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Génocide chrétien au Nigeria : le sultan de Sokoto sous le feu des critiques

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Publié le

10 janvier 2020

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 «Les chrétiens du Nigeria ne sont pas persécutés ! ». A la tête du Conseil suprême nigérian des affaires islamiques, le puissant et influent sultan de Sokoto, Alhaji Muhammadu Sa’ad Abubakar III (ou IV), a provoqué une polémique après l’exécution le jour de Noël de onze personnes pour leur foi chrétienne présumée par le groupe « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique» (ISWAP). Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où 40% de la population est chrétienne, la remarque du monarque n’est pas passée inaperçue et a soulevé une vague d’indignations.

 

 

Cette remaque prononcée au cours d’un discours devant les étudiants de l’université n’a laissé personne indifférent, surtout pas les médias. Pis note le journal « Punch », cette haute entité musulmane a pointé les « bergers Haoussas-fulanis, des athées (…) » comme étant les auteurs de ces assassinats et a appelé les adeptes du Coran à ne pas céder aux « fausses informations » distillées par les américains et leurs amis de l’Association des chrétiens du Nigeria (CAN). Un monarque qui avait pourtant reçu il y a 4 ans en grandes pompes John Kerry et qui avait écouté le secrétaire d’état américain prononcer un discours sur… la tolérance religieuse.

Âgé de 63 ans, le sultan Abubakar III est le descendant d’Usman Dan Fodio. Au cours du XIXème siècle, ce peul musulman lance un saint djihad contre les rois Haoussas dont il annexe un à un les royaumes. En 1817, il se proclame commandeur des croyants et établit un empire indépendant qui va s’étaler du nord du Nigeria au nord du Cameroun. A chaque province, un émir autonome et autant d’ambitions personnelles.

Le souvenir des razzias hante encore les chrétiens qui fuient aujourd’hui par milliers leurs terres.

Victime de ses divisions internes, l’empire va finir par s’effriter. En 1897, profitant de ses faiblesses, les britanniques hissent l’Union Jack et mettent à terre le drapeau mahométan. La course à la colonisation de l’Afrique est lancée ;   une frontière virtuelle va se mettre en place entre le nord largement musulman (50%) et le sud chrétien dont les habitants sont enlevés par les soldats de l’empire et réduits en esclavage. Le souvenir des razzias hante encore les chrétiens qui fuient aujourd’hui par milliers leurs terres. Dans le plus grand silence des médias, plus de 4000 chrétiens ont été passés au fil du cimeterre au cours de l’année 2018.

Dans la foulée du discours du sultan de Sokoto, son alter-égo, le sultan Muhammad Sanussi II de Kano a renchéri en affirmant que le conflit en cours était plus « sociétal que religieux ». Il oublie au passage que la partie du pays sur laquelle les deux monarques règnent est en proie à une insurrection islamique avec Boko Haram, qui a fait allégeance à Daesh.

 

Lire aussi : Centrafrique : le retour d’un Bokassa

 

Ancien ministre de l’Aviation, Femi Fani-Kayode a tiré à boulets rouges sur le sultan de Sokoto qui n’en est pas sa première controverse. Auteur d’essais et de recueils de poèmes, celui qui a été aussi conseiller à la présidence a pris la plume pour répondre au monarque : « En ce qui concerne Votre Majesté, vous vous trompez. Dire que les chrétiens sont persécutés au Nigeria est en fait un euphémisme. Ils ne sont pas seulement persécutés, ils sont massacrés ». La Nigerian Christian Graduate Fellowship (NCGF) n’a pas hésité à surenchérir et faire entendre sa voix dans ce concert de critiques. « Son Eminence ose-t-elle affirmer qu’il n’existe aucune intolérance religieuse au Nigeria ? Si telle est sa position, nous affirmons alors que le Sultan est complice  des exactions commises contre les chrétiens» a déclaré le secrétaire de cette association qui se revendique non-confessionnelle.

Dire que les chrétiens sont persécutés au Nigeria est un euphémisme. Ils ne sont pas seulement persécutés, ils sont massacrés.

Avant d’ajouter : « Nous rappelons à Son Éminence que son conseil n’a jamais, à notre connaissance, condamné ces actes meurtriers, même les plus récents dans l’État de Yobe et Chibok, dans l’État de Borno où Boko Haram a attaqué des communautés chrétiennes la veille de Noël ». Le président de la CAN, le Révérend Samson Ayokunle, s’est dit déçu par les déclarations de ce souverain traditionnel. Il a pour sa part évoqué un génocide en cours et s’est même demandé si le sultan ne se faisait pas l’écho du gouvernement fédéral incapable de stopper les raids de l’ISWAP, branche sécessionniste du mouvement salafiste Boko Haram. Un gouvernement qui suspecte pourtant lui-même le sultan de vouloir récupérer ses regalia en fédérant les musulmans autour de la mémoire et de l’héritage de Dan Fodio, considéré comme un saint par les peuls.

 

Lire aussi : Le Hirak dans l’impasse 

 

Le président Muhammadu Buhari a tenté d’apaiser les passions dans une déclaration publique, affirmant qu’il était « profondément attristé et choqué par la mort de ces otages innocents entre les mains de gangs impitoyables, impies et meurtriers de masse qui contribuent de donner à l’islam une mauvaise réputation à travers leurs atrocités ». Avant de conclure : « Nous ne devons en aucun cas laisser les terroristes nous diviser en tournant les chrétiens contre les musulmans parce que ces tueurs barbares ne représentent pas l’islam ni des millions d’autres musulmans respectueux des lois à travers le monde ». Le sultan de Sokoto, qui jusqu’ici a toujours affirmé qu’il était un protecteur naturel des chrétiens dans son royaume, n’a pas souhaité revenir sur ses déclarations.

 

 

Frederic de Natal

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