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« Génération 68 » ! Une expression assommante qui nous poursuit depuis 50 ans. Les « maos », les « anars », les Glucksmann, Goupil et autre Dany le Rouge : tant de mythes incapacitants. Hier, transgressifs. Aujourd’hui, « libéraux-libertaires » installés dans la société du spectacle que fustigeait Guy Debord, rentrés dans le rang ! Ceux qui apparaissaient comme des rebelles en guerre contre l’ordre bourgeois, en sont désormais les derniers défenseurs. La « génération 68 » a été hédoniste, car l’époque l’était. On croyait en l’avènement d’une paix perpétuelle, en un nouveau monde débarrassé des scories de l’ancien. Et si on déconstruisait les déconstructeurs ?
La génération 68 ? Nous avons accepté la libération de la bêtise, ce moment où la vérité est devenue ré- actionnaire et le bon sens fasciste, où l’on trouvait de l’absolu dans un graffiti « je suis con »; nous accepterons le devenir cyborg. Nous accepterons tous les devenirs et on finira vraiment par devenir immortels. Tout a l’air de contenir autant de menaces et de promesses. Et certains ont l’air de préférer le spleen et la révolution à l’ordinaire.
Certains ? Les nihilistes de mauvaise foi, les peureux, moi, vous. Ils aiment se raconter des histoires, au point de trouver l’esprit de leurs ennemis plus intéressant que le leur. Il faut visiblement garder un peu de honte ; un cosmopolitisme coupable mâtiné d’échec et de mal de vivre. Baisser la tête sera toujours un bel accessoire de mode, tendance 1789, celle du couperet (collection croisière).
Il faut visiblement garder un peu de honte ; un cosmopolitisme coupable mâtiné d’échec et de mal de vivre.
La conscience du perdant est mise en lumière. Si rien ne vaut la peine d’être vécu, défendons les bébés pandas, montrons nos seins, prenons des substituts, allons rouler des pelles à n’importe qui sur la musique de notre jeunesse. L’essentiel est de perdre, et de pouvoir en parler entre perdants. L’échec et la cause perdue semblent beaucoup plus distingués dans une ère d’aisance. Nous avons les vices de la prospérité.
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Certains pensent que nous vivons dans la pire des civilisations, que c’est une pure abomination, que tout ira de plus en plus mal. Tant mieux, nous vivons donc un moment historique. La société nous ferait aller contre-nature ? Encore le mythe du bon sauvage, la morale de ce brave Rousseau ? Les nuisances extérieures nous rendraient impuissants ? Ce sera toujours la faute à la société. Si la fête ne vous plaît pas, vous pouvez toujours la quitter. Les femmes aussi se sont mises à pleurer sur l’injustice et le tiers-monde pour faire passer secrètement la culpabilité d’achat d’une paire de Pierre Hardy. Pourquoi ne simplement pas jouir ? On a voulu se battre pour travailler (lol) et on a découvert les lois de la jungle. On a prôné la pédagogie du laisser-faire, de l’épanouissement, de la suppression des contraintes, on a tapé sur la société qui nous contraint à des goûts sexuels déterminés.
Les femmes aussi se sont mises à pleurer sur l’injustice et le tiers-monde pour faire passer secrètement la culpabilité d’achat d’une paire de Pierre Hardy. Pourquoi ne simplement pas jouir ?
Main dans la main, nous avons créé une société de cré- tins. Mais ce n’est pas si grave. Même les crétins des médias finissent par nous faire rire. Et, le séjour reste confortable et intéressant pour celui qui voit et sait compter sur lui-même. Edgar Morin disait déjà, dans son Journal de Californie: « Ce qui m’inquiète, ce n’est pas la menace écologique, c’est la menace intérieure. »
La passion de la destruction est un plaisir de raffinés et d’oisifs. Le monde a l’air de marcher sur la tête quand on peut manger des huîtres à Paris à 15 heures. Le travailleur, lui, n’a pas le temps de songer à l’Apocalypse. Au lieu de montrer sa propre incompétence à vivre, jouir, devenir – il tapera sur l’autre ou le global : je ne peux pas parce que le monde est pourri, et que tu es égoïste…
On se branle sur les gender studies, les queers, les black panthers (encore ?), la Palestine, la bande à Baader. On aime les opprimés. Et on déserte souvent son propre monde.
L’inculte moral et pauvre en vie saura se plaindre et injurier avec les mots justes, il vengera gentiment son malaise et son manque d’être. Alors que seule la joie peut nous relier aux autres, à l’art, à Dieu. Depuis que le religieux a été remplacé par du social, nous avons perdu les valeurs suprêmes pour du vide – que nous devons combler. Nous vivons la suite logique du développement de la civilisation du XIXe.
On se branle sur les gender studies, les queers, les black panthers (encore ?), la Palestine, la bande à Baader. On aime les opprimés. Et on déserte souvent son propre monde. On préfère la littérature à la vie, même si on ne lit plus tellement de livres. Vivons la passion de faire, la prospérité, la cybernétique. Construisons. Ayons confiance. Nous réinventerons des choses.
On ne montre jamais réellement la vérité. Arrêtons de vouloir tout pimper et délivrons-nous tout simplement, mais ailleurs que sur le cloud. Le monde « no borders » n’appartient qu’aux puissants. La France a besoin de faire fructifier ses acquis, de gens qui se lèvent tôt pour mener le combat. Quand la France des robots aura réussi à faire de nous des immortels – Ubermensch, nous serons les égaux des dieux et pourrons tous nous plaindre à l’infini.
« Qui a ouvert l’égout périra par l’égout », disait Montherlant dans Le Treizième César. Ou alors mourons avec Arielle Dombasle, « quitte à mourir autant être belle, quitte à mourir autant que ce soit en Saint-Laurent. »
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