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Écosse : la guerre entre féministes et trans est déclarée

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Publié le

9 mars 2023

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Chez les indépendantistes écossais, la bataille entre féministes et transgenres fait rage depuis quelques mois, au point que la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a dû démissionner.
Sturgeon

Le Scottish National Party (SNP) est plongé dans de graves divisions depuis la démission de leur leader, la Première ministre Nicola Sturgeon, le 17 février dernier. En place depuis huit ans, elle a annoncé son départ avec une grande émotion. En prétextant l’épuisement, Nicola Sturgeon omettait pourtant de mentionner le motif principal de sa démission : la douloureuse controverse sur le genre du violeur Isla Bryson et sur la loi sur le changement de sexe.

Isla Bryson : homme ou femme ?

Le scandale a éclaté fin janvier 2023, lorsqu’Isla Bryson, une femme transgenre autrefois connue sous le nom d’Adam Graham, était condamnée pour le viol de deux femmes. Il s’agissait de la première femme transgenre (du moins inscrite comme telle à l’état civil) condamnée pour viol par un tribunal écossais. Problème, la loi écossaise ne peut incriminer que des hommes pour viol, du moins pour l’instant. La police écossaise a donc déclaré qu’Isla Bryson était accusée et condamnée en tant qu’homme et non en tant que femme.

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La controverse était inévitable : pouvait-on transférer Mme Bryson dans une prison pour femmes, alors qu’elle était condamnée en tant qu’homme ? Nicola Sturgeon, partisane de la cause transidentitaire, s’est retrouvée coincée lorsqu’interrogée sur le genre d’Isla Bryson. La reconnaître comme homme revenait à nier sa transition de genre. La considérer comme femme revenait à contredire le droit et le juge. Après plusieurs jours de débats au Parlement écossais, initiés par le leader conservateur Douglas Ross, Nicola Sturgeon a été obligée de trancher en reconnaissant, non sans une certaine gêne, qu’Isla Bryson était bien un homme.

Bien qu’elle l’ait nié, ce cas remet en cause le texte autorisant le changement de genre à l’état civil voté par le Parlement écossais en 2014, et le principe même de la reconnaissance d’une personne trans comme étant véritablement du sexe opposé une fois qu’elle a reçu son « certificat de reconnaissance de genre ». Un retour à la réalité qui a coûté sa place à Nicola Sturgeon.

Le « progrès » de trop ?

Il faut dire que cette controverse était malvenue, après le blocage du Gender Recognition Bill par le gouvernement de Westminster à la mi-janvier, alors que voté par le SNP en décembre 2022. Ce projet prévoyait l’autorisation de la transition de genre à tous les Écossais âgés de 16 ans et plus, par la simple signature d’une déclaration statutaire, suspendant l’obligation de faire un diagnostic médical pour que soit reconnue une « dysphorie de genre ».

Dans son premier discours de campagne pour prendre la succession de Sturgeon, la candidate Ash Regan a déclaré que « les droits des femmes ne seraient jamais compromis avec moi », s’opposant ainsi directement aux activistes trans

Mais au-delà de la défaite juridique, ce sont surtout les divisions internes au parti, jusqu’au sein du gouvernement, qui ont fragilisé l’ancienne Première ministre. Le projet de loi n’a pas fait l’unanimité au sein du SNP (sept oppositions et deux abstentions) et a provoqué la démission en octobre de la ministre Ash Regan, connue pour être une fervente féministe. Dans son premier discours de campagne pour prendre la succession de Sturgeon, la candidate a déclaré que « les droits des femmes ne seraient jamais compromis avec moi », s’opposant ainsi directement aux activistes trans. Aussi, 3 000 membres du SNP ont signé une pétition initiée par plusieurs députés pour s’opposer au texte, dont Kate Forbes, secrétaire aux Finances et favorite pour succéder à Sturgeon.

La tâche du prochain leader du SNP, dont l’élection se tiendra le 27 mars, ne sera pas simple. La division du parti entre féministes et activistes trans est béante, et il sera difficile de passer ce sujet sous silence à cause de l’activisme des lobbies trans. Dans tous les cas, il ne suffira plus d’affirmer que ceux qui s’opposent à un texte pour faciliter la transition de genre sont « transphobes, profondément misogynes, souvent homophobes et possiblement racistes pour certains d’entre eux », comme l’avait si gratuitement fait madame Sturgeon.

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