établis avec des groupes d’influences proches des industries du développement durable.

 

Lire aussi : Le miel : une bataille écologique et économique avec la Chine

 

La protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique ne doivent pas servir de frein à notre développement. C’est au contraire un formidable défi qui doit permettre aux peuples européens de prendre conscience que la « sortie de l’Histoire » n’a pas eu lieu et que plus que jamais, c’est retrouvant un dynamisme économique et scientifique que nous serons à même de pouvoir défendre nos valeurs et notre mode de vie face aux autres civilisations, tout en préservant la planète.

 

Robin Padilla

 

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