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Dom Duarte de Bragance : “La République est très démocratique, mais a déjà mis le pays en banqueroute par deux fois !”

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Publié le

28 janvier 2019

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Dom Duarte de Bragance est le prétendant légitime au trône du Portugal. Il confie à L’Incorrect sa vision de la monarchie, de la géopolitique et de la Chrétienté.

 

Monseigneur, vous êtes depuis 1976 le chef de la maison royale de Bragance, de facto prétendant à la couronne du Portugal. Qu’est-ce que ce rôle signifie et implique-t-il ?

C’est une responsabilité historique héritée de nos ancêtres et que nous devrons transmettre à nos descendants. Nos enfants  ont compris que durant leur vie, ils devront toujours se souvenir de cette responsabilité. Nous avons l´obligation de donner le bon exemple et d´être au service du peuple portugais, tout en menant une vie professionnelle normale.

 

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Quel regard portez-vous sur l’Histoire contemporaine de votre pays, en particulier sur la dictature de Salazar ?

Si le cours normal de notre monarchie n’avait pas été interrompu par un coup militaire en 1910, nous aurions gardé notre régime démocratique, très  moderne pour l’époque, et une situation économique viable. Le coup d’état militaire républicain a provoqué une grande instabilité politique et finalement a ouvert le pays à la dictature dès 1926.

La première république a été très radicale et instable. Lorsque celle-ci s’est terminée, la deuxième république qui lui a succédé, a été prospère et pacifique, en dépit des mouvements d`indépendance dans les territoires d`outre-mer que nous avons dû combattre. Pas moins trois mouvements armés à partir de 1961.

 

Les Portugais gardent une excellente mémoire de la monarchie, malgré toutes les campagnes de dénigrements qui ont eu lieu contre elle après 1910.

 

Nous avions pratiquement gagné cette guerre, mais le coup d’état militaire de 1974 a décidé de donner le pouvoir à ces mouvements sans aucune consultation populaire légale. Finalement c´est l`Union Soviétique qui a été le vainqueur de ce conflit…Malheureusement la deuxième république, dirigée par le Professeur Salazar, a été incapable d’établir un régime démocratique normal. L’actuelle troisième république est très démocratique, mais a déjà mis le pays en banqueroute par deux fois !

 

Les derniers sondages montrent l’intérêt des portugais pour l’idée monarchique. Comment expliquer la persistance de l’idée monarchique au Portugal ?

Si 60% des Portugais ne sont pas en faveur d’une monarchie démocratique, c’est surtout en raison de nombreux préjugés. Mais 70% environ souhaitent que la République portugaise reconnaissent officiellement un statut à la Famille Royale. Je crois que les Portugais gardent une excellente mémoire de la monarchie, malgré toutes les campagnes de dénigrements qui ont eu lieu contre elle après 1910.

 

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L’association « Causa Real » a introduit une pétition à l’assemblée nationale demandant que le gouvernement vous octroie un statut à l’instar des autres chefs de maisons royales d’Europe de l’Est. Que pensez-vous de cette initiative ?

Cela correspondrait aux sentiments actuels d’une majorité de Portugais, mais pour le moment le parlement a des difficultés à voter une telle loi. D`ailleurs la constitution interdit  «l’altération de la forme républicaine de gouvernement », ce qui n`est pas très démocratique.…

 

Quels sont vos rapports aujourd’hui avec les différents mouvements monarchistes du Portugal, et les instances de la République ?

Les relations que j’entretiens avec les associations royalistes regroupées sous le nom de « Causa Real » sont très bonnes comme avec le «Parti populaire monarchique» qui a obtenu des élus lors de différentes élections municipales. J`ai également d´excellentes relations avec le président de la République Marcelo Rebelo De Sousa, qui remplit d’une façon exemplaire sa fonction de Chef d’Etat. Mes relations sont aussi très amicales avec le Premier ministre et la plupart des maires, y compris ceux du parti communiste.

 

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Je visite environ une cinquantaine de villes par an, à l`invitation de leurs maires, et beaucoup d’autres institutions d’utilité publique. Je me rends également et très régulièrement dans les pays de langue portugaise où je suis reçu très chaleureusement. Par exemple le Parlement de Timor-Leste m’a octroyé, avec un vote unanime, la nationalité timoraise. J’en ai été très honoré ! Je voyage d’ailleurs souvent  avec un passeport  diplomatique Timorais.

 

Vous êtes père de deux garçons et une fille qui assurent l’avenir de la maison royale de Bragance. Récemment vos deux fils ont fait le « buzz » avec une photo prise sous une plaque « Avenue des Portugais » à Paris. Qui sont le duc de Beira et le duc de Porto qui portent actuellement les espoirs de la jeunesse portugaise ?

Afonso est le Prince de Beira, il étudie les sciences politiques et les relations internationales à l`Université Catholique de Lisbonne. Il est passionné de nature, d’environnement et partisan d’une pêche et une chasse responsables. D’ailleurs, il défend les chasseurs, qui sont des personnes très motivées en ce qui concerne la défense de l’environnement. Il a collaboré à plusieurs initiatives solidaires, comme le REFOOD ou s’est impliqué en faveur des institutions gérant des enfants ayant des problèmes mentaux. Cette année, il passera ses d’ailleurs vacances dans un ancien territoire portugais, São Tomé e Príncipe, et en coopération avec un évêque local.

 

 

Maria Francisca, qui vient d’être nommée duchesse de Coimbra, termine aussi son cursus en communication « Liberal arts ». Elle a un esprit très créatif et, comme ses frères, est très impliquée dans diverses associations solidaires. L’été dernier, elle a passé ses vacances en Guinée Bissau, collaborant avec une œuvre catholique au cœur de la savane.

Dinis a passé son bac cette année et veut continuer ses études dans une université anglaise. Il aime beaucoup passer ses vacances avec nos cousins en France, en Belgique et au Luxembourg. Lors de ses études secondaires, il a organisé diverses activités culturelles pour une association d’étudiants et a participé à des initiatives plus solidaires.

 

Quels sont vos rapports avec le comte de Paris, Henri d’Orléans, et le duc d‘Anjou, Louis de Bourbon ? Quel regard portez-vous sur la querelle dynastique qui agite et divise les monarchistes français ?

Il me paraît évident que du point de vue de la loi dynastique française la question est très claire. D’ailleurs le comte de Paris est reconnu par tous comme chef de la Maison royale de France. Le prince Jean est aussi reconnu comme héritier de la Maison royale par toutes les familles royales européennes. L`origine du conflit dynastique actuel vient, à mon avis, du fait que beaucoup de royalistes français n’aimaient pas du tout mon oncle Henri.

 

 

Son petit-fils Jean, est une personne à la moralité indiscutable, avec des opinions sur des sujets culturels et sur la politique tout à fait intéressants. Il n’hésite pas à collaborer avec des organisations royalistes françaises, en dépit du fait que lui aussi doit exercer une activité professionnelle. Ceci dit j`ai beaucoup de sympathie personnelle  pour le prince  Luis Alfonso de Bourbon, que j’aimerais mieux connaître.

 

Quels souvenirs les Portugais ont-ils de la dernière reine du Portugal, Amélie d’Orléans, fille du comte de Paris, Philippe d’Orléans ?

La Reine Amélie était extrêmement populaire et a fait beaucoup de bien au pays. Certains milieux politiques ont malheureusement passé du temps à la calomnier et la persécuter en raison de sa foi et de son attachement à la religion catholique. Elle était ma marraine de baptême.

 

Quelle vision avez-vous de la construction européenne alors que son idée est de plus en plus contestée, et que les mouvements eurosceptiques gagnent du terrain ?

Je crains que cette idée et généreuse qu’a été la construction européenne soit en train de s’effriter au profit d’intérêts économiques peu clairs ou, pis encore, de déviations idéologiques très dangereuses. J’admirais beaucoup mon oncle, l’archiduc Otto, un des fondateurs  du mouvement pour l’unité des européens, avec lequel j’étais en accord.

 

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Selon le livre « Europe », du Pape Benoit XVI, l`Europe est le fruit de la logique grecque, de l`organisation romaine et la spiritualité judéo-chrétienne. Si cette dernière racine est coupée, comme semblent le vouloir beaucoup d’hommes politiques, l`Europe, telle que nous la connaissons, n`aura pas de futur, et ses valeurs spirituelles et culturelles seront remplacées par d´autres valeurs. Mes amis musulmans m’expliquent que l’Europe n’est plus chrétienne, et, pour cette raison, selon eux l’islam pourrait être une acquisition spirituelle intéressante pour les européens…J`aimerais demander à nos politiciens athées ce qu’ils pensent de cela.

 

Le XXIème siècle connaît d’importants et profonds bouleversements géopolitiques. Les institutions Européenne portent-elles une lourde responsabilité dans des évènements tragiques. sont-elles synonymes de déstabilisation ?

Il me parait assez clair que beaucoup d`évènements récents qui ont éclaté dans monde arabe, ont été déclenchés par des pays étrangers. Les situations chaotiques qui se sont produites après la disparition de leurs régimes ont été très néfastes pour leurs populations mais aussi pour l`Europe. Les migrations incontrôlées des populations qui cherchent un endroit pacifique et économiquement stable pour vivre nous posent un grave problème moral. Mais notre esprit de charité chrétienne doit obéir aussi aux lois de la logique, et la solution pour ces peuples passe d’abord par les aider dans leur pays. Si l`Europe continue d’accepter de recevoir toute la misère du monde, elle finira par devenir semblable aux pays d’où les réfugiés et migrants se sont enfuis.

Les évêques chrétiens du Proche-Orient insistent beaucoup sur le fait qu’il faille aider les gens dans leurs pays et ne pas encourager leur fuite. Je maintiens des contacts fréquents avec le Proche-Orient, je connais la situation. Je crois que, par exemple, le boycott économique contre la Syrie est des plus négatifs pour la population comme pour les intérêts de la sécurité européenne.

 

Lettre à France

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Publiée par L'Incorrect sur Mardi 15 janvier 2019

 

En ce qui concerne la Russie, ce pays est aujourd´hui un défenseur des chrétiens du Proche-Orient et comme disait le Pape Saint Jean XXIII. L’église orthodoxe et l`église catholique sont les deux poumons de la chrétienté.

Je viens de rencontrer le Patriarche Kiril de Moscou et de toutes les Russies, qui est une personnalité exceptionnelle. J`ai beaucoup d`admiration pour l`église orthodoxe russe et celles des autres pays de la région qui ont tellement souffert de la persécution. À la chute du communisme, dans la région de Moscou il y avait seulement 40 églises qui avaient survécu pour une population de quinze millions d`habitants.

Actuellement existent milles deux cents églises ouvertes au service religieux ! Je crois que la rénovation du christianisme viendra de la Russie, et de l`Afrique. Certains  pays asiatiques ont aussi une foi très vivante.  Aux États Unis et aux Amériques en général, les chrétiens  n’ont pas de complexes pour affirmer leur foi, même de la part de leurs dirigeants politiques, ce qui est un excellent exemple pour notre époque.

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